Guerre en Ukraine : pourquoi la situation en Transnistrie inquiète

par Léa LUCAS
Publié le 27 avril 2022 à 15h06, mis à jour le 27 avril 2022 à 17h48

Source : TF1 Info

Ce mercredi, les autorités de Transnistrie ont annoncé que des tirs avaient touché l'un de ses villages, frontalier de l'Ukraine.
Selon Kiev, cela pourrait être une tentative de la Russie de "déstabiliser" cette région, où se trouvent 1500 de ses soldats.
Avec un double objectif : justifier une intervention militaire et s'étendre, ensuite, vers l'Ukraine et la Moldavie.

L'offensive Russe pourrait-elle s'étendre au-delà de l'Ukraine ? L'inquiétude monte, depuis une série d'explosions ces derniers jours, dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie, voisine de l'Ukraine en guerre et située à l'est de la Moldavie, dirigée par la présidente Maïa Sandu, pro-européenne. Alors que, ce mercredi encore, les autorités de la Transnistrie ont annoncé de nouveaux tirs sur l'un de ses villages frontalier de l'Ukraine, les conséquences d'une escalade dans cette zone inquiètent. 

Cette étroite bande de terre, entre l'Ukraine et la Moldavie, pourrait être le prochain territoire à faire l'objet d'une intervention militaire, selon Kiev.
Cette étroite bande de terre, entre l'Ukraine et la Moldavie, pourrait être le prochain territoire à faire l'objet d'une intervention militaire, selon Kiev.

Annexer la Moldavie

Selon Kiev, ces tirs pourraient être une tentative de "déstabilisation" de la région, justifiant une intervention militaire russe. Problème ? Elle viendrait perturber les relations, relativement apaisées depuis près de 30 ans, entre la Moldavie et la Transnistrie, qui a déclaré son indépendance en 1992. Mais surtout, elle menacerait directement la Moldavie, qui ne fait pas partie de l'OTAN, et pourrait faire l'objet d'une annexion par Moscou, comme ce fut le cas, par exemple, de la Crimée en 2014.

Il faut dire que ces anciennes républiques soviétiques sont stratégiques pour Vladimir Poutine, dont la logique est de s'étendre vers l'Ouest. Un grand dépôt d'armes, datant de l'ère de l'URSS, se trouvent actuellement en Transnistrie, et sont contrôlées par 1500 soldats russes, déployés de manière permanente sur cette étroite bande de terre de 500.000 habitants. 

À noter que la Moldavie, dont la dirigeante a demandé à rejoindre l'Union européenne (UE) dès que les troupes russes ont passé la frontière ukrainienne le 24 février dernier, joue un rôle essentiel dans l'accueil des réfugiés Ukrainiens. Selon le HCR, 435.275 Ukrainiens étaient entrés en Moldavie au 25 avril, la plupart ayant continué leur voyage vers d'autres pays européens. 

Lancer une offensive vers la région d'Odessa

L'autre risque majeur, de masser des soldats russes en Transnistrie, est la participation à une offensive dans la région d'Odessa, localisée à une centaine de kilomètres du territoire séparatiste, dans le sud-ouest de l'Ukraine. La ville portuaire ukrainienne, majoritairement russophone, est, elle aussi, stratégique pour le maître du Kremlin

Située sur les bords de la mer Noire, c'est le principal point de transits pour les importations et les exportations ukrainiennes avec l'étranger, vitales pour l'économie du pays. Parmi ces échanges commerciaux majeurs : 100% du pétrole importé depuis l'extérieur y est réceptionné et 100% des produits agricoles cultivés en Ukraine, comme le maïs ou encore l’orge, y sont exportés vers l'international. Deux autres ports importants de la région, celui de Youjni et d’Illytchyivsk, sont aussi connus pour la chimie, les métaux et les trafics de conteneurs, grâce notamment à l'installation de plusieurs industries dans cette zone convoitée. En 2019, les trois ports de cette région ont accueilli quelques 91,4 millions de tonnes de marchandises

Aussi, en mettant la main sur la région d'Odessa, le président Russe pourrait paralyser l'économie ukrainienne et empêcher l'accès aux aides militaires et humanitaires, provoquant notamment des pénuries alimentaires sans précédent dans le pays et le reste du monde.

Face à ces risques grandissants, la Moldavie a annoncé des mesures pour renforcer sa sécurité et a appelé sa population au calme. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian a annoncé, mardi, "le plein soutien de la France à la stabilité, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Moldavie face aux risques de déstabilisation dont elle peut être l'objet."


Léa LUCAS

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