Centrale de Zaporijia : pour les spécialistes, l'arrêt du dernier réacteur est "rassurant"

par Emilie ROUSSEY
Publié le 11 septembre 2022 à 10h40

Source : TF1 Info

L'opérateur Energoatom a annoncé ce dimanche l'arrêt du dernier réacteur de la centrale nucléaire de Zaporijia.
Cette décision est "une bonne nouvelle" et "rassurante" pour certains spécialistes interrogés sur LCI.
Mais il faut que la centrale ait assez d'énergie pour réfrigérer ce réacteur.

C'était le dernier réacteur en fonctionnement. L'opérateur ukrainien Energoatom a annoncé ce dimanche matin avoir mis à l'arrêt le sixième réacteur de la centrale nucléaire de Zaporijia. La plus grande centrale d'Europe est occupée par les forces russes et se trouve dans une zone bombardée. Une situation qui inquiète l'Ukraine, ses alliés, et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dont le président a appelé vendredi à "cesser immédiatement les bombardements dans la zone".

Si l'arrêt du dernier réacteur peut susciter des inquiétudes à première vue, il pourrait s'agir d'une "bonne nouvelle", pour l'ingénieur et spécialiste nucléaire Robert Ranquet. "A priori, ça ne devrait pas être dangereux, pour autant que l'arrêt se fasse de manière maitrisée et bien contrôlée, ce serait peut-être même une bonne nouvelle" estime-t-il sur le plateau de LCI. 

"Avoir cette centrale en fonctionnement sur la ligne de front entre les belligérants était une situation intenable comme l'a dit Rafael Grossi (directeur général de l'AIEA). Si la décision est prise d'arrêter durablement ces réacteurs en attendant que la situation militaire se stabilise, ça n'est peut-être pas une mauvaise chose" complète-t-il. Même réaction du côté de Bruno Comby, polytechnicien et spécialiste nucléaire. "C'est plutôt rassurant de savoir que ce dernier réacteur s'arrête", commente-t-il, expliquant qu'ainsi "il n'y aura plus qu'une priorité, la mise en sécurité des réacteurs". 

Des préparatifs "en cours" pour réfrigérer le réacteur

Cependant, il faut s'assurer que la centrale dispose de suffisamment d'énergie pour les réfrigérer. "Il faut être sûr qu'ils ont les moyens de réfrigérer convenablement les réacteurs qui viennent d'être arrêtés, ce qui nécessite qu'il y ait encore suffisamment d'énergie électrique disponible", a prévenu Robert Ranquet. 

Justement, l'opérateur de la centrale a assuré dans son communiqué que des "préparatifs sont en cours" pour le refroidissement du sixième réacteur. Un arrêt à froid constitue "l'état le plus sûr" pour le réacteur, qui restait depuis trois jours le seul à produire l'électricité nécessaire au refroidissement du combustible nucléaire et à la sécurité du site, selon Energoatom. 

Un réacteur arrêté à plusieurs reprises

La décision de le mettre à l'arrêt a été prise quand l'approvisionnement électrique extérieur du site a été rétabli "hier soir" avec l'une des lignes de transmission. En cas de nouveau dommage, ce sont des générateurs fonctionnant avec du diesel qui prendront le relais pour assurer les besoins internes du site. Quant à la disponibilité du diesel, elle n'est pas une source d'inquiétude pour Bruno Comby qui assure que cette ressource est toujours présente sur un lieu de guerre. 

Le dernier réacteur de la centrale avait déjà été débranché à plusieurs reprises, le 25 août pour la première fois de son histoire, le 3 août, et le 5 septembre en raison d'un incendie ayant endommagé une ligne électrique.


Emilie ROUSSEY

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