Les dirigeants de l'UE se sont retrouvés ce jeudi à Bruxelles pour tenter d'aboutir à une réponse commune face à la flambée de l'énergie.Mais la fracture de plus en plus visible entre Paris et Berlin rend l'équation difficile.Le malaise a grandi entre les deux dirigeants ces derniers mois, avec notamment des dissonances sur les réponses à apporter à la coopération militaire et aux projets communs d'armement.
Emmanuel Macron et Olaf Scholz vont-ils parvenir à enterrer la hache de guerre ? Les deux dirigeants se sont entretenus ce jeudi avant le début d'un sommet européen, centré sur la flambée des prix de l'énergie, pour tenter d'aplanir les "divergences" entre les deux pays sur les moyens de faire baisser les prix du gaz et de l'électricité. Ces tensions ont conduit mercredi au report à janvier du Conseil des ministres franco-allemand prévu le 26 octobre à Fontainebleau, en France.
"J'ai toujours considéré que mon devoir était de tout faire pour que nous trouvions les chemins d'accord entre l'Allemagne et la France, qui permettent ensuite de construire les accords européens", a insisté le président français. Joignant le geste à la parole, l'Élysée a annoncé dans l'après-midi qu'Emmanuel Macron recevra mercredi 26 octobre à Paris le chancelier allemand, sans les ministres franco-allemand.
Comment en est-on arrivé là ? Le président français a notamment estimé ce jeudi à Bruxelles que Berlin jouait une partition solitaire, semblant rejeter sur les Allemands la responsabilité des difficultés européennes. "Je pense que ce n'est pas bon ni pour l'Allemagne ni pour l'Europe qu'elle s'isole (...). Notre rôle est de tout faire pour qu'il y ait une unité européenne et que l'Allemagne en fasse partie", a-t-il dit. "Il est très clair que l'Allemagne a toujours agi de façon très solidaire", a répliqué Olaf Scholz.
Plan de soutien pour l'économie allemande
Cet égoïsme pointé par le président français fait suite au plan de soutien à 200 milliards d'euros pour l'économie allemande, annoncé fin septembre par le chancelier sans aucune concertation avec ses partenaires. Un plan qui trouve peu de précédents dans une Allemagne soucieuse de ses comptes publics et qui a agacé ses partenaires européens. La France en particulier n'a pas été mise dans la confidence malgré les contacts réguliers entre les deux dirigeants. Les pays de l'UE, eux, craignent que ce cavalier seul fragmente un peu plus une Europe à plusieurs vitesses. Ils goûtent en outre peu le double discours allemand : plaider l'austérité à Bruxelles et s'opposer à des dettes communes, tout en dépensant elle-même sans compter. Olaf Scholz souligne de son côté que son plan s'inspire d'autres dispositifs en vigueur en Europe, en France en particulier où l'État finance un plafonnement des prix de l'énergie.
Plafonnement européen du prix du gaz
Le couple franco-allemand se divise également sur la question d'un plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité. Un dispositif de ce type est déjà appliqué en Espagne et au Portugal, où il a permis de faire chuter les prix. Plusieurs pays, dont la France, demandent l'extension de ce mécanisme, dit "ibérique", à l'échelle de l'UE. Mais l'Allemagne, particulièrement énergivore, s'y oppose, ainsi que plusieurs pays nordiques, dont le Danemark et les Pays-Bas, rétifs aux interventions étatiques sur les marchés. Berlin estime que faire baisser artificiellement le prix du gaz nuirait à l'objectif de sobriété énergétique, en incitant à consommer plus.
La situation énergétique nourrit aussi d'autres tensions entre les deux pays, l'Allemagne n'hésitant pas par exemple à dénoncer en septembre l'état des centrales nucléaires françaises, qui obligerait Berlin à compenser les manques avec de l'électricité provenant de centrales au gaz.
Bouclier anti-missile
Une autre source de tensions pollue par ailleurs la relation franco-allemande. Olaf Scholz a annoncé cet été que l'Allemagne allait se doter d'un bouclier anti-missile et anti-aérien, assemblage de systèmes européen (Iris-T), américain (Patriot) et, potentiellement, israélien ("Dôme de fer", développé par l'entité Rafael). Ce futur "Bouclier du ciel européen" a depuis séduit 14 pays de l'Otan, dont le Royaume-Uni, les pays baltes ou encore la Belgique et les Pays-Bas, la Finlande et la Norvège. Mais si ce projet suscite l'enthousiasme de l'Alliance, il n'enchante guère l'Élysée, où un conseiller s'alarme d'une éventuelle "relance de la course aux armements en Europe". La France préfère continuer de miser sur son système de défense sol-air de moyenne portée MAMBA.
Avion de combat européen
Enfin, un vieux serpent de mer continue de diviser le couple franco-allemand, il s'agit du Système de combat aérien du futur (Scaf), porté notamment par Paris et Berlin, qui stagne depuis un an. Ce projet, lancé en 2017 et censé remplacer en 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols, est victime de querelles sur le partage des tâches entre Paris, Berlin et Madrid. Les contrats permettant d'engager cette nouvelle phase n'ont toujours pas été passés, faute d'accord entre le Français Dassault Aviation et son partenaire principal Airbus, représentant les intérêts de l'Allemagne et de l'Espagne. "Politiquement, on est d'accord, ça coince au niveau des entreprises. Dassault a peur de perdre sa position sur le marché", décrypte un responsable français. Le gouvernement français a encore assuré en septembre que ce futur avion "se ferait". Mais il est devancé par le Tempest, un projet concurrent porté par la Grande-Bretagne.
Sur le
même thème
- Après les chars allemands, des avions vers l'Ukraine ? Berlin ferme la portePublié hier à 12h12
- EN DIRECT - Grève du 31 janvier : trafic fortement perturbé à la SNCF et la RATPPublié le 22 janvier 2023 à 9h20
- L'Australie et la France se réconcilient sur fond de conflit en UkrainePublié hier à 19h46
- REVIVEZ - France-Danemark : les Bleus s'inclinent en finale du MondialPublié le 29 janvier 2023 à 18h30
- Livraison de chars Leopard à l'Ukraine : pourquoi le feu vert allemand a autant trainéPublié le 25 janvier 2023 à 12h44
- La France représentée par l'Allemagne lors de sommets internationaux ?Publié le 16 décembre 2022 à 17h08
- L'Espagne et l'Allemagne en veulent, la France s'y oppose : on vous explique le projet de gazoduc MidCatPublié le 7 octobre 2022 à 15h42
Tout
TF1 Info
- 1Après les chars allemands, des avions vers l'Ukraine ? Berlin ferme la portePublié hier à 12h12
- 2L'Australie et la France se réconcilient sur fond de conflit en UkrainePublié hier à 19h46
- 3
- 8Bientôt un nouveau royal baby chez les Windsor !Publié le 24 janvier 2023 à 15h26
- 10Pas d'employé, pas de magasin : en Dordogne, ce boulanger travaille au bord de la route !Publié le 27 janvier 2023 à 16h35
- 1EN DIRECT - L'Ukraine domine les candidatures connues pour le prix Nobel de la paix 2023Publié aujourd'hui à 7h22
- 2Des avions de chasse à l'Ukraine ? Un refus catégorique pour Biden, Macron ne dit pas nonPublié aujourd'hui à 7h15
- 3En pleine bataille de la réforme des retraites, la popularité de l'exécutif s'effritePublié aujourd'hui à 6h58
- 4Noël Le Graët n'a "plus la légitimité" pour gérer le foot français, conclut un audit accablantPublié aujourd'hui à 6h44
- 5Météo : quel temps ce mardi 31 janvier ? Les prévisions du jourPublié aujourd'hui à 6h29
- 7Quelles mairies seront fermées mardi pour protester contre la réforme des retraites ?Publié aujourd'hui à 6h04
- 8Grève du 31 janvier : garde d'enfant, vélo, covoiturage, vos plans B face à la grèvePublié aujourd'hui à 5h59
- 9Grève du 31 janvier : écoles, raffineries, transports... à quelle mobilisation s'attendre ?Publié aujourd'hui à 5h59
- 10Grève SNCF du 31 janvier : "très fortes perturbations" attendues, voici les prévisions de traficPublié aujourd'hui à 5h59
- 2L'Australie et la France se réconcilient sur fond de conflit en UkrainePublié hier à 19h46
- 3
- 4Des avions de chasse à l'Ukraine ? Un refus catégorique pour Biden, Macron ne dit pas nonPublié aujourd'hui à 0h34
- 5Après les chars allemands, des avions vers l'Ukraine ? Berlin ferme la portePublié hier à 12h12
- 6Le youtubeur MrBeast permet à 1000 personnes aveugles de recouvrer la vuePublié hier à 17h03
- 7Mort de Tyre Nichols : un sixième policier mis en causePublié hier à 23h33
- 9
- 10Guerre en Ukraine : la Russie va introduire un cours de formation militaire dès le collègePublié le 29 janvier 2023 à 13h38
- InternationalMort de Tyre Nichols : la nouvelle affaire qui choque l'Amérique
- Sujets de société31 janvier, 2e round contre la réforme des retraites
- InternationalL'Occident se résout à livrer des chars à l'Ukraine
- TransportsUn "incendie volontaire" paralyse la gare de l'Est
- PolitiqueLe PS se déchire sur l'élection de son patron