Vladimir Poutine a décrété, lundi, reconnaitre les territoires indépendantistes du Donbass, en Ukraine.Suite à cette décision, les occidentaux ont répliqué avec une série de sanctions.Pour TF1info, Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'université de Paris II Assas, analyse la portée de ces mesures.
Confirmant les appréhensions occidentales, Vladimir Poutine a reconnu, lundi 21 février, l'indépendance des entités sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk, au sud-est de l'Ukraine. Sans attendre, les Européens, mais aussi les Américains, les Britanniques, les Japonais et les Australiens ont décrété une série de sanctions à l'encontre de la Russie, qui manœuvre militairement depuis des mois autour de l'Ukraine.
"Le Kremlin ne peut plus lever de fonds aux États-Unis ou en Europe et sa nouvelle dette ne peut plus être négociée sur les marchés financiers américains ou européens", a déclaré, mardi, Joe Biden, qui vise aussi le financement des dépenses militaires à travers deux banques publiques, mais également cinq oligarques proches du président russe, qui voient leurs biens gelés. Outre-Atlantique, un "paquet de sanctions" visant notamment les 351 députés russes de la Douma qui ont approuvé la reconnaissance de l'indépendance des territoires séparatistes et 27 individus et entités "qui contribuent à miner ou menacer l'intégrité territoriale de l'Ukraine, sa souveraineté et son indépendance" doivent aussi s'appliquer dans les heures à venir. En outre, l'UE souhaite, comme les États-Unis, empêcher "l'État russe et son gouvernement à accéder aux marchés européens".
Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'université de Paris II Assas et chercheur en relations internationales a analysé pour TF1info l'effet de ces mesures punitives.
Quelles sont, selon vous, les sanctions les plus impactantes ?
Je ne pense pas qu’il y ait une sanction qui sorte du lot, parce que si on les prend une par une, elles ont un effet très limité. Les élites qui ont été touchées par ces mesures sont des responsables de grandes entreprises, comme le Facebook russe ou un patron de télévision russe. Mais ils sont tellement proches du pouvoir que dans un contexte de patriotisme exacerbé, je ne pense pas que ça va avoir le moindre effet. De même pour les 351 députés russes. Lorsque l'on siège à la Douma [la chambre basse de l'Assemblée de Russie, ndlr], c’est quand même difficile de faire autrement que de soutenir Vladimir Poutine. Malgré tout, le fait de ne plus pouvoir se rendre en Europe, au Canada, aux États-Unis, en Australie ou au Japon va singulièrement les gêner.
D'autre part, les banques sanctionnées, qui financent des opérations de guerre, ont chacune des actifs de l’ordre de centaines de millions de dollars, ce qui n'est pas énorme. Mais ne pouvant plus avoir accès au marché international, elles font quand même face à des difficultés, sans que ce soit insurmontable. En ce qui concerne le blocage de l’accès au financement de la dette, on sait que Vladimir Poutine avait fait des réserves. Il avait beaucoup emprunté pendant 6 mois, pour épargner. Donc il s’est préparé à cette mesure.
Si elles n'ont pas une grande portée, ces sanctions ont déjà le mérite d'exister et de précéder d'autres mesures, plus importantes. C’est un début. C’est un avertissement.
Ces sanctions peuvent-elles déstabiliser Vladimir Poutine ?
Ça ne va pas déstabiliser Vladimir Poutine, et d’autant moins que les Chinois ont annoncé qu’ils ne lui infligeraient pas de sanction. Cela veut dire qu’il y a une ouverture à l’Asie, qu’il y a d’autres marchés et d’autres possibilités. Il sait cependant que d’autres sanctions plus contraignantes peuvent arriver, mais je ne peux pas dire si cela va suffire à calmer ses ambitions.
"L’état de guerre fait souffrir les deux parties"
Y a-t-il un risque que ces sanctions se retournent contre les Européens ?
Le risque existe effectivement. Quand on dit que l'on se trouve dans un état de guerre, c’est exactement ça. L’état de guerre fait souffrir les deux parties. Ce n’est pas simplement des morts et des blessés au front, mais un appauvrissement général partout, des pénuries… Notamment sur le blé, alors que la Russie est le grenier du monde grâce à la Sibérie, qui fournit un tiers du blé mondial. Si on n'importe plus de blé, cela va engendrer une forte augmentation du prix de la farine, et donc du pain, mais aussi des pâtes, etc.
La menace d'une explosion du prix du gaz, des métaux précieux et du pétrole semble également inévitable, à tel point que Joe Biden envisage de puiser pour la deuxième fois de l'Histoire des États-Unis dans la réserve stratégique de pétrole du pays. Le président américain a aussi annoncé un investissement de 35 millions de dollars visant à créer une chaîne d'approvisionnement entièrement nationale pour les minéraux essentiels présents dans de nombreux produits technologiques.
A-t-on raison d'imposer des sanctions graduées, plutôt que de frapper fort directement ?
Les sanctions graduées font partie de la méthode Biden et de la guerre froide. Si on donne tout d’un coup et que la personne ne répond pas, ce qui reste derrière, c’est l’intervention militaire. Donc si on ne veut pas d’intervention, on applique des sanctions graduées, on les laisse faire leur effet, avant de rajouter une couche jusqu’à ce que ça devienne tellement insupportable qu’on se met autour d’une table pour trouver une solution.
Ces sanctions peuvent-elles déboucher sur une intervention militaire ?
Joe Biden est un homme qui dit qu’il veut la paix et qui développe des instruments pour protéger la paix. Mais en même temps, il dit qu’il n’a pas peur de la guerre. Ce n’est pas très connu, mais Joe Biden est derrière l’intervention américaine en 1990 en ex-Yougoslavie. Alors qu'il était président de la Commission des affaires étrangères au Sénat, il a réussi à convaincre le gouvernement américain et le président d'intervenir en dénonçant des atteintes aux droits de l'Homme. Si les sanctions sont pour le moment graduées, il n'est pas à exclure que le président américain finisse par mobiliser des soldats américains en Ukraine. Tout est sur la table et tout est possible.
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