Crise des migrants : ce que prévoit l'accord controversé entre l'UE et la Turquie

Publié le 18 mars 2016 à 15h40
Crise des migrants : ce que prévoit l'accord controversé entre l'UE et la Turquie

SOMMET – Approuvé ce vendredi 18 mars aux termes de négociations difficiles, l'accord Ankara-UE prévoit le renvoi de tous les nouveaux migrants vers la Turquie à compter du 20 mars. Des contreparties, notamment financières et sur l'adhésion à l'UE, ont été octroyées au pays

Le projet de texte était controversé, il est validé. Lors du conseil européen qui se tenait depuis jeudi à Bruxelles, les dirigeants turcs et européens sont finalement parvenus ce vendredi après-midi à un accord pour tenter de résoudre la crise des réfugiés en mer Egée. 

Début mars, la Turquie et l'Union européenne s'étaient en effet mis d'accord sur un projet de pré-accord pour répondre à la crise humanitaire syrienne, avec de nombreuses contreparties octroyées à l'Etat turc. Mais ce pré-accord ne faisait pas l'unanimité auprès des 28, en raison des attaques à la liberté de la presse menée par le régime du président islamo-conservateur d'Ankara, et le refus de l'Etat turc de prolonger le visa d'un journaliste allemand du magazine Der Spiegel. Surtout, plusieurs dispositions du texte sur controversées.

La proposition
Comme dans le pré-accord proposé par la Turquie le 7 mars, le texte présenté ce jour prévoit le renvoi vers la Turquie à compter du 20 mars de "tous les nouveaux migrants irréguliers se rendant depuis la Turquie vers les îles grecques", afin de briser le "business model des passeurs". En revanche, pour ne pas contrevenir aux règles du droit international, ne seront renvoyés que les réfugiés qui ne disposent pas d'une demande d'asile recevable.

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D'un autre côté, "la Turquie et la Grèce, assistées par le HCR et les institutions de l'UE, prendront les dispositions nécessaires" pour permettre ces procédures, "y compris la présence d'agents turcs sur les îles grecques" et les "coûts des opérations de retour seront pris en charge par l'UE", indique le texte d'accord présenté par Tusk. 

Dans la matinée de vendredi, ce renvoi des migrants avait encore essuyé des critiques : la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) l'a dénoncé "avec vigueur", y voyant un "échange d'êtres humains, contraire à la dignité humaine".

Les contreparties
L'Union européenne s'engage, en contrepartie, à reprendre par des voies légales et sûres le même nombre de réfugiés syriens directement depuis le sol turc. Quelque 72.000 places théoriques, déjà réparties entre les 28 l'an dernier, serviraient à accueillir ces réfugiés, selon une source européenne. Ainsi, tout migrant renvoyé en Turquie depuis la Grèce se traduira par l'accueil d'un demandeur d'asile en Europe.

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Cette contrepartie doit s'accompagner d'une contrepartie financière : l'UE s'engage à accélérer l'aide européenne de 3 milliards d'euros promise à la Turquie pour assurer l'accueil des 2,7 millions de réfugiés installés sur le territoire turc, éventuellement doublée d'ici à 2018, si besoin est. Enfin, les responsables européens ont promis d'accéder à d'autres demandes d'Ankara et notamment d'accélérer la mise en place d'un régime sans visas pour les ressortissants turcs "au plus tard fin juin", afin de faciliter leurs déplacements au sein de l'espace Schengen. Les chefs d'Etats et de gouvernement se sont dits également prêts à "préparer l'ouverture de nouveaux chapitres" dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

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La rédaction de TF1info

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