SOCIAL NETWORKS - Mercredi, les pro-Trump ont envahi le Capitole, choquant les États-Unis et le monde entier. Comment les partisans du président Donald Trump ont-ils réussi ce coup inimaginable ?
Au lendemain d’une journée qui a fait trembler l’Amérique, de nombreuses questions se posent. Les pro-Trump, qui ont pu entrer sans difficulté dans l’enceinte du Congrès américain ce mercredi 6 janvier, se sont-ils organisés en avance ou ont-ils agi instinctivement ? Comme l’affirme plusieurs médias américains, il semblerait que la première option soit la plus vraisemblable.
En effet, peu de temps après la fin du discours de Donald Trump, où il a appelé ses plus fervents supporters à marcher en direction du Capitole, de nombreux appels ont pullulé sur les réseaux sociaux appelant à envahir le bâtiment fédéral, selon le New York Times. Par exemple, des instructions pour éviter la police mais aussi des conseils pour utiliser les bons outils avant de défoncer les portes du Capitole ont été publiés par dizaines sur les réseaux sociaux Gab et Parler, très prisés par l’extrême droite américaine.
Mais avant ça les pro-Trump les plus radicaux, persuadés sans preuve concrète que l’élection présidentielle leur a été volée, se sont servis de Facebook, Twitter, TikTok, la messagerie cryptée Telegram, Gab et Parler pour mobiliser les leurs. Mais pas seulement. Ces réseaux sociaux ont servi de caisses de résonances aux appels à la violence, contre les responsables démocrates mais aussi contre le vice-président Mike Pence, considéré comme un traître car il a refusé d’aider Donald Trump à inverser les résultats d’une présidentielle largement perdue face à Joe Biden.
De nombreux appels à la violence sur des réseaux sociaux grands publics
Depuis un peu plus d’une semaine, les appels à commettre des actes violents ce mercredi 6 janvier, jour de la certification de la victoire de Joe Biden, ont explosé. Sur TikTok, réseau social très apprécié des jeunes, plusieurs vidéos postées par un individu appelaient les pro-Trump, comptant se rendre à Washington, à prendre leur "putain d’armes", selon Advance Democracy, une organisation américaine de recherche indépendante. Une des vidéos a cumulé 280.000 vues, selon CNN Business.
Tiktok n’est malheureusement pas le seul endroit où ces appels à la violence ont pullulé. Sur Twitter, conspués par les pro-Trump depuis plusieurs mois pour sa propension à "censurer" le président des États-Unis et le milieu conservateur, pas moins de 20.800 comptes ont fait référence à la date du 6 janvier dans les jours précédents l’invasion du Capitole. Ses comptes sont issus des complotistes de QAnon, une mouvance considérée comme une organisation terroriste par le FBI. Cette idéologie complotiste repose principalement sur l’idée que Donald Trump est un héros qui se bat contre le "Deep State" (l’État profond, ndlr) et que les démocrates et un certain nombre de célébrités abusent sexuellement des enfants.
ANTIFA, BLM, DEMONKKKRATS etc PLANT KNIVES & WEAPONS in DC >They plan to KILL Trumpians on Jan 6 >THIS IS WAR: THEY declare War >GET SMART, SAVE YOUR PEOPLE: FOIL Deep State, ORDER FBI to find out WHO did this (surveillance videos etc) @realDonaldTrump @DonaldJTrumpJr @EricTrump https://t.co/93fIPTua51 — Sunny Day (@ReallySunnyDay) December 31, 2020
Un tweet provenant d’un compte QAnon affirmait par exemple que les membres des mouvements Black Lives Matter ou les Antifas, des groupes honnis par l’extrême-droite américaine, prévoyaient d’assassiner les partisans de Donald Trump le 6 janvier. Réponse à celui d’un autre membre du mouvement, "débarrassons-nous d’eux". Selon Advance Democracy, la grande majorité des messages n’appelaient de manière directe à la violence.
Sur Facebook, également très régulièrement critiqué par les partisans du président, des groupes pro-Trump, qui ont pris la place de "Stop The Steal" (un groupe avec 320.000 abonnés fermé en novembre dernier), ont permis l’organisation de cette invasion. Par exemple, on pouvait trouver dans un groupe à 8.000 membres nommé "Red State Secession" des informations pour se rendre à Washington et des mèmes à publier sur les réseaux sociaux pour amplifier le mouvement.
"Assassinés les traîtres de Washington"
Outre les réseaux sociaux traditionnels, ce sont les plateformes alternatives où les appels à la mobilisation et à la violence ont été les plus nombreux. Un site en particulier nommé TheDonald a servi de catalyseur. "Sur TheDonald, plus de 50% des principaux messages du 4 janvier 2021, concernant la certification du Collège électoral du 6 janvier, comportaient des appels non modérés à la violence dans les cinq premières réponses", affirme le groupe Advance Democracy à nos confrères de BuzzFeed News.
"Je pense que ça va être une guerre ce jour-là. Où nous allons envahir les bureaux et les virer et même assassinés les traîtres de Washington DC et reprendre notre pays", pouvait-on lire sur le site, selon The Daily Beast. "Voyager en meute et ne les laissez pas vous désarmer sans empiler les corps", a repéré Advance Democracy.
Sur l’application Parler, où de nombreux membres de la droite et de l’extrême-droite ont migré, des posts faisaient référence à un nœud de corde pour "pendre Mike Pence", le vice-président de Trump. Le 6 janvier, ce nœud de corde a été installé en face du Capitole.
They made a noose out of the camera wire and hung it from a tree. pic.twitter.com/0ZngpatM1d — Paul McLeod (@pdmcleod) January 6, 2021
Pour Renee DiResta, une chercheuse de l’Observatoire d’internet de l'université Standford interviewée par le New York Times, ce qui s’est passé mercredi est "une démonstration du véritable impact de ses caisses de résonances". "C’est une répudiation totale de l’idée qu’il y a un monde 'online' et un monde 'offline' et que ce qui est dit en ligne reste d'une certaine manière en ligne".
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