À LA LOUPE – Les images d'un convoi militaire italien laissent perplexes de nombreux internautes. Est-il vrai qu'elles montrent l'armée transporter les cercueils de personnes décédées à Bergame vers d'autres villes du pays ?
L'épidémie de coronavirus s'intensifie en France, mais elle continue également de faire des victimes chez nos voisins italiens, où l'on déplore plus de 3.000 morts ce jeudi 19 mars. Dans la ville de Bergame, non loin de Milan et qui figure parmi les plus durement touchées, la situation est si critique qu'elle nécessite l'intervention de l'armée. C'est en tout cas ce qu'affirment plusieurs publications sur les réseaux sociaux, expliquant que, faute de place dans les crématoriums, les cercueils sont transportés dans d'autres villes par des véhicules militaires.
Aux français que encore sortent et ne croient pas à la létalité du #COVID19 . Ça c’est l’armée 🇮🇹qui est en train d’amener les corps des victimes du #coronavirus dans les crématoriums d’autres villes, car à Bergame il n’y a plus de place. #RESTEZCHEZVOUS #RestezChezVousBordel pic.twitter.com/cKcB6LPm4z — Cinzia Rizzi (@cinziarizzi7) March 19, 2020
Relayée par des journalistes, cette information surprend en France, si bien que certains internautes se demandent s'il ne s'agit pas, dans le contexte actuel, d'une fake news parmi tant d'autres.
Une soixantaine de cercueils évacués en une soirée
Après vérification dans les médias italiens, le doute n'est pas permis : il s'agit en effet de faits avérés, relayés tant pas la presse locale que nationale. Les faits "se sont déroulés dans la soirée du 18 mars", souligne le quotidien L'Eco di Bergamo, ajoutant que les véhicules militaires "ont transporté une soixantaine de cercueils vers d'autres régions, dans les crématoriums de villes qui ont accepté de les accueillir".
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Le journal détaille la liste des villes ayant proposé leur aide, et note qu'une fois les crémations effectuées, "les cendres des défunts seront rapatriées à Bergame". Ces opérations sont assurées par l'armée, sous l'égide des villes et des préfectures concernées. Le choix de la crémation fait par de nombreuses familles a compliqué la mission des services funéraires ces derniers jours : seuls 25 corps peuvent en effet être pris en charge quotidiennement dans la ville, malgré un fonctionnement 24 heures sur 24. La contamination d'une partie du personnel n'a pas non plus aidé.
Les autorités précisent que le soutien de l'armée n'était que ponctuel, afin de permettre à la ville de palier à l'urgence. De tels convois n'ont donc théoriquement pas vocation à être généralisés. La Repubblica, quotidien national italien, rappelle qu'avant l'intervention des militaires, les cercueils étaient entassés depuis plusieurs jours, faute de pouvoir être pris en charge.
L'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi a partagé son émotion jeudi, évoquant une "terrible urgence sanitaire" dans son pays. Le leader de la Ligue du Nord et ancien ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, s'est quant à lui ému de la situation de Bergame, évoquant des images "déchirantes", qui frappent avec "la violence de centaines de coups de poing".
Siamo davanti a un'emergenza sanitaria terribile. Ma non finisce qui: l'emergenza economica delle nostre imprese sarà altrettanto grave. Ci aspettano mesi di battaglia durissima. Ce la faremo, perché siamo l'Italia. Ma quanto sarà tosta! #AndràTuttoBene — Matteo Renzi (@matteorenzi) March 18, 2020
Les ravages faits dans cette ville par l'épidémie se traduisent par les très nombreuses nécrologies qui paraissent dans les journaux locaux. Comme l'a rapporté Libération mercredi, ce ne sont pas moins de 11 pages qui leur ont été consacrées le 14 mars dans L'Eco di Bergamo, contre deux en temps normal.
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