CRISE SANITAIRE - La chape de plomb des restrictions qui pèse sur les Britanniques s'allège progressivement. Le Premier ministre Boris Johnson donne son feu vert à l'ouverture des terrasses, mais interdit toujours à ses concitoyens de voyager à l'étranger.
Plongés dans l'obscurité depuis plusieurs mois, nos voisins britanniques voient-ils enfin le bout du tunnel ? Ce lundi, Boris Johnson a donné son feu vert à la prochaine étape du déconfinement dont le coup d'envoi est prévu le 12 avril en Angleterre. Cheveux au vent et démarche assurée, seule sa cravate bleue semblait rester immobile. Alors que le pays est mis sous cloche depuis le mois de janvier, l'exécutif a détaillé le plan de sortie. S'il sera possible de prendre une pinte en terrasse, les vacances à l'étranger resteront exclues du programme. Pourtant, la nette amélioration de la situation sanitaire du Royaume-Uni et la progression de la vaccination - plus de 60% de la population a reçu la première dose - donnent des envies de voyages aux Britanniques, habitués à se rendre en masse pendant l'été sur les plages de Méditerranée.
Malgré la pression croissante, Boris Johnson ne cède pas. S'il a confirmé la réouverture des commerces non essentiels comme les coiffeurs, des terrasses des pubs ou des salles de gyms, pas question d'ouvrir grand les frontières. Le Premier ministre britannique a refusé de s'engager sur une date concernant le retour des voyages à l'étranger, interdits en l'état jusqu'au 17 mai sauf raison essentielle. "Je ne veux pas être otage du sort ou sous-estimer les difficultés que nous voyons dans certains pays où les gens ont envie d'aller", a asséné le dirigeant conservateur lors d'une conférence de presse.
Le Premier ministre britannique ne nous avait pas habitués à autant de prudence. Il y a un an, ses concitoyens se souviennent de son mépris affiché à l'égard de la crise sanitaire, serrant des mains à tout bout de champs alors que les gestes barrières étaient préconisés. Une erreur de jugement que l'exécutif et sa population ont payé très cher. Fortement touché par le variant britannique en janvier dernier, le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d'Europe par le Covid-19 (près de 127.000 morts).
Un système de feu tricolore pour encadrer les futurs voyages
Voyager en provenance du Royaume-Uni est devenu un casse-tête pour la population. Quelques grands principes prévoient d'encadrer les futurs voyages : un système de feu tricolore pour classer les pays selon le degré d'avancement de leur vaccination, leur taux de contaminations ou la présence de variants inquiétants. Les destinations vertes seront exemptes de quarantaine au retour - un test avant le départ et après l'arrivée sera toutefois requis - contrairement aux pays orange (tests et quarantaine à la maison) et rouge (arrivées limitées aux résidents, coûteuse quarantaine à l'hôtel et tests).
S'il est compliqué de sortir du Royaume-Uni, il n'est pas plus aisé d'y rentrer. Actuellement, tous les voyageurs arrivant sur l'île doivent effectuer une quarantaine de dix jours chez eux, ou, pour les pays à risque, à l'hôtel à leurs frais. Les frontières sont fermées pour les non-résidents en provenance d'un pays sur la liste rouge. Downing Street a toutefois indiqué qu'il était encore prématuré d'établir une liste de pays, et continue de déconseiller les réservations à l'étranger.
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L'objectif de Boris Johnson est clair : garder le contrôle sur l'épidémie. Alors que le déconfinement se profile et que nombre de Britanniques attendent désormais leur deuxième injection, l'exécutif veut maintenir les indicateurs au vert : grâce à l'avancée rapide de la vaccination et au confinement, le pays enregistre désormais moins de 5.000 cas et 50 décès par jour. Il compte 3.500 patients atteints du Covid-19 dans ses hôpitaux - dix fois moins qu'au début de l’année.
Par ailleurs, le Premier ministre britannique envisage un système de passeport sanitaire pour les rassemblements de masse, comme les matchs de football et les événements en salle. À noter que chacune des quatre nations constitutives du Royaume-Uni dispose de son propre calendrier de déconfinement et en Ecosse, les coiffeurs ont rouvert dès lundi.