Afghanistan : ces pays déjà prêts à discuter avec les talibans

FS avec AFP
Publié le 16 août 2021 à 11h31, mis à jour le 16 août 2021 à 12h38
Afghanistan : ces pays déjà prêts à discuter avec les talibans
Source : AFP

ISLAMISTES - Alors que la Russie envisage de reconnaître les talibans en fonction "de leurs agissements", la Chine a affirmé ce lundi souhaiter des "relations amicales" avec les insurgés de retour au pouvoir en Afghanistan.

Rien n'est encore décidé. Mais les discussions sont ouvertes, voire "amicales". Tandis que l'Occident évacue comme il peut ses derniers ressortissants d'Afghanistan, le bloc de l'Est amorce un pas vers les talibans, de retour au pouvoir dans le pays après l'effondrement des forces gouvernementales. Alors que la Russie se dit prête à reconnaître les insurgés, la Chine assume quant à elle souhaiter des "relations amicales".

Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, a ainsi annoncé ce lundi 16 août que des rencontres allaient avoir lieu avec les talibans. Il a précisé à la radio russe que l'ambassadeur de Russie à Kaboul, déjà "en contact avec les talibans", allait s'entretenir avec leur "coordinateur pour la sécurité" dès mardi. L'ambassadeur Dmitri Jirnov devra notamment évoquer les questions liées à l'ambassade de Russie à Kaboul, les insurgés assurant "déjà la sécurité du périmètre extérieur" de l'établissement. La Russie avait en effet indiqué dimanche ne pas envisager une évacuation de sa mission diplomatique dans la capitale étant donné qu'elle avait reçu des "garanties" de la part de leur interlocuteur. 

Des discussions "pour le long terme"

Au-delà de cette question, les deux hommes discuteront demain "des détails pour le long terme", a précisé l'émissaire. Une position qui s'inscrit dans la stratégie de Moscou qui cherche, depuis plusieurs années, à renforcer ses contacts avec les talibans. Sera donc notamment évoquée la question de la reconnaissance ou non par Moscou du nouveau pouvoir afghan. Car s'il a pris le pouvoir avec une vitesse telle qu'elle a même "surpris" la Russie, Zamir Kaboulov reconnaît que - "aussi étonnant que ce soit" - "la situation est calme actuellement" à Kaboul. Désormais, cela va donc "dépendre des agissements" des insurgés, a prévenu le diplomate russe. Le Kremlin ne ferme donc la porte à aucune éventualité. Pour lui, il faudra d'abord "regarder attentivement à quel point leur approche de la gouvernance du pays sera responsable" avant d'en tirer "les conclusions nécessaires".

Mais l'ambassadeur de Russie à Kaboul a déjà donné le la des discussions à venir. À la chaîne de télévision russe Rossia 24, il a estimé que les talibans avaient réinstauré l'"ordre public" dans la capitale afghane. Pour lui, la priorité est désormais que l'Afghanistan soit "civilisé, libre du terrorisme et des drogues" et que le pays "entretienne de bonnes relations avec tous les pays du monde". Car c'est là la plus grande crainte de Moscou. Une inquiétude qui a, dès le 8 août, motivé le ministère des Affaires étrangères russe à inviter une délégation du bureau qatari des talibans. Selon Le Monde, le cheikh Shahabuddin Delawar avait assuré en guise d'introduction vouloir faire "tout ce que nous pourrons pour que l'Etat islamique ne s'installe jamais en Afghanistan" ainsi que " lutter contre les trafics de drogue et la contrebande". Une façon de rassurer le Kremlin sur la porosité des frontières. "Les talibans nous ont déjà promis tout cela, et nous espérons qu'ils vont remplir leurs promesses", a donc rappelé ce lundi l'ambassadeur russe.

Un discours ouvert, mais qui reste prudent. Contrairement à celui de la Chine. Vaste pays qui partage 76 kilomètres de frontière avec l'enclave du Moyen-Orient, il a indiqué lundi qu'il souhaitait clairement des "relations amicales" avec les talibans. Au lendemain de la prise de Kaboul par les insurgés, le porte-parole de la diplomatie chinoise - dont l'ambassade "continue de fonctionner normalement" à Kaboul - est clair. Dans la presse, Hua Chunying a dit "respecter le droit du peuple afghan à décider de son propre destin et de son avenir". D'autant plus que "les talibans ont indiqué à plusieurs reprises leur espoir de développer de bonnes relations avec la Chine", comme l'a relevé le chef de la diplomatie. Encore une fois, cette stratégie n'est pas nouvelle. Face à la menace pour la sécurité de sa région frontalière du Xinjiang, Pékin a entamé dès septembre 2019 des discussions avec les insurgés.


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