Jusque-là épargnée, la "Zone verte" de Bagdad a basculé dans la crise, lundi 29 août.23 partisans de Moqtada Sadr, qui s'est retiré de la politique, ont été tués par balles.L'Irak, dans une impasse politique depuis plus d'un an, ne cesse de voir la situation s'envenimer.
La "Zone verte" sombre dans le chaos. Située en plein cœur de Bagdad, cette enclave ultrasécurisée, créée en 2003, abrite le centre du pouvoir irakien, comme le siège du gouvernement, le Parlement, les ministères ainsi que les ambassades étrangères, dont celles des États-Unis. Alors que l'Irak s'enfonce dans la crise, incapable de s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre depuis les législatives d'octobre 2021, ce périmètre couvrant 10 km² avait jusque-là échappé à l'anarchie. Lundi 29 août, après le "retrait" politique de l'influent et imprévisible leader chiite Moqtada Sadr, la situation a dégénéré.
Des centaines de partisans sadristes ont envahi le palais de la République où siège le Conseil des ministres. 23 personnes ont été tuées par balle et 380 autres blessés, ont indiqué des sources médicales à l'AFP, sans plus de précisions sur les circonstances. Certains blessés ont reçu des tirs, d'autres ont inhalé du gaz lacrymogène. Des témoins ont fait état à l'AFP d'échanges de tirs entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, rival pro-Iran du camp de Moqtada Sadr, aux entrées de la Zone Verte. Par ailleurs, au moins sept obus de mortier sont tombés dans cette enclave sous haute surveillance, a appris l'AFP auprès d'une source sécuritaire, ne pouvant pas fournir un bilan dans l'immédiat ni l'origine de ces tirs.
Un appel au dialogue après les violences
Dans la foulée, des tirs d'armes automatiques ont résonné depuis ce quartier du centre de la capitale irakienne, placé sous le régime du couvre-feu comme tout le reste du pays. Selon la source sécuritaire, des partisans de Moqtada Sadr visaient la "Zone verte" depuis l'extérieur. À l'intérieur, se trouvaient des forces de sécurité "qui ne ripostaient pas".
Dans la soirée, le Cadre de coordination a condamné "l'attaque contre les institutions de l'État", tout en appelant les sadristes au "dialogue", alors que leur leader Moqtada Sadr, qui a entamé "une grève de la faim, jusqu'à la fin des violences" selon un responsable du courant sadriste sur les réseaux sociaux, insistant pour dissoudre le Parlement avant tout. La Maison Blanche a jugé la situation "inquiétante", relayant aussi un appel au calme et au dialogue. La mission des Nations unies en Irak, dont le siège se trouve dans la Zone Verte, a quant à elle appelé toutes les parties impliquées à la "retenue maximale".
D'autres régions irakiennes ont aussi été gagnées par la cohue. Dans la province de Zi Qar, dans le sud de l'Irak, des sadristes ont envahi le siège du gouvernorat et pénétré dans d'autres bâtiments officiels à Nassiriyah, selon un journaliste de l'AFP. Le siège du gouvernorat de Babylone, dans la ville de Hilla, a également été occupé par des partisans de Moqtada Sadr, ont indiqué des témoins. Plusieurs routes reliant Hilla à Bagdad et à d'autres provinces du sud ont par ailleurs été coupées.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique