Au Pérou, visières et doubles masques sont-ils vraiment devenus obligatoires ?

Publié le 26 avril 2021 à 18h24
Les mesures sanitaires se sont renforcées au Pérou afin de lutter contre l'épidémie.

Les mesures sanitaires se sont renforcées au Pérou afin de lutter contre l'épidémie.

Source : ERNESTO BENAVIDES / AFP

PROTECTION - Voisin de Brésil où l'épidémie fait rage, le Pérou cherche à se protéger du virus. Des internautes assurent d'ailleurs que le port d'un double masque et d'une visière est devenu obligatoire... Ce qui est vrai, dans certains lieux publics.

Le port du masque vous indispose ? Alors oubliez le Pérou pour vos futures vacances. À en croire des publications en ligne, le pays sud-américain aurait renforcé ses mesures et exigerait désormais que les habitants portent non pas un, mais deux masques superposés. Ce n'est pas tout puisqu'à cet équipement s'ajouterait un autre accessoire, une visière transparente afin de réduire encore davantage les risques de contamination et de propagation du Covid-19.

Après vérification, on observe que le pays a bien décidé de mesures supplémentaires. Si le double masque est désormais requis dans certains lieux, à l'instar de la visière, ce n'est toutefois pas le cas dans l'ensemble de l'espace public. Face à la menace du variant brésilien et à la saturation du système de santé, les autorités ont d'ailleurs mis en place une série de mesures complémentaires.

Un véritable attirail

Au Pérou, la situation est actuellement critique : la barre des 60.000 morts est en passe d'être franchie, ce qui, une fois rapporté à la population globale, correspond à 183 décès pour 100.000 habitants. Un niveau à peine inférieur à celui du Brésil et supérieur à celui de la France, où l'on déplore jusqu'à présent 153 décès pour 100.000 habitants. Le voisin brésilien fait d'ailleurs l'objet de nombreuses préoccupations, le variant qui y sévit ayant déjà transité par les quelque 3.000 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays. 

Dans la capitale péruvienne, Lima, ce variant représente pas moins de 40% des contaminations, a assuré le ministre de la Santé. Une situation qui pousse les pouvoirs publics à agir, d'autant qu'à la mi-avril, le système hospitalier touchait à ses limites. 15.000 patients pris en charge pour des cas de Covid-19,dont plus de 2600 en soins intensifs. C'est dans ce contexte que le post du double masque a été décidé.

Lire aussi

Précisions que dans un premier temps, outre le port du masque traditionnel, ce sont les visières qui avaient été imposées. Le journal As relate qu'un décret a fixé son usage pour le rendre obligatoire du 19 avril au 9 mai. Le texte stipule qu'il devient impératif de porter une visière "pour entrer dans les établissements à risque d'agglomération tels que : centres commerciaux, galeries, supermarchés, marchés, entrepôts et pharmacies". Depuis ce lundi, il est en de même pour le double masque dans les mêmes lieux, à la faveur d'un nouveau décret. Le gouvernement a annoncé des distributions gratuites pour tous afin qu'il soit plus aisé de s'équiper.

Notons que d'autres mesures ont été décidées au cours des dernières semaines. Des jauges sont en place dans de nombreux établissements, tandis que les cinémas, les gymnases ou les théâtres gardent portes closes. Interdiction également de se rendre dans les lieux de culte ou sur les plages. Les habitants de Lima et de 41 des 196 provinces du pays sont par ailleurs tenus de rester chez eux le dimanche. Si la vaccination a débuté le 9 février, moins de 2% des Péruviens ont pour l'heure reçu une dose. La France s'approche à titre de comparaison des 20%.

Le double masque contesté

Faut-il s'inspirer du Pérou en ce qui concerne le port de doubles masques ? La question peut se poser, d'autant que des études mettent en avant la plus grande réduction des aérosols dispersés par la toux. Des travaux dont LCI se faisait l'écho il y quelques semaines, mais qui ne convainquent pas forcément dans l'Hexagone. Premier organisme certificateur des masques grand public en France, l'Afnor invite estime qu'il faut se montrer prudent avec ces recommandations. "La pratique du double port de masque génère à nos yeux plus de risques que de bénéfices escomptés", nous a-t-on indiqué.

Deux limites sont présentées. La première concerne le fait qu'avec deux masques, "on augmente les manipulations potentielles, donc les risques de contamination : porter un seul masque est déjà complexe, si l’on s’astreint à bien respecter le lavage de main avant et après la pose, ne pas le toucher, bien couvrir la bouche et le nez". L'Afnor estime qu'ajouter "un deuxième masque augmente les risques de devoir l’ajuster, de toucher la face avant qui potentiellement porte le virus, sans être en mesure de se laver les mains ensuite."

Masque en extérieur : inutile, vraiment ?Source : TF1 Info

L'autre point mis en avant est le suivant : l'organisme souligne qu'altérer "la respirabilité, sous couvert d’augmenter l’étanchéité du masque" peut se révéler potentiellement "problématique au quotidien, a fortiori lors d’une discussion soutenue ou d’une marche rapide. Si le masque n’est pas supporté, le porteur peut être amené à le retirer alors qu’il n’est pas isolé, ou en mesure de se laver les mains et de remettre un autre masque". Masque unique et gestes barrières sont donc plutôt recommandés.

Si le port d'un double masque, comme celui d'une visière, est désormais imposés dans de nombreux lieux publics au Pérou, on constate donc que d'un pays à l'autre, de telles mesures ne sont pas jugées aussi pertinentes. Du côté de Lima, on espère surtout parvenir à freiner une épidémie toujours plus meurtrière. Ces dernières semaines, de tristes records ont été battus à plusieurs reprises, en particulier celui du nombre de décès journaliers (plus de 400 lors des pics les plus élevés).

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info