ÉPIDÉMIE – Pékin est en alerte après de nouvelles contaminations dans le Hebei, bien en dessous des autres pays touchés mais suffisant à inquiéter les autorités. Des dépistages massifs et des quarantaines localisées ont été mis en place aussitôt.
Ces dernières semaines, des foyers de contaminations sont apparus en Chine, obligeant les autorités locales à déployer de vastes moyens pour éviter qu’ils ne s’étendent. Premier touchés, les Chinois ont aussi été les premiers à enrayer la propagation du virus et à reprendre une vie à peu près normale à force de quarantaines, de dépistages massifs et de suivi des déplacements. À Wuhan par exemple, qui a été la ville berceau de la pandémie il y a maintenant plus d’un an, les images d’un quotidien retrouvé ont fait le tour du monde.
Alors, serait-ce un retour à la case départ pour Pékin ? Difficile de savoir exactement comment évolue l’épidémie dans un pays qui filtre soigneusement ses informations. Ce que l’on sait en revanche, c’est que cela tombe mal pour le Parti communiste, qui doit fêter le Nouvel an chinois le 12 février prochain. Retour sur la résurgence de l’épidémie dans le premier pays touché au monde.
Des grands moyens déployés dès novembre
En réalité, depuis que la vie a repris son cours en Chine, des foyers de contamination se sont toujours développés de manière éparse. Mais en novembre, plusieurs cas de contamination recensés à Shanghai génèrent une certaine inquiétude chez les autorités, qui sortent aussitôt les grands moyens. Ainsi, le 23 novembre, un dépistage massif s’organise rapidement parmi le personnel de l’aéroport de Pudong, à Shanghai, suite à la découverte de six malades, visiblement liés à des employés. Un septième cas conduit le lendemain à l’annulation de plus de 500 vols au départ de Pudong.
Le 9 décembre, 250.000 habitants de la ville de Chengdu, au sud du pays, sont appelés à se faire tester après qu’un couple de personnes âgées est tombé malade. Trois jours plus tard, c’est toute une ville du nord de la Chine qui se retrouve coupée du monde après la détection d’un cas positif, un homme travaillant au port. Dongning est alors placée en "mode de temps de guerre", selon les responsables locaux : ses transports sont mis à l’arrêt tandis que ses 200.000 habitants ne peuvent en partir que sur la présentation d’un test négatif au Covid-19.
Fin décembre, le Parti communiste se félicite sa gestion de la crise sanitaire, qui aurait "permis une victoire glorieuse extrêmement extraordinaire dans cette année extrêmement inhabituelle". L’année se termine mieux qu’elle n’a commencé pour la Chine, qui ne s’est officiellement confrontée qu'à une seule vague de l’épidémie, alors que les contaminations explosent en Europe et en Amérique. Mais c’est sans compter sur les jours qui vont suivre.
Le 6 janvier, Shijazhuang, une grande ville proche de Pékin, ferme ses routes et ses écoles après l’apparition d’un foyer de contamination de 117 personnes. Au total, 310 nouveaux malades sont rapportés cette semaine-là dans la province du Hebei. La majorité provient de Shijazhuang et conformément aux mesures déployées jusqu’ici, la ville de 11 millions d’habitants se barricade, ainsi que celle de Xingtai, empêchant alors 18 millions de personnes de quitter les lieux. En parallèle, plusieurs responsables, comme le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies, attribuent ces récentes contaminations à des venues de l’étranger. Et notamment les produits surgelés importés, qui ont pu être soupçonnés d’avoir causé des infections dans le pays, selon la presse officielle.
La province du Hebei, épicentre de la maladie
Le 12 janvier, cinq millions d’habitants d’une ville limitrophe de Pékin sont confinés par précaution après la détection de plusieurs petits foyers de contamination. Mais la Chine ne rapporte toujours aucun mort lié au Covid-19, et ce depuis le mois de mai, contrairement à ce que relèvent les statistiques de l'université Johns Hopkins. Il faut attendre le 14 janvier pour que Pékin annonce un décès survenu dans la province du Hebei, coïncidant avec la venue de 13 experts de l’OMS, chargés d’enquêter sur les origines de la pandémie. Dans le même temps, les autorités de santé annoncent que 138 nouveaux malades ont été diagnostiqués et font ainsi état du plus lourd bilan quotidien à leur actif depuis le mois de mars. Le lendemain, 144 nouvelles contaminations sont recensées dans le Hebei et 20.000 personnes placées en quarantaine à leur tour dans des zones rurales.
La survenue de ces centaines de cas en quelques semaines préoccupe les autorités locales à l’approche du Nouvel an chinois, très largement fêté d’habitude. Au sud de Pékin, un centre de quarantaine se construit alors à la vitesse de la lumière pour accueillir rapidement plus de 4000 personnes cas-contact. Le 20 janvier, une banlieue de la capitale se confine elle aussi après l’annonce du ministère de la Santé de 103 nouveaux malades en 24 heures, dont 7 à Pékin. Le variant anglais est retrouvé parmi deux de ces contaminations. Un dépistage massif est lancé deux jours plus tard dans la capitale et prévoit de tester l’ensemble des résidents et travailleurs de deux arrondissements, soit deux millions de personnes.
Il y a urgence, estime le Parti, qui annonce ces derniers temps des bilans quotidiens ne descendant jamais plus sous la barre des 100 : vendredi 22 janvier encore, 103 nouvelles contaminations ont été recensées dans le pays. Pendant ce temps, plus au Sud dans le Hubei, Wuhan sort et vit comme avant mais l’inquiétude est palpable après qu’un malade venu de la région de Pékin a circulé dans la ville début janvier. Les habitants l’ont appris il y a seulement dix jours et guettent désormais les soubresauts de l’épidémie, qui n’est pour beaucoup plus qu’un souvenir. Samedi 23 janvier, Wuhan se souviendra de ce qu’elle vivait un an plus tôt : le début d’un confinement long de 76 jours.
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