"Convoi de la liberté" au Canada : Justin Trudeau mobilise une loi d’exception

Publié le 15 février 2022 à 6h15

Source : JT 20h WE

Le Premier ministre canadien tape du poing sur la table en annonçant le recours à des mesures d'urgence afin de contrer les manifestations contre les mesures sanitaires depuis plus de deux semaines.
Le recours à cette loi qui donne davantage de pouvoirs au gouvernement est très rare.
Les revendications des contestataires se sont étendues à un rejet du gouvernement Trudeau.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé lundi le recours exceptionnel à la loi sur les mesures d'urgence pour mettre fin aux blocages "illégaux" des manifestants anti-mesures sanitaires en cours dans le pays depuis plus de deux semaines.

C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est activée en temps de paix, la dernière fois remontant à la crise de 1970 quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre, était au pouvoir. 

"Le gouvernement fédéral invoque la loi sur les mesures d'urgence pour compléter les pouvoirs provinciaux et territoriaux et faire face aux blocages et aux occupations", a-t-il déclaré, précisant que l'armée ne serait pas déployée et que les nouvelles mesures seraient "limitées dans le temps et géographiquement".

La loi entre en vigueur immédiatement et s'applique à l'ensemble du pays, même si le Premier ministre a assuré qu'elle n'aurait un "impact concret" que dans les régions où cela est nécessaire, notamment en Ontario, province dans laquelle se trouve la capitale Ottawa.

Le mouvement de contestation canadien qui a débuté fin janvier est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Une loi qui donne davantage de pouvoir au gouvernement

La loi sur les mesures d'urgence peut être invoquée en cas de "crise nationale" et donne au gouvernement fédéral davantage de pouvoir pour y mettre fin en lui permettant d'autoriser "à titre temporaire des mesures extraordinaires". Plusieurs Premiers ministres provinciaux ont exprimé avant la prise de parole de Justin Trudeau leur opposition à la mise en place de cette disposition, qui correspond à un état d'urgence national.

En 1970, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau l'avait invoquée pour envoyer l'armée au Québec et prendre une série de mesures d'urgence, après l'enlèvement par le Front de libération du Québec d'un attaché commercial britannique, James Richard Cross, et d'un ministre québécois, Pierre Laporte. Richard Cross avait été libéré après des négociations, mais le ministre avait été retrouvé mort dans le coffre d'une voiture.

"Avec cette loi, le gouvernement peut réquisitionner des biens, des services, des personnes. Le gouvernement peut dire aux gens où aller, où ne pas aller. Il y a vraiment peu de limites à ce que peut faire le gouvernement", a expliqué Geneviève Tellier, professeure d'études politiques à l'université d'Ottawa.

Lundi, la police canadienne a saisi des armes et des munitions et arrêté 11 personnes sur le blocage frontalier de Coutts en Alberta (ouest), point de passage avec les Etats-Unis paralysé depuis une semaine. Les autorités ont mis la main sur 13 armes d'épaule, des armes de poing, plusieurs ensembles de gilets pare-balles, et une grande quantité de munitions.


La rédaction de TF1info

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