Sous le feu des critiques, la Chine tente d'apaiser les esprits

Publié le 17 avril 2020 à 18h16

Source : JT 13h Semaine

EPIDEMIE - Les autorités chinoises, confrontées aux critiques des Occidentaux mais aussi de sa propre population, a plaidé pour l'unité ce vendredi face au virus. Et a reconnu que le bilan était plus lourd qu'initialement annoncé.

Des "imprécisions" mais aucune "dissimulation" : les autorités chinoises se sont livrées ce vendredi à un délicat exercice de communication, jouant à la fois la carte de la transparence et celle de la fermeté dans le bras de fer diplomatique qui se joue face aux Occidentaux. En cause : la gestion par Pékin de la crise sanitaire, vilipendée depuis 24 heures par plusieurs pays. Mais aussi au sein d'une frange de la population de Wuhan.

Déjà entretenues par Donald Trump – qui tempête depuis des semaines contre le "virus chinois" –, les tensions diplomatiques se sont brusquement accélérées jeudi 17 avril. Tour à tour, Paris et Londres ont multiplié les critiques ou les désaveux, Emmanuel Macron estimant notamment qu'il y avait "manifestement des choses qui se sont passées qu'on ne sait pas". Fait rare, les autorités chinoises ont réagi en misant sur la transparence : "Il n'y a jamais eu aucune dissimulation et nous n'autoriserons jamais aucune dissimulation", a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian. Vantant la "réponse (...) irréprochable" de son pays à cette crise sanitaire, Zhao Lijian a cependant reconnu "des retards" et "des omissions" dans l'enregistrement des décès.

Une hausse de 40% du nombre de morts

Hasard du calendrier, la mairie de Wuhan a en effet créé la surprise ce vendredi en révisant à la hausse son nombre de morts. Un bilan qui a bondi de 40% : pas moins de 1.290 morts se sont ainsi ajoutés, officiellement car ils étaient décédés chez eux et non à l'hôpital. Ce nouveau décompte porte à 4.632 le bilan des décès enregistrés dans le pays le plus peuplé du monde.

Avec un système politique qui pousse à cacher les mauvaises nouvelles, cette réévaluation à la hausse constitue une volte-face de la part du pouvoir chinois. Longtemps, les autorités locales ont en effet tenté d'étouffer les informations concernant l'épidémie : des médecins qui avaient alerté leur entourage ont ainsi été convoqués par la police. L'un d'entre eux, le docteur Li Wenliang, décédé du Covid-19 début février, fait désormais figure de héros national, vénéré par les autorités au mépris de ceux qui ont pris son parti depuis le début de ses révélations.

Une plainte déposé par un fonctionnaire chinois contre les autorités

Au sein de la population, cette communication en dents de scie peine à convaincre. Fait rarissime, un fonctionnaire chinois a ouvertement accusé les autorités d'avoir dissimulé l'épidémie de Covid-19, déposant plainte ce jeudi contre elles. L'épidémie est "un problème très grave (...) il est nécessaire d'appeler la province du Hubei à prendre ses responsabilités", a-t-il expliqué sur un réseau social. Le plaignant affirme avoir été convoqué par la police, qui lui a demandé de s'engager par écrit à ne plus s'exprimer en ligne sur ce sujet.

Confrontés aux critiques de la communauté internationale et celles de certains de ses citoyens, Pékin a tenté de calmer le jeu ce vendredi. "Il est impératif que tous les pays s'unissent pour combattre l'épidémie et gagner la guerre" contre le Covid-19, a indiqué devant la presse Zhao Lijian. Vladimir Poutine et Emmanuel Macron l'ont visiblement entendu : les deux hommes ont évoqué vendredi la possibilité d'une réunion entre les dirigeants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. A savoir la Russie, la France, la Chine, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L'occasion de laver son linge sale en "famille" ?


La rédaction de TF1info

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