La Chine a procédé durant trois jours à des exercices militaires d'ampleur simulant un "encerclement total" de Taïwan.Une initiative qui fait suite à la visite de la présidente taïwanaise aux États-Unis.Une crise qui s'aggrave au fil des mois, avec en toile de fond le statut de Taïwan.
Pour le troisième jour consécutif, la Chine a mené lundi des exercices militaires de grande envergure autour de Taïwan, pour protester contre une visite aux États-Unis de sa présidente. Elle affirme avoir tenté de simuler le "bouclage" de l'île, avant de clore ces nouvelles manœuvres "avec succès". Une réplique d'ampleur à la visite de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen aux États-Unis, qui a suscité la colère de Pékin.
La crise diplomatique qui prend de l'ampleur depuis plusieurs mois et au point de faire craindre un conflit armé puise une partie de ses causes dans le statut ambigu de Taïwan, reconnue sans l'être par les pays occidentaux, mais revendiquée par la Chine comme faisant partie de son territoire.
Pour comprendre ce qui se joue à Taïwan aujourd'hui, il faut remonter à 1949. Lors de la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre cette année-là, les opposants nationalistes à Mao, mis en déroute et regroupés autour de Tchang Kaï-Chek, se replient à Taïwan. Taipei devient de facto la capitale de la "République de Chine", à laquelle ils sont restés fidèles en dépit de la victoire des troupes communistes. Ce sont donc "deux Chine" qui se font face, de part et d'autre de plus de 130 km de mer, une situation qui théoriquement perdure jusqu'à présent.
Entretemps, les rapports de force ont largement évolué. Si Pékin n'a jamais cessé de revendiquer Taïwan comme étant sa 23ᵉ province, ses tentatives de réappropriation militaires ont jusqu'ici échoué. En 1958, le président américain Dwight Eisenhower avait dû intervenir pour freiner la tentative d'annexion par les forces de Mao, en envoyant des troupes pour escorter et ravitailler son allié taïwanais.
Le statu quo dure 37 ans, pendant lesquels les deux régimes vont considérablement évoluer. En 1971, retournement géopolitique majeur : le siège de la Chine à l'ONU est attribué à Pékin, au détriment de Taïwan. En 1995, nouvelle provocation chinoise, avec des tirs de missiles dans les eaux entourant Taïwan, qui justement se prépare à ses premières élections démocratiques. Les États-Unis dépêchent deux groupes de porte-avions, forçant les troupes chinoises à faire marche arrière.
"Ambiguïté stratégique" de Washington
Les États-Unis ne reconnaissent pourtant pas officiellement Taïwan comme un État indépendant, mais continuent de le soutenir militairement et économiquement. Une "ambiguïté stratégique" cultivée et même théorisée par Washington. Joe Biden avait récemment donné l'impression de lever "l'ambiguïté", en confirmant être prêt à soutenir militairement Taïwan en cas de tentative d'invasion chinoise.
Par rapport à la situation qui a prévalu pendant des décennies, les rapports de force ne sont cependant plus les mêmes. La Chine a largement refait son retard économique, technologique et militaire, au point d'être désormais considérée comme l'adversaire naturel des États-Unis pour le leadership mondial.
Taïwan a-t-elle un "espace aérien" ?
Pékin a d'ailleurs multiplié les déclarations et les comportements belliqueux à l'égard de Taïwan, notamment depuis la réélection en 2020 à sa tête de Tsai Ing-wen, une dirigeante favorable à l'indépendance - que Taipei s'est jusqu'ici gardée de proclamer. La nature des provocations, des incursions d'avions ou de navires militaires au plus près de l'île, vaut en elle-même déclaration. Taïwan n'étant reconnue comme un État indépendant que par 14 des 192 membres de l'ONU, elle ne peut donc pas prétendre en droit à un espace aérien en propre, ni à un territoire maritime. Auto-administrée et démocratique, Taïwan entretient pourtant des liens diplomatiques et commerciaux avec de nombreux pays, qui en font une entité indépendante de facto.
La limite abstraite de l'espace aérien et maritime, située par une convention des Nations-Unies à 12 miles nautiques (22,2 km) autour des côtes ou des frontières d'un pays, est toutefois considérée par Taïwan comme sa "zone de défense aérienne". C'est précisément celle frôle Pékin lors de ses opérations militaires depuis plusieurs mois.
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