Suite à la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, la Chine a engagé des manœuvres militaires autour de l'île, mais a également pris des mesures diplomatiques.Visant les États-Unis, Pékin a décidé de cesser toute coopération dans de nombreux domaines.Parmi eux, celui du climat.
La visite de Nancy Pelosi à Taïwan a jeté un froid diplomatique entre la Chine et les États-Unis. Dans une volonté de représailles, Pékin a décidé d'accompagner son déploiement militaire dans le cadre d'exercices autour de Taïwan d'une suspension de coopération avec Washington dans plusieurs domaines, dont celui du climat. Une décision "irresponsable", a jugé la Maison Blanche.
Une suspension de coopération aux conséquences mondiales
En effet, alors que la tension semble à son comble dans la région du détroit de Taïwan, la Chine a décidé de suspendre toute communication entre les dirigeants militaires, de ne plus faire de réunions de travail entre ministères de la Défense et de cesser tout dialogue sur les questions de sécurité maritime avec Washington. Malgré ces annonces, John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche sur les questions de sécurité nationale, a assuré que les États-Unis continueraient de maintenir des contacts militaires "au plus haut niveau" avec Pékin.
Par ailleurs, toujours dans le cadre de mesures de représailles, la Chine a décidé d'arrêter les rapatriements de migrants illégaux, de ne plus mener d'assistance en matière de justice pénale, et surtout, de suspendre les négociations sino-américaines menées sur le changement climatique. Le ministère chinois des Affaires étrangères a justifié ces mesures en reprochant à Nancy Pelosi d'avoir traité avec "mépris" l'opposition de la Chine à sa visite à Taipei.
Au-delà des conséquences diplomatiques, la suspension des discussions sino-américaines sur la question du climat remet en cause l'engagement surprise que le pays avait pris aux côtés des États-Unis lors du sommet de la COP26 de Glasgow l'an dernier. Ces deux États, qui sont les deux plus importants émetteurs de gaz à effet de serre au monde, s'étaient engagés à travailler ensemble pour accélérer les actions pour le climat lors de la prochaine décennie. Ils devaient se réunir régulièrement pour "s'attaquer à la crise climatique".
Or, pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, il est "impossible" de résoudre les "problèmes les plus pressants" comme le changement climatique sans un dialogue "efficace" entre la Chine et les États-Unis, a déclaré vendredi son porte-parole. De même, le politologue François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l'environnement, qualifiait sur Twitter la décision chinoise de "catastrophe totale".
"Le régime de l’Accord de Paris est un régime volontariste où les engagements des uns sont alignés sur ceux des autres. Une coopération entre le premier et le deuxième émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre est donc essentielle pour entraîner les autres", s'est-il ainsi inquiété, espérant cependant que des échanges puissent malgré tout se poursuivre par l'intermédiaire de l'Égypte, pays organisateur de la COP27.
Ce serait une catastrophe totale, parce que cela signifierait la fin d’une coopération unifiée sur le climat, et donc la fin de l’Accord de Paris. La présidence égyptienne de la #COP27 va devoir déployer des efforts diplomatiques intenses pour éviter ce schisme. 5/.. — François Gemenne (@Gemenne) August 5, 2022
Depuis l'ère pré-industrielle, la Terre a gagné en moyenne près de +1,2 °C, multipliant déjà canicules, sécheresses, inondations ou tempêtes sur tous les continents. Et selon les experts climat de l'ONU (Giec), le mercure pourrait grimper de +2,8 °C d'ici 2100, même si les États tenaient leurs engagements. La lutte contre le changement climatique ne semble pas pouvoir se permettre d'attendre une résolution diplomatique entre la Chine et les États-Unis.
Certains experts soulignent cependant que l'annonce de la Chine "n'est certainement pas un retrait de la scène internationale sur les questions climatiques ni un rejet de l'action climatique", comme l'a estimé auprès de l'AFP David Waskow, du World Resources Institute. "Rompre avec la diplomatie ne veut pas dire que la Chine renonce à ses engagements", a renchéri Mohamed Adow, du centre de réflexion Power Shift Africa, soulignant qu'"à bien des égards, la Chine est en avance sur les États-Unis dans sa lutte contre le réchauffement".
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info