VOX POPULI - Le 13 mars dernier, la Première ministre écossaise a annoncé une nouvelle consultation sur l'indépendance avant le Brexit. Le Parlement régional devait se prononcer mercredi dernier, mais a dû suspendre sa séance à cause de l'attentat qui a touché Londres. Ce mardi 28 mars il a donné son autorisation. Il faut désormais celui de Theresa May.
A la veille du déclenchement du Brexit, le parlement régional d'Ecosse a voté mardi l'autorisation de la tenue d'un nouveau référendum pour l'indépendance. Après ce feu vert donné par 69 voix contre 59, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon doit désormais obtenir l'accord de Theresa May et du parlement de Westminster pour organiser cette seconde consultation après celle perdue par les indépendantistes en 2014.
Menace d'éclatement
Cette demande d'un nouveau référendum d'indépendance fait planer sur le Royaume-Uni une menace d'éclatement. Lors du référendum britannique sur la sortie de l'UE, l'Ecosse s'était prononcée majoritairement pour le maintien (à 64 %). D'où cette volonté de quitter le navire anglais, et ce nouveau projet de référendum, trois ans après celui de 2014.
Scotland deserves an informed choice on our future once the terms of Brexit are known. Read my speech here. #scotref https://t.co/42hq4RmgKs — Nicola Sturgeon (@NicolaSturgeon) 13 mars 2017
Et si, cette fois, le pays venait à décider de son indépendance, il ne serait, par contre, pas pour autant membre de l'UE. La Commission européenne a rappelé qu'était toujours valable la position de son ancien président Jose Manuel Barroso, qui avait établi avant le dernier référendum écossais de 2014 qu'une Ecosse indépendante devrait devrait faire acte de candidature si elle voulait rejoindre l'Union... "Oui, la doctrine Barroso s'applique, c'est clair", a répondu le porte-parole en chef de la Commission Margaritis Schinas lors d'un point de presse à Bruxelles, en référence à l'entrée de nouveaux Etats membres dans l'Union.
Vers un référendum fin 2018 ou début 2019
En 2014, dans le contexte précédent du référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, Jose Manuel Barroso avait déclaré : "Au cas où il y a un nouveau pays, un nouvel Etat, issu d'un Etat membre existant, il lui faudra poser candidature (...) Et sa candidature et l'accession à l'Union européenne devront être approuvées par tous les autres Etats membres de l'UE." Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, qui dirige le parti indépendantiste SNP, souhaite un référendum fin 2018 ou début 2019.
Conflit ouvert avec Theresa May
Une position qu'elle va d'ailleurs devoir défendre de vive voix avec la Première ministre britannique Theresa May qui, deux jours avant l'activation de l'article 50 du traité européen qui enclenche le divorce entre Londres et l'Union européenne et à la veille du passage du projet de référendum au Parlement régional écossais, était de passage à Édimbourg pour rencontrer son homologue et tenter de la convaincre que ce n'est "pas le bon moment" pour réclamer l'indépendance.
Le climat est donc pesant entre les deux pays. Comme l'illustraient les une de la presse il y a quelques jours. Ainsi, le très eurosceptique tabloïd Daily Mail dénonçait le cynisme de Nicola Sturgeon, titrant le 14 mars "Bas les pattes de notre Brexit, Nicola". Et le Scottish Daily Mail (pro-UK) parlait, lui, de "trahison" pour évoquer ce référendum sur l'indépenance écossaise.
Autant dire que l'autorisation de ce mardi ne devrait pas faire retomber les tensions outre-Manche.