Covid-19 : les contaminations flambent à nouveau en Chine

par Maëlane LOAËC
Publié le 31 mai 2023 à 11h26

Source : TF1 Info

Pékin a abandonné en décembre dernier son protocole sanitaire très strict, déclenchant un tsunami de contaminations.
Après des mois de reflux, les infections repartent désormais à la hausse.
Quelque 40 millions de personnes seraient actuellement contaminées chaque semaine.

Près de six mois après la levée de mesures draconiennes contre le Covid-19, l'épidémie semble repartir de plus belle en Chine, où les contaminations flambent. Un éminent médecin chinois a estimé lundi lors d'une conférence médicale que les infections atteignent le chiffre de 40 millions par semaine en cette fin du mois de mai, et la diffusion du virus devrait encore s'accélérer dans les semaines à venir. D'après la visualisation du Dr Zhong Nanshan, qui fut l'un des premiers à confirmer début 2020 que le Covid-19 pouvait se propager parmi la population, jusqu'à 65 millions de Chinois pourraient être contaminés par semaine d'ici à la fin du mois de juin. 

Les autorités sanitaires chinoises, qui ont cessé de publier les chiffres de l'épidémie, avaient toutefois signalé une recrudescence des infections en avril, portée notamment par le variant XBB. Mais elles estimaient que son apogée avait été atteint dans la foulée, selon le Time, ce que contestent donc les prévisions du Dr Zhong Nanshan. Reste que les symptômes de cette nouvelle vague seraient moins féroces que lors de précédents pics. "La plupart des gens ont attrapé la dernière vague, l'intensité a disparu", a expliqué Dali Yang, professeur de sciences politiques à l'université de Chicago, au New York Times

Pas de reconfinement en vue

À noter aussi que les niveaux de contamination actuels restent toutefois en deçà du "tsunami" connu par la Chine en décembre et en janvier, un pic de contaminations spectaculaire après l'abandon du protocole "Zéro Covid" : 37 millions de Chinois étaient contaminés chaque jour, selon des estimations citées par Bloomberg. Environ 80 % des 1,4 milliard d'habitants que compte le géant asiatique ont été touchés par cette vague, selon Wu Zunyou, épidémiologiste en chef du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. L'immunité aurait ensuite décliné au fil des mois qui ont suivi.

Les responsables politiques ont tout de même "essayé de rassurer le public, en disant que les symptômes étaient relativement légers", a expliqué Dali Yang. Ils ont aussi affirmé que les hôpitaux ne seraient pas débordés. Le gouvernement n'est donc pas prêt à imposer à nouveau un confinement, alors que jusqu'à la fin de l'année dernière, il plaçait des quartiers entiers sous cloche dès la première infection, suscitant la colère de la population qui avait obligé Pékin à changer de stratégie. L'exécutif chinois espère surtout redresser son économie, fragilisée par l'un des protocoles sanitaires les plus stricts du monde. L'an dernier, son PIB avait progressé de 3%, le plus faible depuis des décennies pour le pays, qui visait initialement 5,5%.

Quant aux Chinois eux-mêmes, nombre d'entre eux semblent désormais s'être habitués à vivre avec le virus, beaucoup ayant notamment abandonné le masque dans la plupart des espaces publics, en particulier les plus jeunes, explique le New York Times. À Pékin, il est recommandé de le porter dans les transports en commun mais cela n'est plus obligatoire. 

Quel risque pour les personnes âgées et fragiles ?

Les inquiétudes se concentrent toutefois autour des personnes âgées et fragiles, qui n'ont pas toutes été immunisées par les vaccins. Souvent épargnées lors de la flambée à la fin de l'année dernière, encore protégées par les établissements de santé et leurs proches, elles pourraient être particulièrement exposées au risque cette fois-ci, face au relâchement global de la vigilance. Pékin espère augmenter ses taux de vaccination et a donné son accord préliminaire à deux vaccins visant les sous-variants XBB, a indiqué le Dr Zhong Nanshan. Les spécialistes estiment aussi qu'il faudra miser sur une réserve d'antiviraux dans les hôpitaux pour éviter une hausse du nombre de décès.

La situation doit donc rester sous haute surveillance. "Le nombre d'infections sera moindre. Les cas graves seront certainement moins nombreux, et les décès seront moins nombreux, mais ils pourraient encore être importants", a résumé auprès du Washintgon Post Ben Cowling, épidémiologiste à l'école de santé publique de l'université de Hong Kong. "Même si nous pensons qu'il s'agit d'une vague plus légère, l'impact sur la santé de la population pourrait être considérable."


Maëlane LOAËC

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