COVID-19 - Le gouvernement britannique misait tout sur l'"immunité collective" pour faire face au coronavirus, se refusant à interdire les grands rassemblements. Mais face aux critiques de l'OMS et à l'inquiétude de la population, Boris Johnson pourrait changer de méthode.
Alors que l'Italie est confinée et que la France ferme ses écoles, la Grande-Bretagne n'a pas encore pris de mesures strictes pour lutter contre le coronavirus. Depuis le début de l'épidémie, le Premier ministre Boris Johnson adopte une attitude plutôt détendue, et mise sur la stratégie de l'"immunité collective".
En effet, le chef du gouvernement espère que le virus se propage lentement, de façon à ce que la population britannique développe une "immunité collective". Il espère retarder le pic de l'épidémie à l'été pour amortir le choc pour les services de santé, et a donné pour consigne que les personnes présentant des symptômes restent confinées pendant une semaine.
"Il n’est pas possible d’éviter que tout le monde attrape le virus. Et ce n’est pas non plus souhaitable, car il faut que la population acquière une certaine immunité", a expliqué dans la semaine le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance. Selon cet ex-chef de la recherche et développement du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK), un tel processus pourrait fonctionner si 60% de la population était atteinte.
Une stratégie qui entraînerait la contamination de 40 millions de Britanniques
La population britannique étant de 66 millions d'habitants, cela voudrait dire qu'il faudrait que 40 millions d'entre eux soient infectés par le coronavirus. Et donc que plusieurs millions développent une forme grave de la maladie. De quoi déborder les services de santé. Des centaines de milliers de morts seraient également à déplorer.
L'OMS a critiqué une telle approche, via sa porte-parole. Ce samedi à la BBC, elle a déclaré : "On peut parler théorie, mais pour l'instant nous sommes dans une situation où il faut agir. Nous n'en savons pas assez sur ce virus, il n'a pas atteint la population depuis assez longtemps pour savoir quels sont ses effets sur le plan immunologique", a-t-elle ajouté.
Lire aussi
EN DIRECT - Suivez en direct toute l'actualité liée au coronavirus
Lire aussi
VIDÉO - Coronavirus : des centaines de touristes bloqués au Maroc après l'arrêt des vols
Lire aussi
Coronavirus : le nombre de cas en Italie permet-il de prédire ce qu'il se passera en France ?
Vers un changement de stratégie
Face à la polémique qui monte dans la société britannique, le gouvernement pourrait revoir peu à peu sa copie. Il s'apprête à revoir son approche et à interdire les rassemblements de masse. Selon les médias britanniques, une législation d'urgence doit être adoptée la semaine prochaine au Parlement et l'interdiction des grands rassemblements entrerait en vigueur à partir du week-end.
De même, selon plusieurs médias britanniques, le gouvernement s'apprête à annoncer le confinement des personnes de plus de 70 ans jusqu'à 4 mois. "Ca fait partie de notre plan d'action, oui, nous le dévoilerons plus en détail le moment venu", a confirmé Matt Hancok. Selon la presse britannique, outre la fermeture des pubs et restaurants, ou encore des écoles, mesures déjà mise en place dans plusieurs pays en Europe, le gouvernement envisage réquisitions de cliniques et même d'hôtels pour soigner les patients.
Le nombre de cas a franchi ce samedi 14 mars le cap du millier, avec 1140 personnes testées positives, contre 798 la veille. Mais un haut responsable de santé a estimé cette semaine que le nombre de personnes infectées se situerait en réalité entre 5000 et 10.000.