TENSIONS - Alors que leurs relations se sont à nouveau refroidies, Pyongyang a coupé ce mardi ses canaux de communication avec Séoul. La décision a été prise par Kim Yo-jong, la très influente sœur du dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
C'est un énième coup d'éclat de la part de Pyongyang. La Corée du Nord a annoncé son intention de couper à partir de ce mardi 9 juin ses canaux de communication politique et militaire avec l'"ennemi" sud-coréen, a fait savoir l'agence d'État nord-coréenne KCNA, ce que des experts de la péninsule coréenne entrevoient comme une tentative du pays dirigé par Kim Jong-un de créer une crise de toutes pièces. Pyongyang "va complètement couper la liaison entre les autorités du Nord et du Sud", ainsi que d'autres canaux de communication notamment entre les forces armées des deux États ou entre les partis politiques au pouvoir, a détaillé KCNA, précisant que cette interruption était programmée pour mardi midi, heure locale.
Cette décision a été prise par Kim Yo-jong, influente soeur du dictateur nord-coréen, et par le vice-président du Parti des Travailleurs au pouvoir Kim Yong Chol, a poursuivi l'agence de presse. Une initiative qui a pour objectif de démontrer l'autorité croissante de la jeune femme sur les affaires du gouvernement. Elle a menacé la semaine dernière de rendre caduc l'accord militaire entre les deux pays à moins que Séoul n'empêche les militants d'envoyer les prospectus anti-Pyongyang.
Des manifestations populaires à l'appui des menaces
En réaction, les autorités nord-coréennes ont organisé des rassemblements populaires de grande ampleur à travers le pays à l'appui de leurs menaces. Ces dernières interviennent au moment où les relations entre les deux voisins se trouvent dans l'impasse malgré trois sommets en 2018 entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in. Et à trois jours de l'anniversaire du sommet historique avec le président américain Donald Trump à Singapour en 2018.
La Corée du Nord a mis un terme à la plupart de ses contacts avec le Sud après l'échec du second sommet entre MM. Kim et Trump en février 2019 à Hanoï, au Vietnam, qui a laissé les tractations sur le nucléaire nord-coréen au point mort. Selon des analystes, Pyongyang n'a entrepris aucune démarche substantielle vers l'abandon de ses programmes d'armement qui lui valent d'être visé par de nombreuses sanctions prises au fil des ans par le Conseil de sécurité des Nations unies.
"Ce ne sera pas un événement isolé"
Des appels ce mardi matin du Sud vers le Nord sur les lignes spéciales sont restés sans réponse, ont indiqué des responsables à Séoul. Selon Pyongyang, les autorités sud-coréennes sont de connivence avec "les actions hostiles" menées contre la Corée du Nord, "ce qui a eu pour conséquence de mener les relations inter-coréennes à la catastrophe". "Nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'était nullement nécessaire de s'asseoir en face à face avec les autorités sud-coréennes et qu'il n'y avait pas matière à discuter avec eux, car ils n'ont fait qu'alimenter notre consternation", écrit l'agence KCNA.
Des experts considèrent que cette dernière initiative en date illustre l'accélération de la stratégie de Pyongyang de faire monter la pression sur son voisin du sud. Depuis les tirs à la DMZ - que le Sud insiste à qualifier d'accidentels -, le Nord "a essayé de créer des remous avec une provocation de faible ampleur", avance Shin Beom-chul de l'Institut de recherche coréen pour la sécurité nationale. "Il essaie de secouer la politique de la Corée du Sud envers le Nord", a-t-il ajouté. "Avec Kim Yo-jong à la manœuvre, ce ne sera pas un événement isolé". "Ils commencent avec la Corée du Sud puis la ligne dure sera étendue aux États-Unis". Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis l'armistice ayant mis fin à la Guerre de Corée en 1953.
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