VIDÉO - Un an de guerre en Ukraine (8/10) : avec l'armée russe au plus près de la centrale nucléaire de Zaporijia

par V. F | Reportage vidéo : Jérôme Garro et Gilles Parrot
Publié le 22 août 2022 à 21h15, mis à jour le 10 février 2023 à 16h59

Source : TF1 Info

Il y a près d'un an, le 24 février 2022, les troupes russes commençaient à envahir l'Ukraine, sous les yeux impuissants du monde.
Un conflit que nos envoyés spéciaux ont couvert depuis les tout premiers jours, et dont nous avons sélectionné les reportages les plus marquants.
Dans celui-ci, tournée en août, notre équipe a pu exceptionnellement se rendre à la centrale nucléaire de Zaporijia, aux côtés de l'armée russe qui en a pris le contrôle.

La route menant à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le sud de l'Ukraine, occupée depuis mars par les troupes russes, est hérissée de barrages. Des points contrôle sont tenus par l'armée russe. Et tout au bout de ce chemin semé d'embûches apparaît la silhouette massive de l'édifice, avec ses six réacteurs, bombardés depuis trois semaines et qui peuvent à tout moment se transformer en danger pour l'Europe toute entière. L'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement de tirer sur ce site, tandis que l'opérateur ukrainien de la centrale - la plus grande d'Europe - accuse les forces russes de préparer son raccordement à la Crimée et d'en endommager le réseau électrique. 

Une situation ultra-sensible dont l'équipe du JT de 20H a pu se rendre compte. Après de multiples autorisations, elle a réussi à accéder au site, mais n'a pas pu se rendre à l'intérieur de la centrale, car personne ne peut y pénétrer à part les gens qui y travaillent. Là, des ouvriers s'affairent pour réparer des raccordements électriques détruits par un bombardement, il y a quelques jours. C'est l'un des scénarios redoutés, car si la centrale n'a plus de courant, les cœurs de ses réacteurs ne peuvent plus refroidir. Ce serait l'accident nucléaire, la fuite radioactive. 

Et ce n'est pas le seul risque. Andreï Loudany est un ingénieur ukrainien autorisé par les Russes à parler à une équipe de télévision. Il s'occupe des déchets radioactifs dans la centrale. "Les réacteurs sont conçus en théorie pour résister à la chute d'un avion. Je suis beaucoup plus inquiet pour les stocks de déchets radioactifs ; ils ne sont pas très protégés. Si un obus ou même une roquette tombent dessus, une zone considérable pourrait être vite irradiée", s'inquiète-t-il dans la vidéo en tête de cet article.

9000 employés s'occuperaient toujours de la centrale

Car ce sont des dizaines d'obus qui tombent régulièrement dans l'enceinte de la centrale, alors que les ingénieurs ukrainiens travaillent toujours ici. Quelques employés sont d'ailleurs visibles sur les images tournées sur place par nos journalistes. 9000 personnes au total s'occuperaient toujours de la centrale, un chiffre néanmoins invérifiable. La plupart des ouvriers vivent dans la ville voisine d'Energodar, blottie contre la centrale. Elle comptait 50.000 habitants avant le conflit, mais deux fois moins aujourd'hui. Ceux qui n'ont pas fui vivent entre la crainte de la guerre et l'invisible menace d'une fuite radioactive. 

"Oui, j'ai peur, bien sûr que je suis terrorisée. Je m'inquiète pour ma famille, je ne peux pas partir, j'ai une pension minuscule, ma fille est malade et j'ai aussi un petit-fils ici. Comment voulez-vous que je parte", lance ainsi une habitante. "Mon fils travaille dans la centrale comme chef d'équipe, je m'inquiète beaucoup pour lui. Dès que j'entends des explosions au loin, je pleure comme un enfant", ajoute un vieil homme, des larmes plein les yeux.

Tous ont l'impression de vivre sur une terre interdite. Un plan d'évacuation est d'ailleurs déjà prévu. Seule avancée à ce jour : la Russie a accepté la visite de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA). Ses inspecteurs pourraient arriver d'ici à une quinzaine de jours. 


V. F | Reportage vidéo : Jérôme Garro et Gilles Parrot

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