PROTECTION – Après le nouveau test nucléaire réalisé par la Corée du Nord, les Etats-Unis et la Corée du Sud vont renforcer le dispositif du bouclier antimissile américain THAAD, censé permettre de contrer une éventuelle agression de Pyongyang. Ce moyen de défense suscite la colère des pays de la région, Chine et Russie en tête.
Peut-il constituer une défense efficace contre une potentielle attaque nord-coréenne ? Alors que les tensions ne cessent croître après les tirs de missiles et le nouveau test nucléaire de la Corée du Nord, Séoul a annoncé lundi matin que le bouclier antimissile américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) allait être renforcé en Corée du Sud. Alors que deux lance-missiles sont déjà opérationnels, "quatre lanceurs restants seront prochainement déployés de façon temporaire au travers de consultations entre la Corée du Sud et les Etats-Unis pour contrer les menaces nucléaire et balistique grandissantes du Nord", a indiqué le ministère de la Défense sud-coréen dans un communiqué.
Un déploiement décidé en 2016 qui n’en finit pas de susciter la colère des pays de la région, Chine et Russie en tête. Moscou et Pékin dénoncent une tentative d’incursion américaine dans leur zone d’influence et voient en ce système de défense un facteur supplémentaire d'instabilité régionale. Ont-ils raison de s’inquiéter ? Qui est à l’origine de ce moyen de protection ? Comment fonctionne-t-il ? Voici cinq choses à savoir sur le bouclier antimissile THAAD.
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Un système développé par Lockheed Martin dès 1995
Œuvre du géant américain de l’armement Lockheed Martin, THAAD a été testé pour la première fois en 1995, sans franche réussite tout d’abord. Ainsi, sur les neuf premiers tests opérés jusqu’en 1999, seuls les deux derniers ont été couronnés de succès. Une bévue qui n’a pas empêché l’industriel de se voir confier le développement du programme militaire par l’armée des Etats-Unis. Bien lui en a pris : tous les tests menés par la suite ont fonctionné.
Un bouclier pour contrer des missiles de longue portée
Son principal atout est qu’il permet d’atteindre des missiles de longue-portée se trouvant dans un rayon de 200 km et à une altitude de 150 km. Une amplitude qui offre la possibilité de détruire des engins balistiques dans la phase terminale de vol, alors qu'ils sont encore à l'extérieur de l'atmosphère ou qu'ils viennent d'y rentrer. L’intercepteur vient alors croiser la trajectoire du missile cible, le percute et finit par le faire exploser. Cette méthode est considérée comme plus sûre que les précédentes car elle empêche la dispersion de débris, contrairement aux missiles antimissiles qui détonnent à proximité de leur objectif.
Un radar de détection parmi les plus puissants jamais créés
Cette opération de haute précision est rendue possible par la présence dans le système THAAD d’un radar particulièrement précis lui aussi, dont la portée est, d’après les estimations, d’au moins 1000 km. C’est d’ailleurs là que réside le principal point de blocage avec la Chine, qui craint que ses dispositifs militaires ne se trouvent dans le champ de détection du radar. Celui-ci permet en effet de détecter une menace imminente, au sol comme en vol, avant de transmettre l’information à un lanceur transportant jusqu'à six missiles intercepteurs, qui tire ces engins "tueurs" en utilisant leur énergie cinétique pour détruire la cible.
Un coût de fabrication estimé à près d’un milliard d’euros
Selon l’agence Reuters, le coût de construction d'un bouclier antimissile THAAD est estimé à près de 886 millions de dollars, soit un peu plus de 810 millions d’euros. Un prix élevé auquel doivent être ajoutés les frais d'installation, de formation militaire et de soutien logistique. De quoi faire grimper la note : en 2012, le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont par exemple commandé aux Etats-Unis pour plus de 7,6 milliards de dollars de systèmes de défense antimissile THAAD.
Un succès international qui agace parfois là où il passe
Déployé sur un parcours de golf du comté de Seongju, à 200 kilomètres au sud de Séoul, le bouclier antimissile américain n’inquiète pas seulement les autres pays de la région. En avril, des centaines de sud-coréens, habitants de la zone d’installation, avaient manifesté leur colère et leurs craintes notamment en ce qui concerne les retombées environnementales du système de défense. Ces craintes avaient conduit Séoul à geler le déploiement de nouveaux lanceurs après l'installation des deux premiers.
Des crispations, de citoyens ou d’Etats, qui en rappellent d’autres. Si son installation n’a pas encore été finalisée, la mise en place d’un système antimissile américain similaire en Pologne et en Roumanie ne manque pas d’énerver la Russie.
Pour rappel, les tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ont considérablement augmenté ces derniers mois à mesure que Pyongyang et Washington ont surenchéri dans les menaces et que Kim Jong-Un a multiplié les provocations. Face à la poursuite des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, pourtant interdits par la communauté internationale, Donald Trump et nombre de responsables américains ont averti que toutes les options - y compris militaires et nucléaires - étaient "sur la table".
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