Comment la France peut-elle intervenir en Syrie ?

par Nicolas MOSCOVICI
Publié le 6 septembre 2015 à 22h05
Comment la France peut-elle intervenir en Syrie ?

DECRYPTAGE - Face à la menace toujours accrue de terrorisme et l'émotion suscitée par l'exode massif de la population, François Hollande pourrait annoncer, lundi matin, une intervention française en Syrie pour lutter contre Daech, aux côtés de la coalition internationale. En attendant le discours présidentiel, metronews fait, en trois questions, le point sur la situation.

► Que fait actuellement la France dans la région ?
Depuis le mois d'août dernier, la France est militairement présente dans la région, mais concentre ses efforts de lutte contre l'Etat islamique en Irak. Dans le cadre de l'opération 'Chammal' , Paris aurait bombardé à près de 200 reprises des positions du groupe terroriste et mène une mission de formation auprès des forces kurdes, dans le nord du pays. Une intervention en Syrie - où sont engagés les Etats-Unis ou le Canada - a été exclue par l'Elysée au motif que la lutte contre Daech pourrait objectivement renforcer le pouvoir de Bachar al-Assad. Cette doctrine du "ni-ni" semble aujourd'hui avoir évolué. La progression continue de l'Etat islamique - aujourd'hui tout proche de Damas - et le renforcement de la menace terroriste sur le sol français justifieraient un engagement français en Syrie.

L'idée d'une intervention française dans le pays n'est d'ailleurs pas nouvelle. En 2013, François Hollande l'avait envisagée aux côtés, notamment, des Etats-Unis, après les révélations d'utilisation d'armes chimiques par le pouvoir de Bachar al-Assad contre la population syrienne. La volte-face américaine avait éteint le projet. En début d'année, le président français, qui a reconnu dès 2012 la coalition de l'opposition syrienne, a dit regretter ce revirement. 'La France était prête, les ordres avaient été donnés, les dispositifs étaient en place. Une autre voie a été préférée. Nous en voyons les résultats", a-t-il déclaré le 14 janvier, lors de ses voeux aux forces armées .

► Quels seraient les contours de cette intervention ?
C'est ce que devrait préciser François Hollande, lundi matin, lors de sa sixième conférence de presse depuis son accession à l'Elysée . Pour l'heure, les informations qui circulent sont celles révélées samedi par Le Monde . Si l'hypothèse de frappes aériennes fait débat, ''la priorité pourrait être donnée à des vols de reconnaissance et de renseignement. Les avions français pourraient aussi se concentrer sur les territoires syriens totalement occupés par l’EI, visant ses centres de commandement et sa logistique", écrit le quotidien du soir, ajoutant que le renforcement de la présence militaire russe dans la région pourrait conforter le choix de Paris d'intervenir en Syrie.

► Qu'en pense la classe politique française ?
En attendant la mise au point présidentielle, la classe politique avance en cacophonie sur le sujet. Dimanche matin, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'y est déclaré favorable , au contraire d'un Jean-Luc Mélenchon, vent debout contre l'idée de frappes aériennes et qui dénonce, par anticipation, l'"attitude ridicule" de François Hollande.

Au-delà, c'est le débat autour d'une intervention au sol qui fait rage dans les rangs politiques. Surtout présents à droite (Eric Ciotti, Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand qui s'est fendu d'une lettre à François Hollande dimanche soir), les partisans de combats au sol peuvent compter sur le soutien de l'opinion. En effet, selon un sondage paru dans Le Parisien dimanche, 61% des Français se disent favorables à une intervention terrestre pour éradiquer Daech. Une option pour l'heure formellement écartée par l'Elysée. 

EN SAVOIR+
>> Notre dossier consacré à la Syrie
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Nicolas MOSCOVICI

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