En Chine, une armée de nettoyeurs désinfecte systématiquement les rues et les lieux fréquentés par des personnes testées positives.La technique est pourtant jugée inutile par l'OMS depuis le printemps 2020.Selon des spécialistes, l'objectif des autorités pourrait ne pas être que sanitaire.
Elles persistent et signent. En dépit d'un avis constant de l'OMS, les autorités chinoises ne cessent de vaporiser des milliers de litres de désinfectants dans les rues des grandes villes du pays. D'autant plus avec la récente vague de contaminations qui a notamment touché Shanghai et la capitale Pékin. Malgré l'absurdité d'une telle mesure, le pouvoir central mise sur cette désinfection générale pour essayer d'atteindre l'objectif "zéro Covid" en vigueur depuis le début de la pandémie.
Sur des vidéos diffusées en ligne, on peut voir des employés en combinaison intégrale asperger comme au Kärcher des appartements dont les habitants ont été placés en centre de quarantaine. Meubles, vêtements, aliments : aucun effet personnel n'échappe aux gouttelettes désinfectantes dans les logements dont les habitants ont dû laisser la clé à cet effet avant de partir, comme le montre le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
Or, cette politique n'a aucun intérêt selon l'OMS, qui le répète depuis les premiers mois de la pandémie. L'organisation explique, en effet, que la "pratique (est) inefficace étant donné que le désinfectant est inactivé par la saleté et les déchets" présents au sol. Les spécialistes estiment même qu'une telle pulvérisation peut être dangereuse pour l'organisme en causant des "irritations ou des lésions respiratoires". Selon des experts en santé publique, les autorités chinoises diffusent du dioxyde de chlore. "C'est un produit néfaste pour l'environnement et cela peut aussi causer des problèmes respiratoires", explique à TF1 l'un d'eux, Yanzhong Huang
Une désinfection massive à visée politique ?
Dans l'arsenal de la stratégie zéro Covid, la désinfection des surfaces s'inscrit dans le cadre d'une "attaque en règle" contre le virus, expliquait début mai un responsable de la ville de Pékin. Un avis de moins en moins partagé par les habitants. Certains estiment la mesure inefficace : "le virus ne se transmet qu'entre humains", explique l'un d'eux dans le reportage de TF1.
Si le virus peut occasionnellement se transmettre via des surfaces contaminées, "il ne survit pas longtemps à l'extérieur du corps humain", remarquait aussi le 14 mai dernier auprès de l'AFP Yanzhong Huang, spécialiste de santé publique au Council on Foreign Relations à New York. Selon plusieurs études, la moitié des particules de Covid-19 deviennent inoffensives au bout de quelques heures hors du corps humain.
En réalité, ces gigantesques opérations pourraient avoir un objectif politique. Pour l'infectiologue Leong Hoe Nam, de l'hôpital Mount Elizabeth Novena à Singapour, également interrogé par l'AFP, "c'est une intervention très visible qui fait plaisir aux hauts fonctionnaires" communistes. Aux yeux de Yanzhong Huang également, "ça donne l'image d'une bataille héroïque contre un ennemi invisible". Autrement dit, cette action pourrait être destinée à servir à la propagande du régime de Xi Jinping, qui se targue d'avoir l'un des bilans du Covid parmi les moins lourds au monde.
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