Crise ukrainienne : dix dates clés pour comprendre l'histoire entrecroisée de l'Ukraine et la Russie

M.L
Publié le 22 février 2022 à 18h02, mis à jour le 22 février 2022 à 22h57
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Source : JT 20h Semaine

Lors d'une allocution lundi, Vladimir Poutine a passé en revue l'histoire de la Russie et de l'Ukraine.
Il a notamment affirmé que l'Ukraine n'était pas "un pays voisin" mais "une partie de l'histoire" russe.
Tour d'horizon des grands chapitres de la relation russo-ukrainienne.

"L'Ukraine contemporaine a été entièrement et totalement crée par la Russie bolchévique et communiste" : tout au long d'un discours de plus d'une heure, Vladimir Poutine a affirmé lundi 21 février que Moscou avait forgé sa voisine, et que Russie et Ukraine ne formaient donc qu'une seule et même nation. L'occasion donc pour le chef du Kremlin de reconnaître l'indépendance de deux régions pro-russes, Donetsk et Lougansk. 

Ce n'est pas la première fois que le dirigeant russe affirmait que Kiev et Moscou était liées par un lien fort de filiation : dans un long article publié en juillet dernier, il estimait déjà que "Russes et Ukrainiens étaient une seule nation" appartenant à "un seul et même espace historique et spirituel". Si la Russie et l'Ukraine partagent en effet plusieurs siècles d'histoire commune, les tensions ont été nombreuses entre les deux nations, loin d'être jumelles. Moscou a souvent tenté d'imposer son contrôle sur le territoire ukrainien, écartelé entre des Ukrainiens europhiles et russophiles

À l'origine, la "Rous de Kiev" entre le XIe et le XIIe siècle

L'histoire entre Russes et Ukrainiens prend racine dans la "Rous de Kiev", une principauté qui a existé du XIe au XIIe siècle et recoupait alors les territoires des actuelles Russie, Ukraine et Biélorussie. Cette entité est considérée par Moscou comme son berceau. Attaqué par les Mongols, puis les armées polonaises et lituaniennes aux siècles suivants, le territoire est finalement partagé en 1667 entre la Pologne et la Russie. L'Empire russe obtient la rive gauche du fleuve de la Dienpr, et parvient à annexer la rive droite à la fin du XVIIIe siècle, détaille l'encyclopédie Larousse

Au XIXe siècle, de premières oppositions à la main mise russe

Moscou impose alors une russification du territoire à marche forcée, notamment en interdisant l'utilisation et l'étude de la langue ukrainienne et en forçant les habitants à se convertir à l'orthodoxie russe, relève National Geographic. Au XIXe siècle, tandis que les cultures et les industries alimentaires se développent à plein régime dans le pays, l'intelligentsia ukrainienne se lève contre le tsar russe, qui considère l'Ukraine comme une "Petit Russie" et réprime les dissidents. 

L'Ukraine adhère à l'URSS en 1922

À la suite de la révolution communiste de 1917, l'Ukraine bascule dans une guerre civile violente : un conseil proclame à Kiev la "République populaire d'Ukraine", tandis que les bolcheviks, implantés à l'Est et au Sud du pays, inaugurent la "République soviétique d'Ukraine". C'est elle qui finit par l'emporter : elle adhère à l'URSS en tant que république fédérée en décembre 1992, sous contrôle strict du parti communiste. Entre champs de blé, mines et industries foisonnantes, elle constitue une ressource centrale pour le pouvoir moscovite, mais les Ukrainiens ne se plient pas facilement à la collectivisation des terres. 

1932-1933 : Staline déclenche une famine redoutable en Ukraine

Irrité par cette résistance, alors que le pays concentre de nombreuses richesses, Joseph Staline décide entre 1932 et 1933 d'affamer l'Ukraine. Cette grande famine, appelée "l'Holodomor" ("l'extermination par la faim" en ukrainien) coûte la vie à quelque six millions d'individus et est considérée par Kiev comme un "génocide" du peuple ukrainien. Une ligne bien sûr rejetée par le Kremlin, qui défend plus largement une vision glorifiée de l'histoire russe, en minimisant les crimes de Staline. 

Après la Seconde Guerre Mondiale, l'URSS continue de mettre la main sur la région du Donbass, à l'Est de l'Ukraine, en repeuplant la région exsangue après l'Holodomor et le conflit mondial par l'arrivée de centaines de milliers d'ouvriers russes. Cet afflux modifie durablement l'équilibre ethnique et culturel de la région puisque la majorité des nouveaux arrivants ne parlent pas ukrainien.

1991 : l'Ukraine proclame son indépendance

En 1991, l'Ukraine devient indépendante (avec 90% de oui à l'issue d'un référendum) juste après que l'URSS se soit effondré. Un divorce difficilement digéré par Moscou, pour qui le pays restait un grenier à blé et un pourvoyeur d'énergies. L'ukrainien, qui appartient à la même famille des langues slaves orientales que le russe, devient l'unique langue d'État. Si les Ukrainiens sont le plus souvent bilingues, l'ukrainien est considéré comme langue maternelle par 78% de la population et le russe, par 18%, selon un récent sondage. 

En 2004, la "Révolution orange" veut entériner la rupture avec Moscou

Tandis que l'Ouest et le centre du pays se tournent de plus en plus vers l'Europe, a contrario de l'Est russophile, la "Révolution orange" éclate en 2004 : des milliers d'Ukrainiens descendent dans la rue pour défendre un sentiment national, s'éloigner de la Russie et se rapprocher de l'Union Européenne, et remporte une large adhésion au sein de la population. Parmi eux, de nombreux étudiants qui ont pris d'assaut les universités de Kiev ou de Lviv, interdites sous le pouvoir soviétique. 

2013 : nouvelle révolution pro-Europe à Kiev

Les tensions entre Ukraine et Russie continuent de grimper jusqu'à une nouvelle révolution dite de l'Euromaïdan, du nom de la place Maïdan, à Kiev, où les europhiles sont rassemblés dès novembre 2013 jusqu'en février 2014 à la suite du rapprochement du président d'alors, Viktor Ianoukovitch, avec les Russes. Si la mobilisation est réprimée dans le sang, elle parvient à faire chuter le régime et le nouveau pouvoir en place se rapproche de l'Europe. À ce moment-là, la Russie ne peut compter que sur un maigre électorat qui lui est favorable, situé à l'est du pays : il ne grimpe qu'à 20%, relève France Culture

Février 2014 : la Russie annexe la Crimée

Le Kremlin réagit alors en annexant la Crimée grâce à un référendum, considérant cette péninsule comme faisant intégralement partie de la Russie sous l'Union soviétique. Les Russes ont développé un vif attachement à celle-ci au fil des décennies : sous l'URSS, plusieurs générations y passent leurs vacances. Mais son annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale et l'Ukraine réclame toujours sa rétrocession, tandis que la Russie s'est empressée de battre un pont enjambant le détroit de Kertch pour relier la péninsule au territoire russe. 

Dans la foulée, des mouvements séparatistes prorusses émergent dans l'est de l'Ukraine, à Donetsk et Lougansk, régions du Donbass frontalières de la Russie, qui s'opposent aux forces ukrainiennes. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les rebelles en envoyant des hommes et du matériel, ce que Moscou a toujours démenti.  

En 2015, les accords de Minsk sont signés

Le conflit a diminué en intensité à partir de 2015 et la signature des accords de paix de Minsk, signés sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, destinés à mettre fin aux hostilités dans les régions séparatistes. Ces accords prévoyaient la fin des confrontations armées et l'instauration d'un dialogue, en vue de la tenue d'élections locales dans ces régions. Mais ils peinent à tarir les tensions : depuis 2014, les affrontements en Ukraine ont fait plus de 14.000 morts. 

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Depuis fin 2021 : la situation se crispe aux frontières de l'Ukraine

Le conflit a retrouvé un nouveau souffle fin 2021, lorsque le Kremlin a commencé à mobiliser ses troupes à la frontière du pays, en y massant plus de 150.000 hommes pour protester contre l'entrée possible de l'Ukraine dans l'OTAN. À compter de jeudi 17 février, l'OSCE a enregistré des milliers de violations du couvre-feu : des tirs et bombardements ont été constatés dans ces régions, des attaques dont s'accusent mutuellement les forces ukrainiennes et séparatistes.

Lundi 21 février, la tension a grimpé d'un cran, lorsque Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des deux "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk par la signature de deux décrets. Le dirigeant russe a aussi autorisé ses forces armées à entrer dans le Donbass pour y "maintenir la paix"


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