MANIFESTATION - A Hong Kong, ils étaient près de deux millions dans les rues pour protester contre le projet de loi sur les extraditions vers la Chine. "Retirez la loi maléfique!", ont scandé les protestataires ce dimanche.
Près de deux millions de manifestants dans les rues de Hong Kong. Ce dimanche, c'est vêtus de noir qu'ils ont défilé afin de réclamer le retrait du projet de loi sur les extraditions vers la Chine et la démission de la cheffe du gouvernement pro-Pékin. "Pour le défilé aujourd'hui, nous avions près de deux millions de personnes", a affirmé aux journalistes Jimmy Sham, un représentant du Front des droits humains civiques (CHRF), soit près du double du nombre de manifestants revendiqué dimanche dernier. Cette estimation n'a pas pu être vérifiée de source indépendante, tandis que la police évoque de son côté le chiffre de 338 000 manifestants au plus fort de la manifestation dimanche.
Des milliers de manifestants sont restés pour la nuit dans les rues, qui semblaient abandonnées par la police à la foule. Les organisateurs exigeaient de Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif de Hong Kong qui a suspendu samedi le projet de loi, qu'elle le remise définitivement au placard. Ils réclamaient en outre sa démission ainsi que des excuses pour les violences policières."Retirez la loi maléfique!", ont scandé les protestataires. Comme ils l'avaient fait le 9 juin, avec un record de participants évalué à un million par les organisateurs, les manifestants ont défilé dans le coeur de l'île de Hong Kong pour gagner le Conseil législatif (LegCo: le Parlement local).
Selon ses détracteurs, le projet de loi placerait la population de l'ancienne colonie britannique à la merci du système judiciaire de Chine continentale, opaque et sous influence du Parti communiste. Les milieux d'affaires craignent que la réforme nuise à l'image internationale et l'attractivité du centre financier. Accusée d'autoritarisme, Carrie Lam a dû présenter dimanche soir "ses excuses", reconnaissant que "les lacunes dans le travail du gouvernement ont entraîné beaucoup de conflits et de querelles dans la société hongkongaise".
Dans le même temps, un parti d'opposition a annoncé la libération lundi du leader étudiant Joshua Wong, 22 ans, figure du mouvement prodémocratie de l'automne 2014. Carrie Lam avait excipé d'actes de violences perpétrés par certains participants pour justifier la répression des manifestations. Mais l'opposition l'accuse de s'être servie des agissements d'une infime minorité pour se déchaîner sur l'ensemble des protestataires, en grande majorité pacifiques.
Mercredi, Hong Kong avait connu les pires violences depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, quand des dizaines de milliers de personnes avait été dispersées par la police à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. "Police de Hong Kong, tu dois nous protéger, pas nous tirer dessus", pouvait-on lire sur une banderole. Des manifestants brandissaient les photos des affrontements.
La volte-face des députés
Mais le mouvement dépasse la question des extraditions et exprime un ressentiment beaucoup plus large contre le gouvernement et contre Pékin, accusés de rogner depuis des années les libertés du territoire semi-autonome. A Lion Rock, un sommet située dans la partie continentale de Hong Kong, une immense bannière avait été déployée : "Défendez Hong Kong !" Ces derniers jours, la cheffe du gouvernement s'était retrouvée de plus en plus isolée, les députés proPékin prenant eux-mêmes leurs distances par rapport au texte au motif qu'il porterait atteinte à l'environnement économique de Hong Kong.
Sa reculade représente toutefois une volte-face rare de la part d'autorités qui avaient refusé de céder le moindre pouce de terrain aux protestataires de la "révolte des parapluies" en 2014. Ils n'avaient pas obtenu l'élection du chef du gouvernement au suffrage universel, et des figures clé du mouvement sont aujourd'hui en prison. "Les groupes pro-démocratie ne vont pas s'arrêter là. Ils veulent profiter de la dynamique contre Carrie Lam", a expliqué l'analyste politique Willy Lam. "Ils vont maintenir la pression et continuer sur cette lancée".
En Chine, les médias d'Etat ont gardé le silence sur le mouvement de protestation. L'agence officielle Chine Nouvelle a diffusé lundi matin une information de quatre paragraphes indiquant que le projet de loi avait été suspendu "eu égard aux opinions fortes et différentes dans la société", mais sans mentionner la mobilisation. Selon l'agence chinoise, Carrie Lam a présenté ses excuses après que des "déficiences" dans le travail du gouvernement ont "causé des controverses". Toute référence à la manifestation avait été expurgée de l'internet.
A Washington, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a indiqué que le président Donald Trump avait l'intention d'évoquer les manifestations de Hong Kong avec son homologue chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 fin juin au Japon.
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