CRISE - Le président Jair Bolsonaro est de plus en plus affaibli après de multiples dérapages. Cette fois, c'est un juge de la Cour suprême qui a diffusé vendredi une vidéo très compromettante.
Elle était censée rester confidentielle... Pas de chance, la vidéo officielle d'une réunion ministérielle du 22 avril, au cours de laquelle le président brésilien multiplie les insultes et les jurons, et s'en prend violemment aux gouverneurs du pays ayant pris des mesures contre le coronavirus, a été rendue publique vendredi par un juge de la Cour suprême. Un énième dérapage de Jair Bolsonaro, alors que le Brésil voit s'envoler le nombre de décès dus au Covid-19 : plus de 20.000, et au moins 300.000 cas recensés, ce qui en fait le troisième pays le plus contaminé de la planète.
Cette vidéo est en fait une pièce à conviction clé de l'enquête visant à établir si le président d'extrême droite a tenté d'interférer illégalement dans des enquêtes policières visant certains de ses proches. Ces accusations ont été formulées par l'ex-ministre de la Justice, Sergio Moro, ancien juge anti-corruption très populaire qui a démissionné avec fracas il y a un mois, après le limogeage du chef de la police fédérale, un des principaux organes d'investigations du Brésil.
La dangerosité du virus minimisée
Lors de cette réunion, dont les images tournent en boucle sur les chaînes de télévision brésiliennes, Jair Bolsonaro semble avouer ses tentatives d'interférence. On le voit par exemple se plaindre de ne pas obtenir d'informations de la police fédérale. À un autre moment, il lance : "Je ne vais pas attendre qu'ils emmerdent toute ma famille ou mes amis pour changer les chefs de la sécurité à Rio de Janeiro".
Mais la vidéo est également truffée de dérapages du chef de l'Etat et de ses ministres sur d'autres sujets. Ainsi, les outrances s'enchaînent sur la nécessité d'envoyer tous les juges en prison, quand ce n'est pas le ministre de l'Environnement, Ricardo Salles, qui veut, lui, profiter de l'"opportunité du fait que la presse soit focalisée sur le coronavirus" pour "passer des réformes et assouplir les règles" liées notamment à la préservation de l'Amazonie. Mais la vérité, c'est que le vide se crée autour du président d'extrême-droite, qui continue de nier la dangerosité du virus malgré l'hécatombe.
"Ce qu'ils veulent, c'est notre sang, notre liberté. Ce que ces types ont fait avec ce virus, cette merde de gouverneur de Sao Paulo et celui de Rio, ils ont profité du virus, comme cette merde de maire de Manaus qui est maintenant en train de creuser des fosses communes, une merde", vocifère-t-il dans la vidéo. Une allusion aux mesures de confinement prises par les gouverneurs de la plupart des Etats pour tenter d'endiguer la pandémie de coronavirus.
La diffusion de cette vidéo est particulièrement embarrassante pour un gouvernement enlisé dans une grave crise institutionnelle, et qui continue à minimiser les risques réels du Covid-19, ce qui jette le trouble parmi les habitants. Le tout alors que l'OMS vient de désigner l'Amérique latine comme nouvel épicentre mondial de la pandémie.
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