Sur Twitter, des faux comptes chinois ont publié dimanche des publications pornographiques.Objectif : noyer, sous ce flot continu, les vidéos des manifestations en Chine contre le "zéro covid".Une censure qui se répète à chaque fois qu’un "incident sensible" survient et se retrouve partagé par les internautes.
Sur les réseaux sociaux, les images de la contestation en Chine a été largement partagée à travers le monde. Mais en Chine, les utilisateurs de Twitter ont eu du mal à trouver de nombreuses informations sur le sujet. Si la censure du régime est monnaie courante dans le pays, ici, elle a revêtu une forme étonnante.
En effet, les vidéos des manifestations, de Shanghai à Pékin, diffusées sur Twitter, ont rapidement été noyées dimanche 27 novembre par des milliers d’invitations d’escorte ou de contenus pornographiques. Et ayant pour auteurs des faux comptes, récemment créés ou retrouvant soudainement une activité sur la plateforme sous les mots clés les plus recherchés autour des manifestations. "Recherchez Pékin/Shanghai/autres villes en chinois sur Twitter et vous verrez principalement des publicités pour des escortes/porno/jeu, noyant les résultats de recherches légitimes. L'analyse des données dans ce fil suggère qu'il y a eu une augmentation *significative* de ces tweets de spam", observe ainsi ce compte Twitter.
Happening on Twitter at the moment at a time of unrest/protests taking place in various places across China. When trying to find the latest posts on situations in various places (in Chinese), you get endless streams of nonsense ads preventing quick access to actual information. pic.twitter.com/eJ4tkhVbWd — Manya Koetse (@manyapan) November 27, 2022
Un autre profil spécialisé, celui de Benjamin Strick, relève, lundi 28 novembre, qu’"au cours des 20 dernières minutes, près de 2000 tweets ont été téléchargés en utilisant les hashtags des grandes villes chinoises (comme #杭州), tous avec le texte 'Je suis célibataire, puis-je me marier sur Twitter'. Tous les comptes ont été créés au cours des deux derniers mois et n'ont aucun ou peu d'abonnés". Rapidement, la plateforme a été inondée par un peu plus de 3000 tweets.
Derrière la recherche "Pékin", "une grande majorité (> 95 %) d'entre eux sont des comptes de spam", tweetant "à un rythme élevé et régulier tout au long de la journée, ce qui suggère une automatisation", note encore l’expert en recherche de données ouvertes. Fait étonnant, aucun de ces comptes, déversant pourtant un flot continu de publications, n’a généré d’engagement fort, qu’il s’agisse de commentaires, de retweets ou simplement de likes. Un phénomène déjà observé par des chercheurs de l’université de Stanford, qui ont analysé l’an dernier plus de 2000 comptes liés au régime de Pékin. "Le premier ensemble de données comprenait 31.269 tweets, dont plus de 97 % n'avaient aucun engagement (la somme des likes, des réponses, des retweets et des citations de tweets)", décrivaient-ils dans le magazine Foreign Policy.
"Les faux comptes apparaissent comme des petits pains à chaque fois qu'un incident ‘sensible’ arrive en Chine et qu'il commence à être relayé sur les RS, c'est une pratique courante", souligne pour sa part Justine Jankowski, correspondante de TF1 en Chine. Sur Twitter, l’événement n’est donc pas isolé : "C'était le cas aussi quand un manifestant a déployé une bannière anti-PCC sur un pont de Pékin, le 13 octobre dernier." De plus, il est courant que des contenus pornographiques circulent sur le réseau social, qui est utilisé aussi pour cela par les internautes chinois.
Force est de constater que Pékin s’est souvent emparé de Twitter pour diffuser son propre récit. En avril dernier, comme le rapporte l'Associated Press, une société de renseignement américaine a ainsi découvert l’existence de 648 comptes Twitter ayant publié plusieurs milliers de tweets avec des hashtags tels que #xinjiang, #forcedlabor et #humanrights, pour démentir tout travail forcé des Ouïghours dans la région du Xinjiang. Même chose lors des Jeux Olympiques d’hiver, organisées à Pékin en février dernier, où des bots et des faux comptes ont contribué à relayer un récit positif sur la compétition et ainsi "modifier de manière sélective la façon dont les événements se sont déroulés", a commenté le New York Times.
Mais cette fois, l’opération de censure a été facilitée par un manque de modération, lié au départ de l’équipe de Twitter consacrée à cette mission, selon le Washington Post. Sur les autres réseaux sociaux chinois, toute information liée aux récentes manifestations semblait avoir été effacée dès lundi, d'après les constatations de l’AFP. Sur Weibo, les recherches "Rivière Liangma" et "rue Urumqi" ne renvoyaient vers aucun résultat sur les événements.
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