ROYAUME-UNI - Les 27 ont accordé un ultime sursis aux Britanniques jeudi. Quelles possibilités s'offrent désormais à eux ? Y a-t-il une chance que les députés votent un accord ? Si non, quelles en seraient les conséquences ? LCI a interrogé la spécialiste du Brexit Elvire Fabry, chercheuse à l'Institut Jacques Delors.
Jeudi soir, les dirigeants européens ont décidé d'accorder au Royaume-Uni deux options pour un report du Brexit au-delà de la date limite initialement prévue du 29 mars. Selon cette offre, si les députés britanniques approuvent la semaine prochaine l'accord de divorce conclu en novembre avec l'Union européenne, la date du Brexit sera alors reportée jusqu'au 22 mai. En cas de nouveau rejet, Londres aura jusqu'au 12 avril pour décider d'organiser ou non des élections européennes, ce qui lui permettrait alors de demander un nouveau report dont la durée n'a pas été fixée.
Pour essayer d'y voir plus clair dans ces nouvelles négociations, et d'anticiper quels scénarios pourraient se jouer ces prochains mois, LCI a interrogé Elvire Fabry, chercheuse à l'Institut Jacques Delors, spécialiste du Brexit.
LCI : Pourquoi les parlementaires britanniques accepteraient-ils de voter un texte qu'ils ont déjà rejeté à plusieurs reprises ?
Elvire Fabry : En fait, le texte reste le même et ne devrait pas connaître d’amendements. Mais dans l’absolu, il permet toutes formes de négociations politiques, du simple accord économique à une option de maintien du Royaume-Uni très proche de l’Union européenne, l’option 'Norvège+'. En revanche, c’est la façon dont le jeu se resserre et le risque très concret d’une sortie du Royaume-Uni sans accord et donc une sortie chaotique dont personne ne veut qui devient de plus en plus pressant. Et là le fait que, jeudi au Conseil européen, les Européens ait voulu d’entrée de jeu écarter la possibilité d’une extension longue montre qu’ils veulent laisser tous les champs possibles aux Britanniques pour qu’ils puissent se déclarer, et qu’en même temps ils soient sérieux quand ils envisagent la possibilité d’un 'no deal'.
LCI : Est-ce que les 27 ont tendu un piège aux Britanniques, en leur proposant de revoter le même texte ?
Elvire Fabry : Non ça n’a rien d’un piège, c’est une ultime main tendue. Les Européens demandent ainsi aux Britanniques si c'est bien d'un 'no deal' dont ils veulent. C’est leur laisser encore la possibilité d’une alternative, une dernière possibilité de se mettre d’accord.
Nous ne voyons pas bien, entre le 29 mars et le 12 avril, ce qui pourrait permettre de dégager une option alternative au deal actuel."
Elvire Fabry
LCI : Selon vous, vers quel vote s'oriente le Parlement britannique la semaine prochaine ?
Elvire Fabry : C’est très difficile à ce stade, nous ne sommes pas très optimistes. Ce qui est intéressant dans la décision du Conseil, c’est la nouvelle date du 12 avril. Car si l’accord est rejeté la semaine prochaine, ça resserre le jeu entre le 'no deal' ou rester dans l’Union européenne. Vraisemblablement, on risque d’avoir un dernier sursaut avec un besoin de négociations côté britannique. Ça voudrait dire qu'il vaudrait mieux qu’ils clarifient encore les choses entre eux d’ici le 12 avril. Mais nous ne voyons pas bien, entre le 29 mars et le 12 avril, ce qui pourrait permettre de dégager une option alternative au deal actuel. Donc à ce moment-là ça serait davantage un 'no deal' ou un 'no Brexit'.
LCI : Que le Royaume-Uni choisisse de rester dans l'Union européenne, c'est encore possible ?
Elvire Fabry : Oui, si avant la fin de l’extension ils annulent l’application de l’article 50, censé enclencher la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne dans les deux ans, et qui devait prendre effet le 29 mars. Au-delà ça ne serait plus possible, ils seraient un pays tiers et ils seraient amenés à re-candidater pour appartenir à l’Union européenne.
LCI : Le 'no Brexit', c'est une tendance qui monte ? Une pétition en ligne réclamant le maintien du pays dans l'UE a reçu plus de 2,7 millions de signatures depuis mercredi.
Elvire Fabry : C’est très soudain, jusqu’à maintenant ce n’était pas dans l’air du temps. Le résultat de cette pétition a secoué un peu tout le monde car c’est un véritable record. Ça dit surtout quelque chose de la nervosité actuelle. Depuis des mois, tout le monde se dit que le 'no deal' ne peut pas arriver, mais là ils se rendent compte que ça pourrait bien arriver. C’est le reflet de cette prise de conscience qu’à un moment donné le processus peut leur échapper et le 'no deal' s’appliquer.
Le risque de bloquer les institutions européennes
LCI : Si les Britanniques décident d'organiser des élections européennes et de voter, que va-t-il se passer ?
Elvire Fabry : Le 12 avril, les Britanniques doivent dire si oui ou non ils participent aux élections européennes, et donc s'ils demandent une extension longue. Les 27 ne voulaient pas se retrouver dans la situation où le 30 juin, date demandée initialement par Theresa May, ils décidaient de ne pas participer aux élections européennes tout en restant dans l’UE. Ils auraient bloqué la machine institutionnelle des institutions européennes car le nouveau Parlement qui siégerait dès juillet ne pourrait plus voter sur le choix du nouveau président de la Commission européenne et ainsi de suite. Le 12 avril du coup, ils doivent se prononcer en décidant de participer aux élections européennes ou pas, et donc décident de demander une extension longue ou pas. S'ils décidaient de participer, cela serait toxique. Ca serait un facteur de distraction car ces élections n’auraient lieu que pour une période de transition très temporaire. Et les 27 ont le sentiment d’avoir déjà passé beaucoup trop de temps, d’énergie, d’argent à avoir essayé de gérer cette situation.
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