#ALTERATIVEFACTS - Les uns après les autres, les membres de l'équipe de Donald Trump alimentent malgré eux la polémique sur les chiffres des personnes présentes à l'investiture vendredi dernier. Pour le grand plus grand bonheur des internautes et de Twitter. La dernière victime est Kellyanne Conway, la plus fidèle conseillère du président.
"Les chiffres sont comme les gens. Si on les torture assez, on peut leur faire dire n'importe quoi". La citation de l'écrivain français Didier Hallépée illustre à merveille la bataille de chiffres qui entoure la cérémonie d'investiture de Donald Trump. Une polémique dont le nouveau président américain est lui-même à l'origine et que son équipe a brillamment alimenté.
"C'est un mensonge"
Le point de départ : en visite au siège de la CIA au lendemain de son investiture, Donald Trump s’en est une nouvelle fois pris violemment aux journalistes, qu’il accuse d’avoir volontairement minimisé les chiffres sur les personnes présentes lors de sa prestation de serment à Washington.
"Les journalistes sont parmi les humains les plus malhonnêtes au monde. Durant mon discours, il y avait une foule immense sur l'esplanade. Et ce matin (ndlr : samedi), j'allume la télé et je tombe sur une chaîne qui montre une esplanade vide. Ils ont dit qu'il y avait 250.000 personnes (...) C'est un mensonge", a lancé Donald Trump devant les caméras. Le président, lui, estime qu'il y avait environ 1,5 million de personnes présentes.
C'était le plus grand public jamais vu à une inauguration, à la fois en personne et dans le monde
Donald Trump
L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais Donald Trump en a rajouté une couche : "C'était le plus grand public jamais vu à une inauguration, à la fois en personne et dans le monde". Une phrase qui n'est pas passée inaperçue. De nombreux sites se sont alors lancés dans un exercice de fact-checking. Photos aériennes et données à l'appui, ils ont démonté la certitude de Donald Trump en comparant son investiture avec celle d'Obama en 2009 (cette dernière avait rassemblé 1,8 million de personnes).
Compare the crowds: 2009 inauguration at left, 2017 inauguration at right. #Inauguration pic.twitter.com/y7RhIR2nfC — Binyamin Appelbaum (@BCAppelbaum) 20 janvier 2017
Comparing Donald Trump and Barack Obama's inaugural crowd sizes https://t.co/5JEcNQSOJe pic.twitter.com/A9nkUI9Ecv — CNN Politics (@CNNPolitics) 20 janvier 2017
Enfin, autre donnée qui laisse à penser que la foule était inférieure à celle de 2009 : celle des usagers du métro. À 11 heures ce vendredi 20 janvier, 193.000 personnes avaient emprunté le métro contre 317.000 pour l'investiture d'Obama. Une tendance avancée par de nombreux sites qui n'est toutefois pas représentative.
Metro Ridership: As of 11am, 193k trips taken so far today. (11am 1/20/13 = 317k, 11am 1/20/09 = 513k, 11am 1/20/05 = 197k) #wmata — Metro (@wmata) 20 janvier 2017
Pour dissiper les doutes, le porte-parole de Donald Trump, Sean Spicer, s'est à son tour exprimé publiquement sur le sujet. "Ce fut la plus grande foule jamais vue lors d’une investiture, point barre". Récompense de cette sortie médiatique : des railleries sur les réseaux sociaux, symbolisées par la création du hashtag #SpicerFacts (#Les faits selon Sean Spicer). Sur le réseau social on peut lire par exemple des informations évidemment fausses ou au moins très discutables, conclues souvent par un "point barre", pour reprendre l'expression de Sean Spicer.
#AlternativeFacts
Invitée dimanche soir sur CNN, Kellyanne Conway, la plus fidèle conseillère de Donald Trump, est venue en aide à son camarade. "Pourquoi Donald Trump a-t-il envoyé son porte-parole, qui est aussi porte-parole de la Maison Blanche et du pays tout entier, devant la presse pour la première fois pour divulguer un mensonge que l'on peut prouver ?", demande le journaliste de l'émission "Meet The Press".
"Ne soyez pas aussi dramatique, répond-elle, vous dites que c'est un mensonge mais le porte-parole a présenté des 'faits alternatifs' et le fait est...", avant d'être interrompu par le journaliste. "Quoi ? Attendez... des 'faits alternatifs' ? Ce qu'il a dit n'était pas vrai. Des 'faits alternatifs' ne sont pas des faits, ce sont des mensonges", assène le journaliste avant que la conseillère ne change de sujet. Kellyane Conway réutilisera ensuite cette expression de "faits alternatifs" sur d'autres chaînes.
WATCH: Kellyanne Conway defends WH press secretary's "alternative facts." #MTP pic.twitter.com/q4PVzhpA1g — Meet the Press (@MeetThePress) 22 janvier 2017
Des propos qui ont encore fait réagir les internautes. Kellyanne Conway est, elle aussi, la source d'un nouvel hastag #AlternativeFacts.
I wonder if I'm now allowed to use "alternative facts" when I do my income tax returns? #alternativefacts — Alice Molero (@AliceMolero1) 22 janvier 2017
"Je me demande si je vais pouvoir remplir ma feuille d'impôt avec des 'faits alternatifs" #AlternativeFacts"
One million people wear invisibility cloaks to inauguration #alternativefacts — Laura Kay (@cclaurak) 23 janvier 2017
"Un million de personnes sont venues à l'investiture avec leur cape d'invisibilité sur le dos" #AlternativeFacts"