Couvre-feu : une mesure froidement accueillie en Belgique et en Allemagne

Publié le 14 octobre 2020 à 14h30, mis à jour le 14 octobre 2020 à 14h57

Source : TF1 Info

RESTRICTIONS - Alors qu'Emmanuel Macron pourrait annoncer ce mercredi la mise en place de couvre-feux localisés pour freiner l'épidémie de Covid-19, de telles mesures sont déjà en vigueur en Allemagne et en Belgique. Un tour de vis sanitaire qui passe modérément auprès de la population.

Comme en France, nos voisins européens n'échappent pas à la hausse inquiétante des infections au Covid-19. Résultat, trois grandes villes allemandes ont mis un frein à leur vie nocturne, notamment Francfort où, depuis le 9 octobre, les bars et les restaurants  ferment leurs portes entre 23 h et 6 h, une tranche horaire qui voyait habituellement déambuler chaque week-end des dizaines de milliers de personnes, car de nombreux bars restaient ouverts une partie de la nuit. 

Cette mesure n'est pas sans conséquence pour l'économie de la ville, déjà durement touchée. "On a eu de la chance cet été avec la météo, on avait réussi à remonter, mais là cette décision c'est un vrai coup de massue", s'inquiète ainsi la serveuse d'un restaurant, dont le chiffre d'affaires est désormais menacé.

Couvre-feu envisagé dans certaines régions : que donne la mesure en Allemagne ?Source : JT 20h Semaine

Des mesures contraignantes pour les Allemands

Un couvre-feu d'autant plus mal vécu par les restaurateurs que le panel de mesures mis en place (renseignement de l'adresse des clients, espacement des tables, masques...) est déjà, selon eux, suffisant : "On se trompe de cible. Nous ne sommes pas le problème mais la solution. Les restaurants offrent des espaces sécurisés, et après 23 h où vont aller les gens ? Chez eux, sans aucune distanciation sociale, et sans masque !", lance Raphaela Schuebel, du restaurant "Margarete".

Un tour de vis sanitaire opéré aussi à Berlin et Cologne, avec l'interdiction de vente d'alcool de 22 h à 6 h du matin, les rassemblements de plus de 25 personnes interdits, et le masque obligatoire à l'extérieur. Des mesures contraignantes pas toujours faciles à accepter pour les Allemands. "C'est un durcissement qui menace nos libertés et on n'a plus notre mot à dire", s'offusque par exemple une habitante. 

Mais la situation épidémique est inquiétante dans la capitale, avec plus de 400 nouveaux cas quotidiens. Berlin est désormais classée "zone à risque". A l'échelle nationale, ces derniers jours, près de 4.000 nouveaux cas ont été enregistrés, un record. Grâce à ces restrictions, mises en place au moins jusqu'au 31 octobre, et qui concernent également tous les magasins sauf les pharmacies et stations-service (où la vente d'alcool est également prohibé), l'Etat allemand espère bien garder le contrôle sur la situation sanitaire. 

Les Belges partagés sur l'efficacité de la mesure

En Belgique également, alors que s'est amorcée une deuxième vague d'infections au coronavirus, les autorités ont décidé la semaine dernière de fermer les débits de boisson pour au moins un mois dans la région de Bruxelles, et d'imposer le rideau 

baissé à 23 h partout ailleurs. De plus, les gouverneurs des provinces belges de Brabant Wallon et de Luxembourg ont décrété depuis ce mercredi un couvre-feu sur leur territoire de 1 h à 6 h. Concrètement, les déplacements nocturnes non-essentiels sont interdits pour une durée de 15 jours.

Il faut dire que dans la petite ville d'Arlon, comme ailleurs dans le pays, les policiers ont observé ces derniers temps un relâchement de la population. "Le problème vient d'une vie de nuit où les distanciations sociales sont difficilement appliquées, voire très peu appliquées, donc il fallait agir sur cette partie-là", explique l'un d'eux. 

Le public reste malgré tout partagé sur l'impact de cette mesure de reconfinement nocturne. "Je me demande vraiment si ça va changer quelque chose. Si les jeunes ont envie de sortir, ils sortiront quand même", souligne une habitante. Car les jeunes sont bien sûr les principaux visés par ce couvre-feu, sans forcément mal le vivre. "On peut très bien être rassemblés entre 20 h et 23 h, et être tous partis à 1 h", lance par exemple un adolescent. 

Pour les restaurateurs, fortement impactés par cette mesure, il faut donc plutôt sensibiliser que multiplier les restrictions, comme l'indique l'un d'eux : "S'ils veulent cibler ce public-là, il faut les sensibiliser au fait qu'ils sont un danger pour les personnes plus âgées, tout simplement"

Mais depuis le début de la crise, la province de Luxembourg n'avait jamais connu de tels chiffres de contaminations. Il fallait donc réagir, même si ce n'est pas toujours facile de toucher aux libertés individuelles, souligne le gouverneur Olivier Schmitz : "Nous avons des tas de familles qui comme partout ailleurs ont cette envie de continuer à partager de bons moments, ont de l'imagination pour le faire, et juridiquement c'est toujours très compliqué de s'attarder sur ce qui se fait dans la sphère privée", dit-il. En cas d'infraction à ce couvre-feu, un particulier risque 250 euros d'amende et un professionnel 750 euros.


Virginie FAUROUX

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