Les correspondantes du "Monde" et de "Libération", Sophie Douce et Agnès Faivre, ont été expulsées du Burkina Faso, samedi 1er avril.Cette décision intervient après les interdictions de diffuser RFI et France 24.
Une mesure jugée "inacceptable" et "arbitraire". Les correspondantes des quotidiens français Le Monde et Libération au Burkina Faso ont été expulsées, samedi 1er avril, au soir. "Notre correspondante au Burkina Faso, Sophie Douce, vient d’être expulsée du pays (...) en même temps que sa consœur de Libération, Agnès Faivre", annonce Le Monde sur son site. "La sanction est tombée et, avec elle, la confirmation que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée", écrit pour sa part Libération, précisant que les deux journalistes sont arrivées "dimanche matin à Paris".
Lundi 27 mars, le Burkina Faso, dirigé par des autorités issues de deux coups d'État en 2022 et confronté à une multiplication d'attaques djihadistes meurtrières, avait coupé la diffusion de la chaîne d'information française France 24 sur son territoire. Début décembre 2022, la junte au pouvoir avait déjà suspendu la diffusion de RFI, du même groupe, France Médias Monde. Vendredi 31 mars, les deux journalistes du Monde et de Libération avaient été convoquées à la Sûreté nationale à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, où il leur a ensuite été donné l'ordre de quitter le pays dans les 24 heures.
"Des expulsions absolument injustifiées"
Le Monde "condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire" qui a obligé les deux journalistes à quitter Ouagadougou sous 24 heures. "Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l'écart de toute pression." Le directeur du journal de référence, Jérôme Fenoglio, "demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d'une information indépendante dans le pays".
Selon Libération, "Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d'une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabè". "Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l'interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance", peut-on lire dans l'éditorial de la rédaction. Le quotidien précise "que la publication le 27 mars de l'enquête de Libération sur les circonstances dans lesquelles a été filmée une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat, avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso".
"Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l'image du pays des Hommes intègres", avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, après la mise en ligne de cette enquête, assurant que l'armée burkinabaise agit "dans le strict respect du droit international humanitaire".
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