A LA LOUPE - Le Parlement britannique a rejeté ce 8 janvier un amendement visant à inclure la participation du Royaume-Uni au programme Erasmus dans l'accord du Brexit. Cela va-il empêcher les étudiants français et européens de faire leurs études Outre-Manche dans le cadre de ce programme ? Une lecture exagérée de la situation.
Les étudiants français et européens vont-ils pouvoir continuer à partir en Angleterre avec l'aide du programme Erasmus ? Le Royaume-Uni va-t-il quitter ce dispositif - lui qui, aujourd'hui est la 2e destination préférée des étudiants français après l'Espagne ? Alors que le Parlement britannique planche depuis le début de la semaine sur les modalités du Brexit, fixé au 31 janvier, les députés se sont prononcés mercredi par 344 voix contre 254 contre la "New Clause 10". Cette clause aurait obligé le gouvernement à négocier avec l'Union européenne pour maintenir le pays dans le programme Erasmus+, un programme qui permet aux jeunes Européens de poursuivre leurs études dans d'autre pays de l'Union.
"Et ainsi, sans que personne ne le remarque, les députés GB viennent ce soir de retirer aux jeunes Britanniques le droit à Erasmus+, sans doute parce que c'est un "machin" européen de plus, s'est offusqué Alex Taylor dans un tweet. Mais quelle tristesse. Quelle fermeture d'esprit. Quelle honte ce Brexit, quelle connerie", a lâché le journaliste britannique, qui se décrit lui-même comme "résolument européen".
Et ainsi, sans que personne ne le remarque, les députés GB viennent ce soir de retirer aux jeunes britanniques le droit à Erasmus+, sans doute parce que c'est un "machin" européen de plus Mais quelle tristesse. Quelle fermeture d'esprit. Quelle honte ce Brexit, quelle connerie https://t.co/qsFofvvKz9 — Alex Taylor (@AlexTaylorNews) January 8, 2020
De nombreux élus européens, à l'image de Fabienne Keller et Sandro Gozi, se sont émus de cette décision. "Les députés britanniques ont voté contre la possibilité pour les jeunes de bénéficier du programme Erasmus+, pour l’éducation et la jeunesse, a réagi l'eurodéputée française. Une décision regrettable pour les milliers d’étudiants britanniques et européens, privés à l’avenir de ces échanges enrichissants."
Les députés britanniques ont voté contre la possibilité pour les jeunes de bénéficier du programme #Erasmus +, pour l’éducation et la jeunesse. Une décision regrettable pour les milliers d’étudiants britanniques et européens, privés à l’avenir de ces échanges enrichissants #Brexit https://t.co/pHkZgr1HB2 — Fabienne Keller (@fabienne_keller) January 9, 2020
L'italien qui fut candidat au Parlement européen de la liste française de la République en Marche (LREM) estime quant à lui que cela revient à "nier à tant de générations de jeunes une réalité extraordinaire : être libre d'étudier et d'être citoyen dans tout l'Europe".
J'ai fait partie des premiers étudiants #Erasmus avec @KedgeBS . Une première expérience internationale utile extraordinaire. Oui, @sandrogozi , le #Brexit a des conséquences terribles pour la jeunesse. #IChooseEurope 🇪🇺 https://t.co/QZhiXKNe5S — Philippe Poustis (@philippepoustis) January 10, 2020
La fin de l'auberge espagnole ?
Mais que va concrètement changer le rejet de cet amendement ? Le Royaume-Uni sort-il réellement des Etats membres de ce programme ?
Pas tout à fait. Si la clause avait été adoptée, les députés auraient inscrit dans la loi que la participation au programme Erasmus faisait partie des priorités des négociations du Brexit. Ils se seraient ainsi assurés que le programme Erasmus+ serait maintenu, après la période de transition, dans les termes existants. La clause imposait également qu'un membre du gouvernement rapporte aux deux chambres du Parlement l'avancée des discussions sur ce sujet avec l'Union Européenne dans les six mois.
La rejeter ne signifie pas pour autant que le Royaume-Uni ne fera plus partie de ce programme. "Nous restons ouvert à une participation (à Erasmus) et cela fera partie des futures négociations avec l'Union Européenne, a rassuré le ministre en charge des études supérieures, nous estimons grandement les échanges d'étudiants à l'international". Cette participation reste aujourd'hui "protégée par l'accord de retrait" du Royaume Uni, a ajouté Chris Skidmore sur Twitter.
Last night’s vote- game playing by opposition parties- does not end or prevent the UK participating in @EUErasmusPlus after leaving the EU. We remain open to participation and this will be part of future negotiations with the EU- we highly value international student exchanges — Chris Skidmore (@CSkidmoreUK) January 9, 2020
"Le gouvernement s'engage à continuer la relation académique entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, y compris à travers le prochain programme Erasmus+, si cela est dans notre intérêt, a également déclaré le département de l'Education à nos confrères de Channel 4. Le vote (du Parlement) n'y change rien". Cet engagement s'appliquera à la participation au prochain programme Erasmus, qui courra de 2021 à 2027, a-t-il assuré.
Il reste une possibilité que le Royaume-Uni décide, après le Brexit, de quitter ce dispositif d'échanges entre universités européennes s'il ne s'entend pas avec l'Union sur les modalités de poursuite, mais le gouvernement affiche clairement sa volonté d'y rester. Plusieurs pays ne faisant pas partie de l’Union bénéficient d'ailleurs d’échanges avec des universités européennes, comme la Turquie ou la Norvège.
Pour la rentrée 2020, le gouvernement britannique a déjà promis que les Européens pourraient toujours être accueillis dans le pays dans le cadre d'Erasmus. Mais pour les prochaines années, si les négociations échouent, les étudiants européens devront payer mêmes frais que les autres jeunes étrangers. A l'Université d'Oxford par exemple, les frais de scolarité passeraient ainsi de 10.000 actuellement à 24.000 euros, au minimum, rapporte Le Figaro étudiant.
Un amendement de l'opposition
Certains analystes soulignent que l'amendement sur la "New Clause 10" n'est qu'un des multiples amendements proposés par l'opposition et que le gouvernement a rejeté, suggérant que l'exécutif ne souhaitait pas avoir les mains liées lors des futures négociations avec l'Union. L'horizon n'est donc pas si sombre.
Depuis sa création en 1987, le programme Erasmus a permis à 200 000 étudiants Britanniques d'étudier dans un autre pays membre. Le Royaume-Uni est la deuxième destination préférée des étudiants français, après l'Espagne. Il accueille chaque année près de 4500 étudiants.
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