Des militaires ont annoncé lundi à la télévision publique avoir pris le pouvoir au Burkina Faso.Le président Marc Roch Christian Kaboré a été chassé du pouvoir.Comment le pays en est-il arrivé là ? Explications.
Le Burkina Faso renoue avec la crise. Déjà miné par des attaques djihadistes à répétition depuis 2015, le pays fait désormais face à un coup d'État militaire. Des militaires ont chassé du pouvoir le président Marc Roch Christian Kaboré. Retour sur les événements qui ont plongé Burkina dans l'inconnu. Une nouvelle fois.
Une rapide prise du pouvoir
Trois jours. C'est le temps qu'il aura fallu entre les manifestations qui ont débuté samedi et le coup d'État de ce lundi. Durant le weekend, des manifestants ont en effet bravé l'interdiction de se rassembler pour protester contre l'impuissance des autorités face à la violence des djihadistes. Le dimanche, les incidents se propagent dans plusieurs casernes du pays, où des coups de feu retentissent. En particulier dans le camp Sangoulé Lamizana, à la sortie ouest de Ouagadougou.
C'est là que se situe la prison où est détenu le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014. Condamné à 20 ans de prison pour une tentative de putsch en 2015, le général Diendéré est actuellement jugé pour son rôle présumé dans l'assassinat en 1987 de l'ancien président Thomas Sankara.
Dans Ouagadougou, des partisans des mutins incendient le siège du parti au pouvoir. Ils réclament le "remplacement" des chefs de l'armée, des "moyens adaptés" dans la lutte contre les groupes djihadistes. Dans la soirée, le président décrète un couvre-feu. Mais il est trop tard : Marc Roch Christian Kaboré est arrêté le lundi, avec le chef du Parlement et des ministres. Des militaires en uniforme annoncent à la télévision nationale avoir pris le pouvoir, s'engageant au "retour à un ordre constitutionnel" dans "un délai raisonnable". Le gouvernement dissous, la Constitution suspendue. Les frontières aériennes, fermées dans un premier temps devaient être rouvertes à compter de mardi.
Un contexte explosif depuis plusieurs mois
Au pouvoir depuis 2015, le président Kaboré, réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte antijihadiste sa priorité, était de plus en plus contesté par une population excédée par les violences et son impuissance à y faire face. La majorité du territoire, en particulier l'est et le nord, sont le théâtre d'attaques quasi quotidiennes des groupes affiliés à Al-Qaida et l'État islamique. L'armée, souvent dépassée et visée, n'arrive pas à endiguer ces violences meurtrières qui ont fait plus de 2.000 morts et contraint au moins 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.
Emmanuel Macron a indiqué ce mardi avoir contacté plusieurs dirigeants de la région pour rappeler que la France "condamne ce coup d'État militaire" qui s'inscrit "dans une succession de coups d'État qui sont extrêmement préoccupants au moment où la région doit avoir une priorité qui est la lutte contre le terrorisme islamiste". Le président français a précisé que, selon ses informations, le président Kaboré n'était pas pour l'heure "menacé dans son intégrité physique".
Une histoire jalonnée de coups d'État militaires
Depuis son indépendance, le Burkina Faso a essuyé 7 coups d'Etat. En 1966, l'armée prend le pouvoir à la suite de grèves et de manifestations contre l'austérité. En 1980, après quatorze ans à la tête de l'État, le président Sangoulé Lamizana est à son tour renversé. Puis, en 1982, un Conseil de salut du peuple (CSP) renverse le colonel Saye Zerbo. Le capitaine Thomas Sankara est nommé Premier ministre le 10 janvier 1983. Sept mois plus tard, ce dernier est porté à la tête d'un "Conseil national de la Révolution" (CNR) et instaure une "révolution démocratique et populaire". Le coup d'État est dirigé par son frère d'armes, le capitaine Blaise Compaoré.
En 1987, Blaise Compaoré, en conflit avec Thomas Sankara, prend le pouvoir lors d'un coup d'État meurtrier : le père de la "révolution" burkinabè est tué ainsi que 12 de ses collaborateurs. En 2014, Blaise Compaoré est chassé par la rue pour avoir voulu modifier la Constitution et se maintenir au pouvoir.
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