ESPAGNE - Le leader catalan Carles Puigdemont avait été arrêté jeudi à Alghero, en Italie. Libéré vendredi, il est autorisé à quitter l'Italie, mais sera présent à la prochaine audience, fixée au 4 octobre.
"Le président Puigdemont a été arrêté à son arrivée en Sardaigne, où il se rendait en tant qu'eurodéputé". C'est ce qu'avait déclaré jeudi Gonzalo Boye, l'avocat de Carles Puigdemont, eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan. En exil en Belgique depuis 2017, après la tentative de sécession de la Catalogne de la même année, le leader catalan a été arrêté jeudi 23 septembre en Italie, sur la base d'un mandat d'arrêt européen datant du 14 octobre 2019.
Carles Puigdemont a été libéré dès vendredi. Il a quitté la prison de Sassari, en Sardaigne sans faire de déclaration. Selon son avocat, il a été autorisé à quitter l'Italie dans l'attente de la prochaine audience à laquelle il prévoit d'assister le 4 octobre.
Le leader indépendantiste, qui a pris un bain de foule samedi à Alghero, cité portuaire de culture catalane dans le nord de l'île italienne, a annoncé dans la soirée qu'il rentrerait lundi en Belgique. "Je prévois de rentrer à Bruxelles lundi, car il y a une réunion de la commission du commerce extérieur (du Parlement européen), dont je suis membre", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Alghero. "Le 4 octobre, je suis convoqué au tribunal de Sassari. Je serai effectivement présent, car chaque fois que j'ai été convoqué par les tribunaux, je me suis présenté", a-t-il ajouté.
Carles Puigdemont a également affirmé qu'il continuerait à voyager en Europe, malgré le mandat d'arrêt européen qui lui vaut des déboires judiciaires réguliers sur le continent. "Nous ne renoncerons jamais et je continuerai à voyager en Europe", a-t-il assuré.
Le Parlement européen avait levé l'immunité de Puigdemont en mars dernier
L'arrestation de jeudi est survenue une semaine après la reprise des négociations entre le gouvernement espagnol de gauche et l'exécutif régional catalan, dont l'objectif est de trouver une issue à la crise politique en Catalogne.
Le 9 mars dernier, le Parlement européen avait levé l'immunité parlementaire de Carles Puigdemont et de deux autres eurodéputés indépendantistes à une large majorité (400 voix contre 248). La mesure avait été confirmée le 30 juillet par le Tribunal de l'Union européenne.
Mais la décision du Parlement européen a fait l'objet d'un recours dont le jugement définitif, sur le fond, de la part de la justice de l'UE doit être prononcé "à une date ultérieure". Selon l'interprétation de Gonzalo Boye, l'avocat de Carles Puigdemont, la décision du Parlement est donc "suspendue".
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Peres Aragones, le nouveau président régional de la Catalogne, un séparatiste, mais de tendance plus modérée que Carles Puigdemont, a immédiatement réagi sur Twitter en condamnant "fermement la persécution et cette répression judiciaire". Il a ajouté : "Assez. L'amnistie est la seule voie. L'autodétermination la seule solution. À tes côtés Carles", a lancé M. Aragones.
Principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, Carles Puigdemont avait été immédiatement destitué par Madrid. Il s'était alors enfui en Belgique pour échapper à la justice espagnole, qui avait condamné, en octobre 2019, à la prison, plusieurs anciens membres de son équipe gouvernementale pour sédition. Il n'avait d'ailleurs pas bénéficié de la grâce accordée fin juin à neuf indépendantistes incarcérés en Espagne, car le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez souhaitait toujours qu'il soit jugé en Espagne.
L'ex-président catalan avait déjà été arrêté une première fois en mars 2018 en Allemagne, à la demande de l'Espagne. Mais il avait été libéré quelques jours plus tard après l'abandon par la justice allemande de l'accusation de "rébellion" à son encontre.