INTERNATIONAL - Par le biais de la presse d'État, la Corée du Nord a mis en garde ses citoyens contre la lecture de documents envoyés par le sud, affirmant qu'ils pourraient être porteurs du coronavirus.
Méfiance. Selon l'agence de presse Yonhap News, le journal d'État nord-coréen Rodong Sinmun a exhorté les citoyens du pays à se tenir à l'écart de tout objet en provenance de Corée du Sud, y compris de potentiels tracts. "Même lorsque nous rencontrons des objets étranges volant dans le vent, nous devons les considérer comme une voie possible de transmission du virus malveillant plutôt qu’un phénomène naturel", est-il notamment écrit.
L'organe de presse du Parti du travail affirme également que le pays multiplie les efforts pour lutter contre la propagation du virus dans les régions frontalières. "Nous sommes en train de déployer tous les efforts pour sensibiliser le public pour qu'il suive strictement la directive de rapporter immédiatement l'occurrence de tout signe anormal aux autorités compétentes", rapporte-t-il faisant notamment référence aux documents en provenance de "l'autre" Corée. En attendant, la population doit "penser et bouger" selon les directives sanitaires de lutte contre le Covid-19, est-il rappelé.
Pour rappel, la semaine dernière, Park Sang-hak, réfugié nord-coréen et président de l’Association des combattants pour une Corée du Nord libre a affirmé avoir envoyé, avec son groupe, 500.000 pamphlets, 500 brochures et 5000 billets d’un dollar vers le Nord au moyen de ballons géants. Une initiative qui a généré la colère de Kim Yo-jong, sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Dans un communiqué publié dimanche, elle a sévèrement égratigné ses homologues du Sud pour ne pas être parvenu à empêcher ces envois qui constituent une "provocation intolérable".
Une nouvelle loi très critiquée ...
En décembre 2020, après plusieurs semaines de tensions, Séoul a adopté une réglementation controversée pour interdire l'envoi de messages hostiles au régime de Pyongyang de l'autre côté de la frontière. Elle a essuyé de vives critiques de la part de l'opposition conservatrice qui estime qu'il s'agit d'une "loi dictée par Kim Yo-jong".
À l'international, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord, Tomas Ojea Quintana, a également vivement dénoncé ce texte qui prévoit jusqu’à trois ans de prison et 22 000 euros d’amende pour l’envoi de tracts de l'autre côté de la frontière. L'administration du président sud-coréen Moon Jae-in l’a, elle, justifiée par un impératif de sécurité et par la fronde des habitants des zones proches de la zone démilitarisée frontalière (DMZ) qui redoutent d’être en première ligne en cas de représailles de Pyongyang.
Selon les informations du Guardian, la police locale a fait, jeudi, une descente dans les locaux des activistes fautifs. Les autorités n'ont toutefois pas fourni davantage de détails sur les éventuelles poursuites engagées. "La police et l’armée enquêtent", a simplement indiqué Cha Deok-cheol, porte-parole adjoint du ministère de l’unification.
Le régime nord-coréen revendique qu'aucun cas de Covid-19 n'ait été récemment détecté dans le pays. Il a pourtant pris des mesures relativement rapides et strictes contre la pandémie en durcissant les contrôles frontaliers dès le début de l'année dernière.