Peng Shuai : la Chine appelle à "ne pas monter en épingle" l'affaire

F. Senneville avec AFP
Publié le 23 novembre 2021 à 17h51

Source : JT 20h WE

CENSURE - Pékin, qui avait jusqu'ici évité de commenter directement "l'affaire Peng Shuai", demande désormais de cesser de la "monter en épingle" ou d'en "faire une question politique". Mais l'indignation internationale ne retombe pas.

Jusqu'ici, le ministère chinois des Affaires Étrangères s'était refusé à commenter les allégations de viol ou la disparition de la championne de tennis Peng Shuai. À nouveau interrogé ce mardi 23 novembre, le porte-parole de la diplomatie a finalement réagi à cette affaire qui suscite l'indignation internationale. "Je pense que certains doivent cesser de délibérément monter en épingle cette question à des fins hostiles", a ainsi déclaré Zhao Lijian, "et surtout d'en faire une question politique"

Car si des images ont circulé pour attester de la bonne santé de Peng Shuai, elles ne répondent pas à toutes les questions, et la mobilisation pour la joueuse ne retombe toujours pas.

Peng Shuai avait disparu début novembre, peu après la publication en ligne d'une lettre ouverte où elle accusait un ancien haut dirigeant chinois de lui avoir imposé une relation sexuelle. Son message avait disparu également, ainsi que toute référence sur le web chinois, à celle qui était pourtant une championne de tennis de niveau mondial. 

Après la mobilisation des réseaux sous le hashtag #WhereIsPengShuai, finalement suivie par le monde du tennis et la WTA, des photos puis des vidéos avaient été diffusées en ligne, semblant notamment attester de sa présence lors d'un tournoi de tennis. Puis c'est le président du CIO, Thomas Bach, qui témoignait d'un appel vidéo d'une demi-heure avec Peng Shuai. La jeune femme de 35 ans l'aurait assuré de sa bonne santé, mais aurait demandé "que sa vie privée soit respectée".

Des preuves de vie, mais un contexte douteux

Aucun de ces éléments n'est toutefois complètement satisfaisant : les images diffusées sont difficiles à contextualiser, et ne peuvent de toute façon pas témoigner de la liberté de mouvement de la jeune femme. Quant au patron du CIO, il est accusé à son tour de faire le jeu de la Chine pour préserver l'organisation des Jeux olympiques d'hiver, supposés débuter à Pékin dans moins de trois mois. 

Le communiqué de CIO, à l'instar du discours de Pékin, évite d'ailleurs soigneusement toute référence aux allégations de viol lancées par la jeune femme contre l'ancien Vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli, qui avaient précédé sa disparition.

CHINE : Pékin efface toute trace de Peng ShuaiSource : TF1 Info

Pas convaincue par la visioconférence de Thomas Bach avec Peng Shuai, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait accusé le CIO de "collaboration active" avec Pékin : "Le CIO semble accorder plus d'importance à sa relation avec un pays qui viole les droits humains qu'aux droits et à la sécurité des athlètes olympiques", a indiqué un communiqué de l'organisation. De son côté, l'association de tennis féminin WTA menace toujours la Chine de retirer ses tournois du circuit, si la lumière n'était pas faite sur les accusations de la jeune femme. 

Si Pékin peine à éteindre l'indignation internationale, en Chine même, où la championne de tennis est pourtant très célèbre, et où son agresseur présumé a été Vice-Premier ministre pendant cinq ans, la plupart des habitants n'ont pratiquement pas eu vent de l'affaire. Censurée par les médias officiels et invisibilisée sur la toile, la lettre ouverte de Peng Shuai n'avait été en ligne qu'une vingtaine de minutes avant de disparaître.


F. Senneville avec AFP

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