Plébiscitée puis rejetée : retour sur neuf années d'engagement de la France au Mali

Dylan VEERASAMY avec AFP
Publié le 15 août 2022 à 19h52, mis à jour le 15 août 2022 à 20h35

Source : Sujet JT LCI

Après neuf ans dans le Sahel, les soldats de l'opération Barkhane ont officiellement quitté la région.
C'est la fin d'une des plus grandes opérations extérieures de l'armée française qui aura coûté la vie à plusieurs soldats.

Après neuf longues années de présence militaire dans le Sahel, les derniers soldats français de l’opération Barkhane ont quitté le territoire malien, ce lundi 15 août. Un départ du Mali annoncé par Emmanuel Macron en février 2022 et qui marque la fin d’une époque pour les forces armées française. Retour sur une des plus grandes opérations de l’armée française à l’étranger.

Serval, premier acte au Mali

En mars 2012, des rebelles indépendantistes, vite évincés par leurs alliés islamistes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), prennent le contrôle de Kidal, Gao et de Tombouctou, situées au nord du Mali. À la fin de l’année 2012, le président français François Hollande évoque pour la première fois une possible intervention militaire dans la région, afin de protéger les intérêts de l'Hexagone sur place et d’assurer la sécurité du peuple malien. Le 11 janvier 2013, l’armée française lance officiellement l’opération Serval, qui a pour but de ralentir la progression des jihadistes dans la région du Sahel, où AQMI fait rage.

Après quelques mois d’affrontements marqués par les premiers décès de soldats français sur le sol malien, les forces françaises reprennent rapidement les villes de Gao et de Tombouctou, avant de prendre le contrôle de l’aéroport de Kidal, point stratégique dans la lutte contre les djihadistes. Au cours d’un déplacement au Mali, le président François Hollande est acclamé en libérateur par la population locale. Mais un an plus tard, en mai 2014, la situation se dégrade à nouveau et la ville de Kidal tombe aux mains de rebelles touaregs.

Barkhane en continuité

Le 1er août 2014, l’opération Serval est remplacée par Barkhane, une nouvelle opération à vocation régionale, forte alors de 3000 soldats français au Sahel. En plus des forces armées françaises, plusieurs centaines de soldats en provenance du Royaume-Uni, d’Estonie, du Danemark et de République Tchèque sont envoyés dans la région. Au cours des mois suivants la mise en place de cette coalition européenne et régionale, les troupes djihadistes subiront de lourdes pertes, avec le décès de plusieurs chefs du groupe salafiste Al-Mourabitoune.

Entre 2015 et 2019, les djihadistes d’AQMI et d’autres groupuscules locaux multiplient leurs assauts contre les soldats européens et s’en prennent notamment aux étrangers présents sur place. Le groupe État islamique au grand Sahara (EIGS), de son côté, lance des attaques d'ampleur contre des bases militaires au Mali et au Niger et devient un ennemi commun de la France et des forces du G5 du Sahel, composé de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad. L’année 2019 marque la chute de plusieurs chefs de l’EIGS, mais également de l’exécution de plusieurs humanitaires français au Niger.

Des coups d'État maliens qui marquent la rupture

Les différents coups d’État au Mali, en août 2020 et mai 2021, vont détériorer les relations entre Paris et Bamako à tel point qu’Emmanuel Macron annoncera, le 10 juin 2021, les premiers départs d’effectifs de l’opération Barkhane. Un geste qualifié d’"abandon en plein vol" par le Premier ministre malien, Choguel Maiga, lors d’une tribune à l’assemblée générale des Nations unies, en septembre 2021. En parallèle, le développement du groupe paramilitaire russe Wagner sur le territoire malien sera grandement critiqué et précipitera la fin des opérations françaises sur place. La dégradation de la situation sécuritaire malgré la présence de Barkhane fait également grandir l'incompréhension des populations. 

2022 marque la rupture des relations entre Paris et Bamako, entre le renvoi de l’ambassadeur de France du Mali et la demande, refusée, du retrait "sans délai" des forces françaises en février.

Avec ce désengagement du Mali, la France divise par deux sa présence au Sahel avec 2500 militaires environ. Désormais, l'armée française offrira son soutien dans la région, mais en deuxième ligne. Paris conservant notamment plus d'un millier d'hommes au Niger.


Dylan VEERASAMY avec AFP

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