AVEU D'ÉCHEC - Chacun des quatorze jours de la mise en quarantaine du Diamond Princess était accompagné de l'annonce de nouveaux cas de coronavirus à bord. Un bilan qui est monté jusqu'à plus de 600 cas ce mercredi, poussant les experts à s'interroger sur l'efficacité de cet isolement, au large du Japon.
Le constat est lapidaire. "La mise en quarantaine à bord du navire est un échec sans précédent." Dans les pages du New York Times, un médecin spécialiste des maladies infectieuses à Tokyo estime que la mise à l'isolement des 3700 membres d'équipage et passagers à bord du Diamond Princess était une erreur. Une observation difficile à rejeter tant les chiffres parlent d'eux-mêmes : la contagion touche désormais 621 individus, soit 79 cas de plus que la veille, selon le dernier bilan annoncé ce mercredi 19 février par le Japon, alors que le débarquement d'un premier groupe de personnes encore présentes à bord a désormais débuté.
Une mise à l'isolement vivement critiquée
Si certains peuvent y voir l'œuvre d’une malédiction, d'autres se rendent à l'évidence : des erreurs ont été commises. Certes, les experts tentent toujours de trouver comment le Covid-19 s'est transmis aussi rapidement et aussi facilement. Mais le navire représentant maintenant le plus grand groupe de cas en dehors de la Chine continentale, il est désormais clair que le contexte a permis la propagation du virus. Alors, tout d'abord, c'est la gestion à bord du Diamond Princess qui est critiquée. "Je suppose que les gens n'étaient pas aussi isolés les uns des autres que nous le pensions", constate simplement auprès de l'agence Associated Press (AP) le Dr Paul Hunter, professeur de médecine à l'Université d'East Anglia en Angleterre.
Interrogée par le Guardian, la docteure Clare Wenham relève elle aussi des failles dans les conditions de mise en quarantaine, qui étaient à la fois "moralement douteuses" et "contre-productives". Pour cette professeure en politique de santé mondiale à la London School of Economics, ce lieu est même devenu un "incubateur". L'organisation semble si laxiste que, même au sein des autorités sanitaires japonaises, trois membres qui assuraient la gestion du protocole ont été infectés.

La Dr. Nathalie MacDermott, experte en épidémies au King’s College de Londres, avance elle aussi que le dispositif n'a pas été "réalisé correctement". Citée par AP, elle pense cependant que cette stratégie "aurait pu fonctionner". Il manquait simplement aux responsables toutes les informations nécessaires, selon elle. "Il pourrait y avoir un mode de transmission que nous ne connaissions pas", comme par exemple via des conduits d’aération. "Nous devons comprendre comment les mesures à bord ont été mises en œuvre, à quoi ressemble la filtration de l'air à bord, comment les cabines sont connectées et comment les déchets sont éliminés", a-t-elle souligné. Et de noter qu'il aurait également été nécessaire de réaliser un "nettoyage profond" de l'engin avant son isolation. Étape impossible avec des milliers de personnes à bord.
Une quarantaine jugée "impossible"
D'autres experts sont beaucoup moins tolérants. Et considère que cette expérience était vouée à l'échec. Interrogé par le New York Times, Eiji Kusumi déclare que la seule "leçon" à tirer de cet événement est "qu'une mise en quarantaine sur un navire est impossible". D'autres scientifiques sont dans la même lignée, avançant que les passagers auraient dû être directement débarqués. "Les bateaux sont des endroits connus pour être des incubateurs de virus", note Arthur Caplan, professeur de bioéthique à la New York University School of Medicine.
Au-delà de la seule inefficacité de la méthode, c'est son côté immoral qui est pointé du doigt. Mark Eccleston, professeur de droit à l'Université de Keele, critique des autorités japonaises pour qui les droits de l'Homme semblent être devenus "une préoccupation secondaire". Spécialisé en droit de la santé mondiale, il rappelle que toute restriction aux libertés civiles au nom de la santé publique doit répondre à un certain nombre d'exigences pour être considérée comme légale et légitime. Ici, il souligne le caractère discriminatoire de cette mise à l'isolement. Tandis que certains passagers disposaient d'un balcon pour souffler, d'autres étouffaient dans une cabine d'une dizaine de mètres carrés, avec pour seule réconfort la promenade quotidienne sur le pont. Une prison sur l'eau.
C'est d'ailleurs sur ce dernier élément que cette mise en quarantaine est la plus critiquée. Si les autorités japonaises l'ont décidée, ce sont les passagers qui l'ont subie. Cette épreuve devait permettre de lutter contre le coronavirus. Il n'en est rien. 15% des personnes à bord sont désormais malades.
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