Lampedusa face à un afflux massif de migrants

Crise migratoire à Lampedusa : jusqu'à 70.000 euros par traversée, le juteux business d'un passeur

par M.L | Chronique vidéo : Benjamin Cruard
Publié le 15 septembre 2023 à 12h38, mis à jour le 15 septembre 2023 à 13h58
JT Perso
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Source : TF1 Info

L'île italienne de Lampedusa se retrouve plongée dans la crise, après l'arrivée massive de milliers de migrants sur ses côtes ces derniers jours.
Derrière cet afflux pourrait se trouver un passeur, l'un des plus puissants de Sfax, en Tunisie, qui s'était exprimé dans la presse italienne en juin dernier, décrivant les revenus colossaux qu'il tire de ces traversées illégales.

Autant d'arrivées que d'habitants : la petite île italienne de Lampedusa s'efforce de faire face à l'afflux de migrants en provenance d'Afrique du Nord. Après avoir accueilli ces derniers jours plus de 7000 personnes, soit l'équivalent de la population locale, elle s'est déclarée en état d'urgence. Ce phénomène qui touche l'un des premiers points d'escale pour les migrants traversant la Méditerranée est alimenté par l'activité des passeurs, qui s'organisent désormais en véritable réseau professionnel et tirent de ces passages un business juteux.

Selon la presse italienne, Hassan, l'un des passeurs les plus puissants de Sfax, en Tunisie, située à 180 km de Lampedusa, pourrait se trouver derrière cette récente arrivée massive de migrants sur l'île italienne. L'homme avait accepté de s'exprimer dans une interview au quotidien italien La Repubblica il y a quelques semaines, en juin dernier, pour y détailler le mode opératoire de son "agence de voyage illégale", de ses propres mots.

Des dizaines de milliers d'euros engrangés par traversées

Il expliquait notamment avoir rassemblé autour de lui tout un réseau de "coordinateurs" chargés notamment de contacter des "clients", de passeurs, mais aussi de créanciers qui investissent dans son trafic, de garde-côtes corrompus qui "acceptent des pots-de-vin", d'ouvriers qui fabriquent les bateaux destinés aux traversées "en à peine cinq, six jours"... Lui n'a en revanche jamais mis un pied sur une embarcation et contrôle les départs via son téléphone, glissait-il, des propos à retrouver plus en longueur dans la chronique de LCI en tête d'article. 

Auprès du journal italien, il détaillait aussi une sorte de grille tarifaire qu'il a mise en place pour les migrants qui espèrent rallier les côtes italiennes : 700 à 900 euros par personne pour une place dans un bateau en bois, pouvant contenir 50 personnes à bord, et jusqu'à 2000 à 2400 euros, toujours par personne, pour monter à bord d'un bateau en bois équipé de deux moteurs et pouvant accueillir 30 personnes. 

Il se dégagerait donc des recettes moyennes de 40.000 à 70.000 euros par traversée. Et la demande ne se tarit pas : pour le mois d'août, il expliquait avoir déjà "30 bateaux prêts (au départ) de Sfax pour l'Italie", ce qui représenterait 1,5 à 2 millions d'euros de revenus. Des traversées gratuites sont toutefois possibles, mais à la condition d'"amener au moins cinq clients". "Et puis, s'il y a des problèmes en mer, il sera le premier à sauter à l'eau. Après tout, le client est roi", lâchait-il cyniquement. 

Un phénomène difficile à enrayer

Pour rallier le Royaume-Uni, comme le souhaitent de nombreux candidats au départ, les prix flambent vertigineusement : 700 à 3000 euros pour parvenir en Italie, 1000 euros pour passer la frontière française, 3000 à 5000 euros pour franchir la Manche... Certains "packages", censés prendre en charge l'ensemble du parcours, peuvent même tutoyer les 20.000 euros. Selon les derniers chiffres d'Europol, l'agence européenne de police criminelle, cinq milliards d'euros ont été générés par les traversées pour les passeurs en Méditerrannée entre 2015 et 2016.

Pour tenter d'enrayer le phénomène, les autorités des pays européens tentent des coups de filets, par exemple sur la frontière franco-italienne où la police française a indiqué avoir démantelé 208 filières de passeurs depuis le début de l'année. Du côté tunisien, le gouvernement a annoncé avoir arrêté 1500 passeurs et intermédiaires en un an et demi, entre janvier 2022 et juin 2023. 

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Pourtant, le trafic se poursuit, et le recrutement se poursuit. Les membres de ces réseaux très rodés sont issus de nombreux pays à travers le monde, ce qui rend les arrestations bien plus difficiles. Sans oublier évidemment la difficulté de passage par les voies légales, qui mènent des milliers de personnes à se rabattre sur les voies interdites : "en raison du durcissement (des contrôles) dans les pays de destination et des technologies de contrôle aux frontières, les migrants ont de plus en plus recours aux services de passeurs organisés", estime Interpol, l'organisation internationale de police criminelle. 


M.L | Chronique vidéo : Benjamin Cruard

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