BLOCAGE - À moins d'un mois de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les discussions de la dernière heure butent sur plusieurs sujets-clé. La perspective d'un "no deal" n'a jamais été aussi proche.
C'est bien connu : c'est à la fin d'une négociation que les choses se débloquent. Pourtant, à Londres, l'heure tourne, et si les deux équipes de négociateurs du Royaume-Uni et de l'UE disent chacun de leur côté être "à quelques millimètres d'un accord", rien ne dit qu'il se matérialise au final, tant pour des questions qui tiennent au fond de l'accord qu'à la forme de future relation.
Des négociations qui, sur certaines questions précises, montrent aussi des failles entre certains des 27. Ce vendredi, Clément Beaune, le secrétaire d'État aux Affaires européennes, rappelait que la France aussi avait ses limites. "S'il y avait un accord qui n'était pas bon (...) nous nous y opposerions", par un veto, dont chaque pays de l'UE dispose d'ailleurs. Ce coup de pression sur les négociations traduit l'inquiétude croissante de Paris de voir l'UE accorder trop de concessions aux Britanniques. Une inquiétude partagée à Rome, Madrid, Bruxelles et Copenhague. "Nous ne voulons pas nous enfermer dans une relation déséquilibrée pour les décennies à venir", explique un diplomate européen.
De son côté, Londres contre-attaque, accusant les négociateurs de l'UE d'avoir mis sur la table de nouvelles demandes, ce que Bruxelles dément. Sans accord pour régir leur relation au 1er janvier, le Royaume-Uni et l'UE échangeront selon les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, faisant courir le risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie de coronavirus. Un choc qui toucherait tant la Grande-Bretagne que ses partenaires commerciaux dans l'UE.
Pêche, automobile, alimentation : je te tiens, tu me tiens...
Les exemples sont nombreux, et certains sont bloquants. C'est le cas de la pêche, dossier explosif, mais plus politiquement qu'en termes économiques. Des deux côtés de la Manche, les pêcheurs veulent conserver l'accès ouvert aux eaux territoriales qu'ils ont aujourd'hui. Certes, l'activité ne représente qu'une part négligeable de l'économie des 27 et du Royaume-Uni, puisque les Européens pêchent chaque année pour 635 millions d'euros dans les eaux britanniques et les Britanniques pour 110 millions d'euros dans l'UE, mais Londres garde la question ouverte, utilisant ce déséquilibre comme levier de négociations sur d'autres chapitres de l'accord.
Le jeu du "Je te tiens, tu me tiens" est aussi visible au chapitre automobile, une industrie qui représente 10% des exportations du pays, et près du double des importations, trois millions de véhicules neufs passant la frontière chaque année. Sortir de l'UE sans accord de libre-échange serait une fort mauvaise nouvelle pour les constructeurs européens, et une catastrophe pour l'industrie britannique. Toyota, dont la plus grande usine européenne se trouve en Angleterre, songerait à la fermer en cas de Brexit sans accord, les droits de douane potentiels sur les échanges avec ses équipementiers et l'exportation de ses véhicules tenant en eux-mêmes du no deal.
Mais d'autres sujets plus profonds, sur la nature même de la relation post-Brexit, font obstacle à un accord. Si l'UE se dit prête à commercer avec Londres sans droits de douanes ni quotas, ce qui en soit serait une première pour un pays hors-UE. Mais Bruxelles refuse de voir se développer à sa porte une économie dérégulée, qui la concurrencerait de manière déloyale. Pas question, par exemple, de voir le Royaume-Uni s'autoriser à polluer un peu plus, quand les producteurs du continent devraient respecter des normes environnementales strictes. Mêmes lignes rouges sur le droit du travail ou la transparence fiscale, Bruxelles exigeant que les Britanniques s'engagent à ne pas réduire les normes négociées en commun jusque-là. Mais les discussions butent aussi sur la façon de résoudre des conflits éventuels.
Des négociations jusqu'après le Brexit
Difficile d'imaginer que tous ces sujets soient réglés en quelques heures, quelques jours tout au plus. Si l'urgence est réelle, c'est parce que tout accord éventuel devrait être validé par les 27, et donc traduit à temps pour être mis sur la table du sommet européen de la semaine prochaine. Surtout, les termes de l'accord auraient des conséquences pratiques immédiates pour tous les secteurs économiques concernés, à mettre en musique à temps pour le 31 décembre, une fenêtre de tir de plus en plus improbable au fur et à mesure qu'elle se réduit. À tel point que l'on évoque aujourd'hui des négociations qui se poursuivraient jusqu'après le 31 décembre.
"Quel que soit le résultat de nos négociations avec l'UE, il y a des changements certains auxquels les entreprises doivent se préparer dès maintenant", a déclaré Michael Gove, le ministre britannique chargé de coordonner l'action du gouvernement. À quatre semaines de l'échéance, "il n'y a pas de temps à perdre". Sans plus de précisions.
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