Décret anti-climat de Trump : et si ce n'était que le début ?

Publié le 29 mars 2017 à 18h30
Décret anti-climat de Trump : et si ce n'était que le début ?

CLIMAT - Le président des Etats-Unis a ordonné mardi de réexaminer la mesure phare de son prédécesseur Barack Obama, le "Clean Power Plan". Un avant-goût de ce que le républicain entend instaurer durant son mandat.

Après l'échec cuisant de sa réforme de la santé, Donald Trump a déplacé son attention sur un dossier phare de l'administration Obama : le climat. Le président américain a en effet signé mardi un "décret sur l'indépendance énergétique" ("clean power plan) avec un objectif : relancer l'industrie du charbon aux Etats-Unis. Un projet qui illustre la défiance du républicain envers le changement climatique. La preuve en quelques exemples.

Un soutien au secteur du charbon (malgré son déclin)

Donald Trump l'assure : en abrogeant le Clean Power Plan (le projet pour une énergie propre adopté en 2014, qui a pour but d'accélérer la transition énergétique) ce sont 27.700 emplois de mineurs - et près de 100.000 sur l'ensemble de la chaine d'utilisation du charbon – qui seront sauvés. Seulement voilà, le secteur n'a plus la côte aux Etats-Unis. La preuve en quelques chiffres : sur la seule année 2015, la production de charbon a diminué de plus de 10%, tombant à ses plus bas niveaux depuis 1986. Le nombre de mineurs, lui, a baissé de 12% en un an (65.971 personnes), le niveau le plus bas depuis que l'agence américaine pour l'énergie (EIA) a commencé à collecter cette statistique en 1978. "C'est décevant, navrant. C'est un retour en arrière. Nous sommes face à un climat qui, depuis l'élection de Donald Trump, se détériore de façon irrémédiable", estime pour LCI le climatologue Hervé Le Treut, membre de l’Académie des sciences.

Un décret incompatible avec l'accord de Paris

Le "décret sur l'indépendance énergétique" pris ce mardi par Donald Trump suscite de vives interrogations sur l'attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l'accord de Paris signé fin 2015 par plus de 190 pays. Un accord que le magnat de l'immobilier n'a, à aucun moment, évoqué. De là à évoquer une sortie, il n'y a qu'un pas que redoutent certains partenaires de Washington, tel que Pékin ou les Pays-Bas. Selon Hervé Le Treut, les Etats-Unis devraient malgré tout continuer à souffler le chaud et le froid jusqu'à la COP24, prévue en Pologne en 2018 :  "Les Etats-Unis sont engagés dans une direction qui n'est plus celle actuellement suivie par Donald Trump. Ces engagements seront à nouveau discutés en 2018, et je crois que l'Administration Trump va vouloir rester dans le cadre de l'accord, participer aux réunions et profiter de cet espace de discussion, sans respecter les engagements de Barack Obama."

Un feu vert à la construction de l'oleoduc Keystone XL

Donald Trump a donné le 24 mars son feu vert à la construction de l'oléoduc Keystone XL. Problème : ce gigantesque projet, qui doit traverser l'Amérique du Nord sur 1.900 kilomètres, dont 1.400 aux Etats-Unis, soulève la controverse depuis la présentation de sa première demande il y a dix ans. Avant de tirer sa révérence, Donald Trump avait décidé de mettre son veto en novembre 2015, s'appuyant sur l'étude menée pendant de longs mois par le département d'Etat assurant que le projet "n'était pas d'intérêt national pour les États-Unis".

États-Unis : Donald Trump relance des oléoducs controversésSource : Sujet JT LCI
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Un premier budget résolument "anti-climat"

Dans le premier budget de son administration transmis au Congrès le 16 mars, qui a le dernier mot en matière budgétaire, la Maison Blanche a donné le ton : elle cherche à réduire le budget de l'EPA (Environmental Protection Agency) de 2,6 milliards de dollars sur les 8,3 milliards actuels. La conséquence ? Une telle coupe ferait tomber le budget de l'agence à son plus bas niveau depuis 40 ans. Mais surtout, elle éliminerait les fonds pour la recherche sur le changement climatique, ainsi que les programmes de protection environnementale des Etats. Autre exemple : le programme du satellite Observatory-3, qui aurait dû surveiller les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère, serait notamment abandonné.


Thomas GUIEN

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