Brexit : un accord annoncé, mais encore des obstacles sur la route d'un traité définitif

par Cédric INGRAND
Publié le 24 décembre 2020 à 13h37, mis à jour le 24 décembre 2020 à 16h59
Les "unes" de la presse britannique, à quelques heures de l'annonce possible d'un accord sur le Brexit
Les "unes" de la presse britannique, à quelques heures de l'annonce possible d'un accord sur le Brexit

"MERRY BREXMAS" - Quelle que soit la teneur précise de l'accord annoncé aujourd'hui entre l'UE et le Royaume-Uni, la conclusion des négociations n'est pas encore la dernière étape d'un Brexit encadré. L'accord devra être validé, tant à Londres qu'à Bruxelles, et les concessions des deux côtés pourraient réveiller les résistances des tenants du "No Deal".

C’est la photo d’une pile de boîtes à pizza, publiée sur Twitter par un porte-parole de la présidence de l’UE, qui a presque servi de fumée blanche, après des semaines d’espoirs déçus et de "négociations de la dernière heure" à l’issue reportée de jour en jour. Pourtant, à l’heure qu’il est, les tractations autour des relations commerciales post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne semblent destinées à arriver à un accord. Mais, même passés les derniers points d’achoppement autour de la pêche et des conditions de concurrence équitable, reste encore plusieurs obstacles à cet accord qui éviterait le "No Deal".

Quel que soit le contenu précis des 500 pages du traité, le Premier ministre britannique Boris Johnson l'a évidemment annoncé comme un succès, lui qui aura réussi à "Get Brexit Done" avec un accord de dernière minute, qui pourrait éviter le cauchemar réglementaire et économique d’un "No Deal" dont la congestion des échanges trans-Manche des derniers jours faisait figure d’avant-goût. Pourtant, il restera encore à "BoJo" la lourde mission de vendre cet accord, tant à une population britannique - où rares sont ceux qui le liront de bout en bout - qu’à son propre parlement.

Contre l'accord, la fronde des "hard-Brexiteers" ?

Si, sur le papier au moins, la majorité conservatrice à Westminster ne devrait faire de la validation de l’accord qu’une simple formalité, ici aussi, le diable se cache dans les détails. La majorité des députés conservateurs devrait sans surprise suivre son Premier ministre, l’inconnue ici tient à ce que feront les "hard-Brexiteers" de l’ERG, ce "European Research Group" de la droite dure du Parti Conservateur, qui dit aujourd’hui vouloir examiner l’accord dans les détails avant de se prononcer, eux qui avaient dressé plusieurs "lignes rouges" sur la souveraineté retrouvée du Royaume-Uni, pas toujours réalistes.

Des députés qui représentent bien une partie de l’opinion qui avait fini par faire du "No Deal" leur cheval de bataille, comme pour couper les ponts pour de bon avec l’UE, soutenus en cela par certains tabloïds de la presse anglaise. Sur le site du Daily Mail, des commentaires par milliers accusent déjà Boris Johnson d’avoir "vendu le Royaume-Uni à Merkel et Macron". Ambiance.

À Bruxelles aussi, un accord à valider

Contre ses propres extrêmes, Boris Johnson pourrait néanmoins compter sur l’apport des voix des travaillistes, des députés du Labour qui depuis des mois plaident pour tout accord qui éviterait le précipice du "No Deal". Un équilibre des forces qui se fera jour très rapidement : le parlement britannique pourrait se réunir dans les 24 heures suivant la publication de l’accord, et devra le valider, ou pas, au début de l’année 2021. Mais il n’y a pas qu’à Londres qu’un accord éventuel pourrait trouver des obstacles sur sa route.

Brexit : Royaume Uni et UE proches d'un accordSource : TF1 Info

Du côté de l’UE aussi, le parlement aura aussi à se prononcer sur le texte, plusieurs députés européens disant aujourd’hui craindre d’avoir peu de temps pour étudier le texte dans le détail avant un vote éventuel. Enfin, la validation de l’accord reste conditionnée à un consensus à l’intérieur de l’UE. Un véto d’un des 27 suffirait à renvoyer les négociateurs à leurs nuits blanches et leurs boîtes à pizza. À condition même que les deux parties acceptent de se remettre à table après le 31 décembre.


Cédric INGRAND

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