Le projet de budget présenté le mois dernier par l'administration de Liz Truss, a provoqué la panique sur les marchés financiers.Depuis, mise sous pression par sa propre majorité, la Première ministre a multiplié les volte-face.En plus de renoncer à certaines de ses mesures phares, elle a limogé vendredi son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng.
38 jours en enfer. Nommée Première ministre le 5 septembre dernier après la démission de Boris Johnson, Liz Truss vit un début de mandat plus que difficile. Arrivée aux commandes dans un contexte économique et social déjà particulièrement tendu, elle doit désormais faire face à une crise politique, la grogne montant au sein même de sa majorité. Sur la sellette, elle a amorcé, ce vendredi 14 octobre, un virage pour tenter de sauver son mandat. Entre autres annonces, son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, a ainsi été limogé. Le très contesté libéral a été remplacé par Jeremy Hunt, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Santé... et soutien de Rishi Sunak - rival de Liz Truss lors de la course à Downing Street.
Une décision qui intervient à la suite d'une succession de rétropédalages entrepris face à la pression d'acteurs politiques et économiques majeurs du pays, et parfois même étrangers. On fait le point.
Le "mini-budget" présenté, l'économie voit rouge
Pour comprendre les origines de cette secousse, il faut remonter au 23 septembre dernier. Après quelques jours de statu quo liés au décès de la reine Elisabeth II, le néo-ministre des Finances Kwasi Kwarteng a annoncé un "mini-budget" pour sortir de la crise inflationniste dans laquelle est embourbé le pays. Celui-ci repose sur le gel des prix de l’énergie pour les particuliers et les entreprises ainsi que des baisses d'impôts de dizaines de milliards de dollars, notamment pour les plus aisés. Le tout financé de manière très floue.
Ces annonces affolent les marchés financiers. Le 26 septembre, à leur réouverture, la livre sterling plonge à un plus bas historique, pour se rapprocher de la parité face au dollar. Dans le même temps, les taux d'emprunt s'envolent, atteignant des niveaux plus vus depuis la crise financière de 2007-2008. Deux jours plus tard, face à la panique financière, la Banque d'Angleterre intervient en urgence sur le marché obligataire pour arrêter l'hémorragie (en acquérant pour 65 milliards de livres d’obligations gouvernementales à 15, 20 et 30 ans). L'institution pointe alors un "risque important pour la stabilité financière du Royaume-Uni".
Le FMI y va de son avertissement
Fait suffisamment rare pour être signalé, le Fonds monétaire international (FMI) s'est lui-même fendu d'un communiqué acide. Avertissant qu'il "surveillait attentivement" la situation au Royaume-Uni, il a préconisé de ne pas prendre de "mesures budgétaires importantes non financées" pour éviter que la "politique budgétaire ne barre la route à la politique monétaire". "Le budget du 23 novembre présente une opportunité pour le gouvernement britannique de [...] réévaluer ses mesures fiscales, particulièrement celles qui visent les revenus les plus élevés", qui risquent "d'accroître les inégalités", a encore tancé l'instance, alors qu'avant son départ, Kwasi Kwarteng avait assuré qu'il présenterait le 23 novembre "un plan crédible pour faire baisser la dette" avec "un engagement à la discipline en matière de dépenses".
Même son de cloche du côté de l'agence de notation Moody's, selon qui de "vastes baisses d'impôts non financées" pourraient "mener à des déficits structurels plus élevés, qui ont peu de chance de résoudre les problèmes de croissance de long terme".
Une première volte-face
Face à cette levée de boucliers, Liz Truss a été forcée de revoir sa copie. Au sortir d'un congrès du parti conservateur, marqué par les dissensions, le gouvernement renonce à supprimer la tranche d'imposition à 45% pour les contribuables les plus aisés. Quelques jours plus tard, le 12 octobre, la Première ministre a exclu devant les députés toute réduction des dépenses publiques... tout en promettant de conserver les baisses d'impôts prévues. Une sortie qui a, encore un peu plus, augmenté les doutes sur sa politique.
Kwarteng remercié, nouveaux rétropédalages
Cet enchaînement d'événements en l'espace de quelques semaines, à peine, a conduit à l'éviction de Kwasi Kwarteng ce vendredi 14 octobre. Rentré en urgence de Washington, il a été limogé dans une tentative désespérée de Liz Truss d'inverser la tendance. "Vous m'avez demandé de démissionner en tant que Chancelier" de l'Échiquier, "j'ai accepté", a écrit le principal intéressé.
Dans la foulée de son mini-remaniement, et de la nomination de Jeremy Hunt en tant que ministre des Finances, la Première ministre britannique a fait de nouvelles concessions. "Il est clair que certaines parties de notre mini-budget allaient trop loin et trop vite par rapport à ce que les marchés attendaient", a-t-elle reconnu lors d'une conférence de presse. Alors qu'elle souhaitait, jusqu'ici, baisser l'impôt sur les sociétés de 25 à 19%, elle s'est finalement résolue à l'augmenter. "Ce que j'ai fait aujourd'hui, c'est m'assurer que nous ayons une stabilité économique dans ce pays", a-t-elle martelé, se disant "absolument déterminée" à tenir sa promesse d'"une croissance plus forte" pour l'économie britannique.
Des contre-mesures insuffisantes ?
Pour autant, ces annonces pourraient ne pas suffire. Selon la presse britannique, certains députés de son camp seraient déjà à la manœuvre pour obtenir le départ de Liz Truss. Kwasi Kwarteng, lui servirait de fusible et paierait les "erreurs du gouvernement", pointe le Pr Tony Travers, de la London School of economics, mais il sera "très difficile", pour les conservateurs, de remonter la pente d'ici aux élections.
Surtout, les Britanniques, confrontés ces dernières semaines à des taux d'emprunt immobilier qui montent en flèche, s'ajoutant à une inflation à 10%, perdent aussi patience. Dans ce contexte, un chiffre permet de mieux appréhender le climat de défiance à l'égard de la successeure de Boris Johnson : un sondage en date du 29 septembre dernier de l'institut YouGov révèle, dans l'opinion britannique, une avance de 33 points du Labour, le parti d'opposition travailliste, souligne l'AFP. Du jamais-vu depuis la fin des années 1990. D'autres études annoncent également un désastre électoral pour les conservateurs, à deux ans des législatives. De quoi rendre encore plus précaire la position du gouvernement actuel.
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