RÉVOLTE - La contestation sociale se poursuivait lundi à Santiago et dans d'autres grandes villes du Chili. Depuis le début de ces protestations, au moins douze personnes sont mortes.
Au quatrième jour d'une crise sociale qui a fait douze morts, des milliers de personnes se sont, de nouveau, rassemblées sur la plaza Italia, dans le centre de Santiago. Ce mouvement inédit dans ce pays de 18 millions d'habitants est parti d'une hausse du prix des tickets de métro, avant de s'étendre à des revendications plus larges. Face à cette fronde sociale, le président Sebastian Piñera s'est adressé à son pays, lundi soir et a annoncé une réunion des partis politiques mardi. "Demain, je me réunirai avec les présidents des partis, aussi bien du gouvernement que de l'opposition, pour explorer et j'espère avancer vers un accord social qui nous permette de nous rapprocher tous unis, avec rapidité, efficacité et responsabilité, vers de meilleures solutions aux problèmes qui affectent les chiliens", a déclaré le chef de l'Etat.
Quelle est la situation sur place ?
Un couvre-feu a été déclaré à Santiago et le bilan est lourd. Le chef de l'Etat a évoqué dimanche soir un pays "en guerre". Près de 10.000 policiers et soldats ont été déployés pour tenter de mater les manifestants. Depuis vendredi, au moins douze personnes sont mortes, 239 civils ont été blessés. Du côté des policiers et des militaires, une cinquantaine d'entre eux ont également été blessés. Selon les autorités, 2.151 personnes ont été arrêtées dans tout le pays.
C'est la première fois que des militaires patrouillent dans les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). L'état d'urgence en vigueur depuis vendredi soir dans la capitale concerne dorénavant neuf autres des 16 régions du pays.
Pourquoi protestent-ils ?
Considéré comme un modèle de stabilité politique et économique en Amérique latine, le Chili souffre de graves fractures sociales, qui nourrissent depuis des années un mécontentement. La contestation est partie, vendredi, d'une hausse, de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro), des tickets de métro. Cette mesure, depuis suspendue par le chef de l'Etat, n'aura pas réussi à calmer la gronde de la rue. Et les émeutes se sont poursuivies, nourries par la colère face aux conditions socio-économiques et aux inégalités. Ici, l'accès à la santé et à l'éducation relèvent presque uniquement du secteur privé.
Lors des manifestations, de nombreux protestataires ont également dénoncé le pouvoir économique des dirigeants et l'injustice d'un système économique qui favorise avant tout le capital. Le président Sebastian Pinera est lui-même un des hommes les plus riches du Chili et son gouvernement compte de nombreuses personnalités du monde des affaires. De nombreuses pancartes brandies par des manifestants faisaient d'ailleurs référence aux scandales de corruption dans laquelle ont été impliqués de puissants groupes économiques proches du chef de l'Etat. Dans une société très cloisonnée en fonction de la classe sociale, les responsables politiques, qui vivent dans les quartiers huppés de Santiago, sont le plus souvent perçus comme déconnectés de la réalité.
Quelles conséquences pour le pays ?
Les étudiants avaient appelé à de nouvelles manifestations pour lundi dans la capitale où les quelque 7,6 millions d'habitants vont passer une troisième nuit sous couvre-feu, de 20H00 à 06H00 (23H00-09H00 GMT). Après trois jours de paralysie, des Chiliens ont tenté lundi de reprendre leurs activités, avec de longues files d'attente pour tenter de s'approvisionner en essence et en denrées diverses, alors que des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service ont été saccagés ou incendiés. Selon les autorités, quelque 20.000 emplois ont été directement affectés par les destructions et la bourse de Santiago a dévissé lundi, perdant plus 4% à la clôture.
De nombreux employés ont renoncé à se rendre à leur travail et les cours ont été suspendus dans la quasi-totalité des écoles et universités de la capitale. Le métro, par lequel transitent environ trois millions de passagers par jour, est fermé depuis vendredi après le saccage de 78 stations et des dégâts évalués à plus de 300 millions de dollars. Seule l'une des sept lignes a rouvert partiellement lundi.
La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, qui a été à deux reprises présidente du Chili (2006-2010, 2014-2018), a appelé le gouvernement et les acteurs de la société civile à engager immédiatement le dialogue.
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