ETATS-UNIS - Le sénateur socialiste a annoncé ce mercredi qu'il débattrait "dimanche prochain" contre Joe Biden. Face à ce dernier, aujourd'hui favori pour devenir le champion des démocrates face à Donald Trump en novembre, Bernie Sanders veut continuer à porter sa "révolution politique".
Bernie Sanders l'assume, ce n'était pas "une bonne soirée". Longtemps donné favori à la course à l'investiture démocrate aux Etats-Unis, le sénateur a pris du retard face à Joe Biden, qui a consolidé son avance du Super Tuesday, à l'occasion du mini Tuesday du 10 mars. Mais le candidat socialiste ne lâche pas la course. Il voit même déjà la prochaine étape, se projetant même vers le débat qui le confrontera ce dimanche à son "ami Joe Biden".
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Bernie Sanders assume la défaite
Car après plusieurs défaites inaugurales, c'est Joe Biden qui a créé la surprise. L'ancien vice-président de Barack Obama a fait un retour spectaculaire dans la course à l'investiture démocrate, d'abord en remportant 10 des 14 Etats en jeu lors du Super Tuesday, puis en gagnant le Mississippi, le Missouri, l'Idaho et le Michigan lors du mini Tuesday, mardi 10 mars. Face à lui, Bernie Sanders n'a remporté que le Dakota du Nord, un Etat qui n'attribue qu'un petit nombre de délégués dans la course à l'investiture. Il peut encore espérer rafler les délégués délivrés par les Démocrates de l'étranger et par l'Etat de Washington.
Pas de quoi décourager celui qui promet l'assurance-maladie universelle et la gratuité des études. Si cette figure de proue de la gauche américaine concède sa défaite, il a décidé, après une nuit de délibérations avec son cercle le plus proche, de continuer à prôner sa "révolution politique" auprès des électeurs, notamment les plus jeunes.
I look forward to debating Joe Biden on Sunday night. pic.twitter.com/YEhg9wsQgW — Bernie Sanders (@BernieSanders) March 11, 2020
Et de fait, son concurrent ne court pas loin en tête. Avec 786 délégués contre 645 , le "centriste" n'a que 141 délégués d'avance. Et le vainqueur n'est désigné qu'à partir du moment où il en atteint 1991. Les deux septuagénaires vont donc se retrouver ce dimanche pour un débat dans l'Arizona qui sera scruté avec une attention toute particulière.
Il faudra que chacun fasse un pas vers l'autre
D'une part, par les Démocrates. Cette décision est en effet susceptible de mettre en colère l'establishment du parti à l'âne, qui réclame ouvertement la fin rapide de ce duel. Dans les rangs, ils sont nombreux à redouter que les idées, considérées comme très à gauche pour les Etats-Unis, de Bernie Sanders n'effraient en effet les électeurs. D'ailleurs, à l'exception d'Elizabeth Warren qui n'a pas fait connaître sa préférence, espérant décrocher une place sur un éventuel ticket avec Joe Biden, les anciens grands candidats se sont tous ralliés à Joe Biden.
Mais aussi par les fervents supporters des deux hommes. Comme le relève le professeur d'histoire à l'université de Princeton Julian Zelizer, il sera "crucial" que le socialiste mobilise sa base électorale derrière le candidat, tandis que le centriste devra faire "un geste" envers son adversaire s'il veut profiter de "l’enthousiasme" de l'électorat du sénateur du Vermont, particulièrement populaire chez les plus jeunes.
If Biden secures the nomination, he faces as much of a burden as Sanders. Yes, it will be vital for Sanders to mobilize his supporters behind the ticket. But Biden has to reach out to Sanders's energized movement. It will require a two-way effort to unite the ticket. — Julian Zelizer (@julianzelizer) March 11, 2020
C'est possiblement pour s'inscrire dans cette voie que l'ancien bras droit de Barack Obama a tendu la main à Bernie Sanders en remerciant le candidat et ses partisans "pour leur énergie infatigable et leur passion". "Nous avons le même but et ensemble, nous battrons Donald Trump", a lancé l'ancien vice-président américain. Une main que semble d'ores et déjà prendre son adversaire.
Il a appelé son "ami" à prendre en compte ses idées afin d'envisager un rassemblement pour battre le "dangereux" Donald Trump. Car il est là, le réel objectif, aussi bien pour les électeurs que pour les candidats. Pour battre ce "menteur pathologique, raciste, sexiste, homophobe, xénophobe, intégriste, qui doit absolument être vaincu", pour reprendre les mots du candidat, il faudra bien faire une alliance. Pour voir si, oui ou non, les septuagénaires feront un pas vers l'autre, reste donc attendre le débat organisé ce dimanche.