ÉPIDÉMIE - Le président de la Tchétchénie a été hospitalisé jeudi 21 mai à Moscou, selon les agences russes. Le dirigeant, qui fait face à la crise du coronavirus avec la brutalité qui lui est propre, est soupçonné d’avoir été contaminé par le Covid-19.
Depuis le début, Ramzan Kadyrov gère la crise du coronavirus d’une main de fer. Le dirigeant de la Tchétchénie a par exemple décrété la fermeture des cafés et restaurants et un couvre-feu dès la fin du mois de mars, alors que cette petite république russe du Caucase ne comptait encore que trois cas d’infection. Surtout, Kadyrov s’est montré tout sauf tendre avec les malades, n’hésitant pas à proclamer publiquement que ceux qui ne s’isolent pas devaient être "tués", et comparant les Tchétchènes qui en contaminent d'autres à des "terroristes". Un discours presque banal de la part d’un homme notamment connu pour sa politique ultra-répressive envers la communauté LGBT de son pays, et soupçonné par ses détracteurs d'avoir commandité des assassinats d’opposants.
Or, voilà que le président de 43 ans pourrait bien à son tour être testé positif au Covid-19. Ramzan Kadyrov a été hospitalisé jeudi 21 mai à Moscou, où il a été transporté par avion. "On soupçonne le coronavirus. Il est sous observation de médecins", a indiqué une source médicale à l'agence d'Etat TASS, décrivant son état comme "stable".
Brutalité
Une contamination du dirigeant ne manquerait pas d’ironie, tant le fils d’Akhmad Kadyrov (président avant lui) s’est illustré par la brutalité de sa gestion de la crise. En avril, une vidéo montrant des policiers tchétchènes en train de frapper un homme qui n’avait pas respecté le confinement ne l’avait guère ému. "Je préfère frapper une personne qu’en enterrer 1 000, déclarait-il à l’époque sur Instagram, comme le rapporte Libération. C’est pour ça que je prends des mesures très dures. S’il faut, je frappe à coups de matraque. S’il le faut, je jette en prison dans une cave, mais je défendrai mon peuple."
Un article paru le 12 avril dans le journal d’opposition Novaïa Gazeta l’avait en revanche bien plus fait réagir. La journaliste Elena Milachina y mettait en doute les statistiques officielles, et rapportait que les Tchétchènes malades du coronavirus étaient réticents à demander l'aide d'hôpitaux sous-équipés, craignant les mesures punitives et les représailles des forces de sécurité. Furieux, Ramzan Kadyrov était allé jusqu’à menacer de mort la journaliste. L’article a quant à lui été supprimé, selon Reporters sans frontières, qui dénonce "un acte de censure inadmissible".
Licencier les soignants qui se plaignent
Plus récemment, l’ancien boxeur a exigé le renvoi de soignants, qualifiés de "provocateurs", qui s'étaient plaints du manque de moyens de protection contre le nouveau coronavirus. Selon les médias russes, le scandale est parti la semaine dernière d'une réunion spontanée du personnel soignant de l'hôpital de Goudermès, après l'annonce qu'il devait accueillir des patients atteints du Covid-19. Les participants à la réunion ont dénoncé le manque de masques et de combinaisons de protection, des propos enregistrés qui ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux et via une messagerie, jusqu’à ce qu’ils parviennent aux oreilles de Kadyrov.
"Les provocateurs doivent être licenciés. Nous avons de tout : du matériel, des costumes, des masques, de l'oxygène, des médicaments", a aussitôt réagi celui-ci. Contrits - contraints ? - les soignants sont apparus à l'antenne d'une chaîne télé locale pour s'excuser. A ce jour, la Tchétchénie compte officiellement 11 morts, pour 1.026 cas détectés de nouveau coronavirus. Ramzan Kadyrov pourrait-être un cas supplémentaire.
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