"Convoi de la liberté" au Canada : la police interpelle des leaders du mouvement

Laetitia A. D.
Publié le 18 février 2022 à 7h39

Source : JT 20h Semaine

La police canadienne a interpellé jeudi plusieurs leaders du mouvement dans la ville d'Ottawa.
Depuis trois semaines, des centaines de camionneurs bloquent la capitale afin de protester contre la vaccination obligatoire requise pour franchir la frontière avec les États-Unis.

La police canadienne hausse le ton. Alors qu'Ottawa est paralysée depuis trois semaines par des manifestants anti-mesures sanitaires, des groupes de police d'interventions se sont déployés en masse ce jeudi dans la capitale canadienne afin de libérer les rues. 

Le chef intérimaire de la police d'Ottawa, Steve Bell, a averti les manifestants dans l'après-midi : "Si vous voulez partir de votre propre gré, c'est maintenant qu'il faut le faire". Il a aussi affirmé que ce week-end serait "bien différent des trois derniers". "Nous sommes prêts à agir pour expulser les manifestants illégaux de nos rues", a-t-il ajouté, parlant d'une intervention "imminente"

Dans la soirée, la police a procédé aux premières arrestations : Tamara Lich, l'une des organisatrices du convoi dit "de la liberté", a été interpellée par la police, selon le compte officiel du mouvement. Sur les images, elle est menottée et emmenée par deux policiers dans une voiture des forces de l'ordre. Elle crie à ses compagnons "Tenez bon". Un peu plus tôt, un autre leader, Chris Barber, avait été interpellé, une arrestation dans le calme là aussi filmée et postée sur les réseaux sociaux par des membres du mouvement. 

Pour la première fois depuis le début du mouvement, des groupes de policiers s'étaient positionnés en masse jeudi dans les rues d'Ottawa face aux contestataires et aux centaines de camions bloquant les rues. Un périmètre de sécurité a été érigé autour du centre-ville et une centaine de barrages permettent de contrôler les entrées dans la zone. 

Cette contestation n'a plus rien de "pacifique" selon Trudeau

Le Premier ministre Justin Trudeau a estimé jeudi matin que cette contestation n'avait plus rien de "pacifique". Le chef du gouvernement s'est exprimé lors d'un débat historique à la Chambre des communes portant sur la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence, une disposition exceptionnelle invoquée lundi pour la deuxième fois de l'histoire du Canada en temps de paix.  "L'objectif de toutes les mesures, y compris les mesures financières prévues dans la loi sur les mesures d'urgence, est de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation", a ajouté Justin Trudeau. Dans une lettre adressée aux Premiers ministres des provinces mercredi soir, il avait estimé que le mouvement "menaçait la démocratie" et minait "la réputation du Canada à l'étranger"

Lors d'une conférence de presse, la ministre des Finances et vice-Première ministre Chrystia Freeland, a expliqué que des "comptes bancaires d'individus et d'entreprises" liés au blocage avaient été gelés. Le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a qualifié la situation de "précaire", estimant que "les blocus illégaux aux frontières" avaient coûté des milliards de dollars à l'économie canadienne.

Des manifestants déterminés à rester "jusqu'à la fin"

Un mélange de pluie et de neige attendu dans les prochains jours pourrait compliquer les opérations de la police, confrontée à une situation complexe et périlleuse pour déloger les manifestants sans heurts. La police canadienne craint notamment la présence d'"éléments radicaux" mais aussi de nombreux enfants dans la manifestation, y compris des bébés. L'une des organisatrices du "Convoi de la liberté", Tamara Lich, a dit s'attendre à se faire arrêter. "Je pense que c'est inévitable maintenant...", a-t-elle affirmé dans une vidéo.

La ville d'Ottawa, la province de l'Ontario et le Canada entier sont sous état d'urgence en raison de ce mouvement de contestation sans précédent, parti de l'opposition des camionneurs à se faire vacciner contre le Covid-19 pour franchir la frontière entre le Canada et les États-Unis. Minimisé au départ par les autorités, le mouvement s'est étendu ces dernières semaines à l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.


Laetitia A. D.

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