CONTRITION - Après avoir longtemps minimisé le coronavirus, le président Jair Bolsonaro a (enfin) passé des commandes massives de vaccin et se met à porter un masque. Un changement lié à la crise sanitaire qui ravage le pays... et son calendrier politique.
Confronté à une crise sanitaire qui ne cesse d'empirer au Brésil, Jair Bolsonaro change (un peu) de braquet. Le président a évincé mardi son ministre de la Santé - le troisième depuis le début de l'épidémie -, pour tenter de reprendre le contrôle des opérations. Fait inédit, le dirigeant qui a longtemps considéré le virus comme "une petite grippe" s'est enfin décidé à passer des commandes massives de vaccin. Et porte désormais le masque en public.
Jair Bolsonaro pouvait-il faire autrement ? Son pays accumule les mauvaises nouvelles : ses hôpitaux sont au bord de la saturation dans la plupart des États, et plus de 2000 décès quotidiens ont été enregistrés à plusieurs reprises la semaine dernière. Mardi, les autorités ont recensé 2841 morts en 24 heures, un nouveau record.
Au total, le pays de 212 millions d'habitants comptabilise 282.127 décès dus au Covid-19, ce qui en fait le deuxième pays le plus endeuillé au monde en valeur absolue, derrière les États-Unis. Un lourd bilan qui devrait grossir ces prochaines semaines : 90.303 nouveaux cas ont été enregistrés mercredi. Du jamais vu depuis un an.
Bolsonaro en chute dans les sondages
Devant ces décomptes macabres, beaucoup de Brésiliens ont, au fil des semaines, lâchés leur tonitruant président. Un sondage publié mercredi par l'institut Datafolha a montré que 43% de la population juge que Jair Bolsonaro est "le principal responsable" de l'aggravation de la situation sanitaire dans le pays. Un "responsable" qui, visiblement, commence à prendre les critiques au sérieux : sous pression, le chef de l'État a très récemment changé de discours concernant la vaccination, admettant qu'elle est indispensable pour que l'activité économique puisse reprendre.
Avant de se retirer mardi son maroquin au ministère de la Santé, le général Eduardo Pazuello - dépourvu de la moindre expérience médicale - avait ainsi annoncé que le président a acheté 100 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Ils devraient être livrés d'ici septembre. Pas moins de 38 millions de doses du vaccin Janssen devraient quant à elles arriver au second semestre.
Cela sera-t-il suffisant pour que Jair Bolsonaro redore son blason ? Le chef de l'État, rétif aux gestes barrière comme le port du masque, se met désormais à en porter un en public… Une stratégie politique plus qu'une conviction sanitaire, juge ses détracteurs. Et pour cause : Jair Bolsonaro redoute un "effet Lula". L'ancien président a recouvré ses droits politiques, et pourrait briguer la tête de l'État à la présidentielle de 2022. Une campagne qui sera sans doute sous le signe du Covid : l'ex-président de gauche s'est fait vacciner devant les caméras et a attaqué d'emblée la gestion "imbécile" de la crise sanitaire par son rival.
Tout
TF1 Info