Crise en Ukraine : à quel moment des sanctions seront-elles déclenchées contre la Russie ?

Publié le 19 février 2022 à 16h37, mis à jour le 19 février 2022 à 16h47

Source : JT 20h WE

Avec la multiplication d'actes militaires au Donbass, les alliés redoutent que Vladimir Poutine n'y trouve le prétexte à une invasion.
Washington menace quasi quotidiennement Moscou de sanctions en cas d'attaque de l'Ukraine.
Quand seront elles effectivement prises contre la Russie, et de quel ordre seront-elles ?

Les sanctions internationales promises par les Occidentaux si Vladimir Poutine décide d'envoyer des troupes envahir l'Ukraine feront de la Russie un "paria", a encore martelé vendredi soir le conseiller adjoint à Maison Blanche, Daleep Singh. Pas un jour en effet ne passe, sans que Washington n'utilise un canal ou un autre pour menacer Moscou de sanctions économiques sans précédent.

L'armée russe a pourtant poursuivi de masser ses soldats aux frontières de l'Ukraine, désormais estimés entre 150.000 et 200.000, et la montée des violences au Donbass fait redouter l'imminence d'une action militaire. À quel moment les menaces de représailles américaines et européennes seraient-elles déclenchées, et de quel ordre seraient-elles ?

L'Otan au secours d'un pays qui n'en est pas membre

L'Ukraine n'étant pas membre de l'Otan, malgré une demande d'adhésion formulée en 2008 et restée depuis sans suite significative, le devoir d'assistance militaire mutuelle, prévue par l'Alliance atlantique, ne s'applique pas à ce pays. Les alliés se gardent d'ailleurs d'évoquer des représailles militaires contre la Russie, mais évoquent des "sanctions" de grande ampleur propres à la dissuader, et un renforcement de la présence de l'Otan dans les pays membres en Europe orientale. Une attaque directe d'un de ces pays, où sont stationnés des soldats venus de toute l'Alliance, rendrait quasi inéluctable une réplique militaire.

Une ligne rouge... qui recule ?

Lors d'un debriefing pour la presse en petit comité ce vendredi soir, une source à l'Élysée a précisé ce que les alliés entendaient par "invasion de l'Ukraine", puisque c'est pour eux la ligne rouge dont le franchissement déclencherait des représailles économiques et financières. Réunis à distance au format Quint+ (France, Allemagne, Italie, États-Unis, Royaume-Uni+OTAN+UE), les dirigeants occidentaux, dont Emmanuel Macron donc, ont convenu qu'il s'agit "d'une invasion russe du territoire ukrainien, sous le contrôle du Gouvernement", a précisé la présidence française. Une entrée de l'armée russe au Donbass, "dans lequel des forces russes ou pro-russes sont déployées de manière très intense", ne serait dès lors pas suffisante à déclencher des sanctions, aux termes de cette définition. 

Des sanctions à double tranchant

Si les alliés occidentaux se gardent de détailler de quel ordre seraient les sanctions promises, quelques pistes ont toutefois été données au fil des interventions. Implicitement d'abord : la rétorsion exercée après l'annexion fulgurante de la Crimée en 2014 étant restées sans effet, promettre des sanctions "sans précédent" laisse entendre qu'elles seront d'un tout autre ordre. Le président américain a aussi récemment prévenu que de telles sanctions ne serait pas "sans coût", en retour, pour le peuple américain : leur mise en application n'est donc envisagée qu'en dernier recours.

Nous parlons d’actions qui isoleraient la Russie et la transformeraient en paria dans le système financier
José W. Fernandez, sous-secrétaire d'Etat américain

Priver les entreprises et les banques russes d'accès au dollar fait partie des scénarios régulièrement évoqués par les experts, même si les autorités américaines refusent de les confirmer. "Aucune option n’est écartée", a reconnu auprès du Monde le sous-secrétaire d’État américain José W. Fernandez, "nous parlons d’actions qui isoleraient la Russie et la transformeraient en paria dans le système financier"

Lors d'une conférence de presse ce vendredi, c'est un conseiller à la Maison Blanche qui était monté au créneau pour donner un avant-goût des sanctions, toujours sans les nommer : "La Russie ferait face à la perspective de fuites importantes de capitaux", a énuméré Daleep Singh, "une pression accrue sur sa devise, une poussée d'inflation, de plus hauts coûts à l'emprunt, un repli économique, et l'érosion de sa capacité de production". Bref, "une défaite stratégique pure et simple pour la Russie", selon l'officiel américain.

Une autre des menaces récurrentes, est celle de l'abandon du gazoduc Nordstream II, entre la Russie et l'Allemagne. Un projet cher à Moscou, mais dont la suspension coûterait également cher à plusieurs pays européens, et pourrait aggraver la crise énergétique en cours. À l'heure où il ne dépend plus que de Vladimir Poutine de franchir ou non les lignes rouges qu'ils ont définies, les alliés retiennent leur souffle, avec des armes à leur disposition dont ils semblent redouter l'usage.


Frédéric SENNEVILLE

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